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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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épicé.
    « Vous avez le philtre, dit Nydia ; laissez-moi le tenir dans mes mains ! Quelle petite fiole ! de quelle couleur est ce breuvage ?
    – Clair comme le cristal, répondit Julia en reprenant le philtre. Tu ne pourrais pas le distinguer d’avec de l’eau pure. La sorcière m’a assuré qu’il avait aucun goût. Quelque petite que soit la fiole, elle suffit pour une vie de fidélité : on la verse dans quelque autre liquide, et Glaucus ne saura ce qu’il a bu qu’en en ressentant l’effet.
    – Ce breuvage est donc exactement en apparence comme cette eau ?
    – Oui, limpide et sans couleur comme elle. Mais qu’il me paraît brillant à moi ! Je crois voir une essence de rosée recueillie au clair de lune. Lumineux breuvage, comme tu brilles sur mes espérances à travers ton vase de cristal !
    – Et comment est-il scellé ?
    – Par un petit bouchon du même métal… je viens de l’ôter… aucune odeur… C’est étrange, que ce qui n’affecte aucun sens puisse leur commander à tous…
    – L’effet est-il instantané ?
    – Ordinairement, mais parfois il se fait attendre quelques heures.
    – Oh ! quel doux parfum ! dit Nydia tout à coup, en prenant sur la table un petit flacon et en se penchant pour le respirer.
    – Trouves-tu ? reprit Julia ; ce flacon est entouré de pierres d’une certaine valeur. Tu as refusé hier mon bracelet… veux-tu accepter ce flacon ?
    – Ce sont de tels parfums qui peuvent seuls rappeler à une pauvre aveugle la généreuse Julia… Si le flacon n’est pas d’un prix trop élevé !…
    – Oh ! j’en ai encore deux plus riches et plus beaux ; prends-le, mon enfant. »
    Nydia s’inclina en signe de reconnaissance et plaça le flacon dans son sein.
    « Et le breuvage est efficace, ajouta-t-elle, quelle que soit la personne qui l’administre ?
    – Si la plus hideuse vieille qui soit sous le soleil en faisait le don, sa vertu est telle que Glaucus la regarderait comme la plus belle des créatures ! »
    Julia, échauffée par le vin et par la réaction qui s’était opérée dans son esprit, était pleine d’animation et de gaieté ; elle riait aux éclats en parlant de mille choses… et ce ne fut que bien avant dans la nuit, et presque au matin, qu’elle appela ses esclaves pour la déshabiller.
    Les esclaves parties, elle dit à Nydia :
    « Je ne veux pas que cette liqueur sacrée me quitte jusqu’à l’heure où j’en userai. Repose sous mon oreiller, brillante essence, et donne-moi d’heureux songes. »
    Elle plaça sa fiole sous son oreiller. Le cœur de Nydia battait vivement.
    « Pourquoi ne bois-tu que de l’eau pure, Nydia ? prends le vin à côté de toi.
    – J’ai un peu de fièvre, reprit l’aveugle, et l’eau me rafraîchit. Je veux placer cette carafe à côté de mon lit. C’est une excellente boisson que l’eau pour nous rafraîchir dans ces nuits d’été, lorsque le sommeil ne descend pas sur nos paupières. Belle Julia… je te quitterai demain matin de bonne heure… Ione me l’a recommandé… peut-être avant que tu sois éveillée… reçois de nouveau mes félicitations.
    – Merci : quand nous nous reverrons, tu trouveras sans doute Glaucus à mes pieds. »
    Elles allèrent se reposer, chacune sur son lit, et Julia, fatiguée de l’excitation de cette journée, s’endormit promptement. Mais la Thessalienne attentive roulait des pensées inquiètes et brûlantes dans son esprit. Elle écoutait la calme respiration de Julia, et son oreille, accoutumée à distinguer les plus légers bruits, comprit bientôt que sa compagne était plongée dans un profond sommeil.
    « Maintenant, que Vénus me soit en aide ! » dit-elle doucement.
    Elle se leva légèrement, répandit le parfum que lui avait donné la fille de Diomède sur le pavé de marbre, passa plusieurs fois de l’eau dans le flacon, puis, ayant trouvé aisément le lit de Julia (car la nuit était pour elle comme le jour), elle glissa sa tremblante main sous l’oreiller et saisit la fiole. Julia ne fit pas un mouvement, son haleine effleurait d’un souffle régulier les joues brûlantes de l’aveugle. Nydia, débouchant alors la fiole, en versa le contenu dans son flacon, sans en perdre une goutte ; remplissant ensuite la fiole avec l’eau que Julia lui avait assuré être semblable à la liqueur du philtre ; elle replaça cette fiole à la place où elle l’avait prise. Elle retourna alors se coucher et attendit…

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