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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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funéraire des tumuli , s’étendait au nord des Alpes, entre les monts de
Bohême et le Harz, avec des prolongements au sud du Danube. On s’accorde
aujourd’hui pour affirmer que c’est à partir de cette région que les peuples
classés comme Celtes ont commencé leurs migrations, celles-ci étant
essentiellement dirigées vers l’ouest, et ce en plusieurs vagues successives,
peut-être dès la fin de l’Âge du Bronze, c’est-à-dire entre – 900 et – 700.
On doit retenir de ce fait que les Celtes, ou dits tels (certains les appellent
commodément « Proto-Celtes »), sont avant tout des terriens,
éleveurs, agriculteurs et artisans : s’ils se sont retrouvés ensuite sur
les franges atlantiques, ce n’est certainement pas parce qu’ils cherchaient le
voisinage de la mer, mais qu’ils furent contraints, pour des raisons encore
inconnues, à se réfugier dans les limites extrêmes de l’ancien monde.
    On pense que ce noyau primitif des Celtes résultait de
migrations antérieures de peuples indo-européens. Là encore, il faut s’entendre
sur ce terme : il ne peut désigner que des groupements humains parlant une
langue commune – du moins à l’origine – et possédant des techniques et des
structures sociales identiques. C’est la seule acception possible du terme, à
l’exclusion de toute autre qui ferait intervenir une notion de race. Une fois
installés dans le triangle Bohême-Autriche-Harz, les Celtes primitifs, soit
pour cause de surpopulation, soit parce qu’ils étaient menacés par d’autres
émigrants venus de l’est, se seraient alors lancés vers l’ouest afin de
découvrir de nouveaux territoires où s’établir. Le fait n’a rien d’exceptionnel
et concerna nombre de peuples au cours de l’histoire. Mais c’est ainsi qu’on
peut affirmer que tous les Celtes, aujourd’hui si bien enracinés en Europe
occidentale et extrême-occidentale, franchirent le Rhin avant de s’installer
dans les pays où l’histoire les a reconnus.
    Grâce à l’étude de la répartition des sites archéologiques
et de leur datation et eu égard aux repères toponymiques et à quelques rares
vestiges épigraphiques, on peut affirmer que le flux migratoire des Celtes en
Europe occidentale se produisit en deux périodes bien distinctes. La première,
chronologiquement, se situe à la charnière des Âges du Bronze et du Fer et
concerne un groupe de peuples qui parlaient une langue celtique encore proche
de l’indo-européen commun, langue qui, sous la forme de nombreux archaïsmes,
s’est survécue jusqu’à nos jours dans le gaélique d’Irlande, de Man et d’Écosse.
On a donné à ce groupe le nom de goidélique ou gaélique , ou encore de Celtes en Q parce qu’ils ont conservé, comme les Latins d’ailleurs, l’usage du son Q indo-européen primitif (par exemple, « cinq », du latin quinque , se dit coic en gaélique). Le
second flux migratoire intervint après l’an – 500, par vagues successives,
la dernière étant celle des Belges, au 1 er  siècle
avant notre ère. Ce groupe est appelé, non sans arbitraire, brittonique parce qu’il comprend, en plus des Gaulois et des Belges, les anciens Bretons
insulaires dont les descendants actuels sont les Gallois, les Cornouaillais et
les Bretons armoricains. Sur le plan linguistique, on qualifie ces peuples de Celtes en P , parce que leurs diverses composantes ont opéré,
comme les Grecs, la transformation du Q primitif indo-européen en son P ,
comme le montre le même exemple de « cinq » qui se dit pemp en gallois et breton, pente en
grec.
    Tels étaient les peuples, probablement de petites tribus
indépendantes les unes des autres, qui, au cours du premier millénaire avant
notre ère, envahirent l’Europe occidentale, y compris la plaine du Pô (Gaule
cisalpine) et le nord-ouest de la péninsule ibérique, sans parler des expéditions
qui, au cours du II e  siècle, aboutirent dans les
Balkans à la formation du royaume des Galates. Cependant, en Asie Mineure, ces
migrations doivent être ramenées à leurs justes proportions. Ces fameux Celtes,
quels qu’ils fussent, n’étaient pas nombreux : ils constituaient seulement
une élite guerrière, technique et intellectuelle. Or, les pays dans lesquels
ils se retrouvèrent étaient habités par des populations dont nous ignorons
tout, mais qui ne furent certainement pas anéanties par les nouveaux maîtres.
Bien au contraire : les Celtes avaient besoin de

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