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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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qu’elle ne serait pas du voyage dans cette fâcheuse compagnie.
    Elle retourna à la maison des bains, et attendit leur retour dans une chambre particulière de l’établissement. Les pensées qui assaillirent la sauvage enfant, tout le temps qu’elle resta ainsi, immobile, dans son obscurité naturelle, furent amères et nombreuses ; elle songea à sa propre destinée, loin de sa terre natale, loin des doux soins qui avaient autrefois adouci les chagrins de son enfance, passagers comme les nuages d’une matinée d’avril ; elle songea qu’elle était privée de la lumière du jour, n’ayant autour d’elle que des étrangers pour guider ses pas, frappée dans les plus doux sentiments de son cœur, aimant sans espoir, sans autre espoir du moins que le rayon qui avait traversé son esprit, lorsque son imagination thessalienne s’était informée de la puissance des charmes et des dons de la magie.
    La nature avait semé dans le cœur de cette pauvre fille des germes de vertu, qui n’étaient pas destinés à mûrir. Les leçons de l’adversité ne sont pas toujours salutaires ; quelquefois elles adoucissent et corrigent, quelquefois aussi elles gâtent et endurcissent l’âme. Lorsque nous nous voyons plus durement traités par le sort que les personnes qui sont autour de nous, et que nous ne trouvons pas dans nos actions les raisons de cette sévérité, nous ne sommes que trop portés à regarder le monde comme notre ennemi, à nous mettre en défiance vis-à-vis de tous, à nous révolter contre notre douceur naturelle, et à nous précipiter dans les plus sombres passions, si aisément excitées par le sentiment de l’injustice. Vendue comme esclave dès ses jeunes ans, condamnée à servir un maître sordide et d’un vil métier, ne changeant de situation que pour sentir par son amour un sort encore plus douloureux, Nydia avait vu les meilleurs sentiments dont son cœur était rempli se changer en amertume et en douleur. La conscience du juste et de l’injuste était pervertie par la passion qui s’était emparée d’elle ; et les émotions tragiques et fortes que nous rencontrons chez quelques femmes de l’antiquité, les Myrrha, les Médée, qui envahissaient, entraînaient une âme en proie à l’amour, grondaient et s’agitaient dans son cœur.
    Le temps passa : Nydia, plongée encore dans ses tristes méditations, entendit un léger pas qui pénétrait dans la chambre où elle était.
    « Ah ! remercions les dieux immortels, dit Julia, me voici de retour. J’ai quitté cette affreuse caverne. Viens, Nydia, partons au plus vite. »
    À peine furent-elles assises dans la litière, que Julia reprit ainsi d’une voix émue :
    « Oh ! quelle scène ! quelles terribles imprécations ! et la figure sépulcrale de cette sorcière !… mais ne parlons pas de cela. J’ai obtenu le breuvage… ses effets sont certains… ma rivale deviendra indifférente aux yeux de celui que j’aime, et seule, mais seule, je serai l’idole de Glaucus !
    – De Glaucus ? s’écria Nydia.
    – Ah ! je t’ai dit d’abord, enfant, que ce n’était pas l’Athénien que j’aimais ; mais maintenant, je puis me confier à toi… c’est lui, c’est le beau Grec que j’aime. »
    Quelles furent alors les émotions de Nydia ! Elle avait pris part, elle avait assisté à un acte qui devait enlever Glaucus à Ione, mais seulement pour transporter plus irrévocablement encore, par le pouvoir de la magie, ses affections à une autre. Son cœur s’oppressa au point qu’elle faillit être suffoquée ; elle pouvait à peine respirer. Grâce à l’obscurité de la voiture, Julia ne s’aperçut pas de l’agitation de sa compagne ; elle s’enivrait à l’idée du prochain effet de son philtre, du triomphe qu’elle obtiendrait sur Ione, en faisant de temps à autre quelques digressions sur l’horreur de la scène qui venait d’avoir lieu, sur l’immobile maintien d’Arbacès, et sur l’autorité que lui reconnaissait la terrible saga.
    Nydia eut le temps de recouvrer la plénitude de son esprit. Une pensée la frappa. Elle devait coucher dans la chambre de Julia. Elle pourrait s’emparer du philtre.
    Elles arrivèrent à la maison de Diomède, et rentrèrent dans l’appartement de Julia, où un repas du soir les attendait.
    « Bien, Nydia, tu dois avoir froid : l’air était gelé cette nuit ; pour moi, je suis glacée. »
    Et Julia buvait sans hésitations de fortes rasades de vin

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