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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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souvenait de ce qu’avait dit le baron Louis de Rothschild lorsqu’il lui avait donné l’adresse de Liwa : « C’est un homme étrange… Il posséderait le secret de l’immortalité… » Ce secret-là, toute âme humaine le possédait mais le fait que l’on eût enseveli les cendres du rabbin à cet endroit accréditait une autre légende, celle qui prétendait que Liwa était la réincarnation de Löw, le maître du Golem, dont il possédait les pouvoirs. Une légende sur laquelle Aldo avait longuement réfléchi durant les jours où il guérissait de sa blessure dans la demeure d’Ebenezer Meisel. Il y avait surtout ce dernier instant de conscience au moment où la balle l’avait atteint : Butterfield, l’assassin qui venait de l’abattre et avait tiré sur Liwa sans l’atteindre, avait poussé un cri terrifiant avant de s’écrouler sous quelque chose d’indéfinissable qui avait fait à Morosini l’impression d’un mur en marche. Quand on avait retrouvé son corps, on aurait dit qu’il était passé sous un rouleau compresseur. Ne chuchotait-on pas aussi qu’il y avait, dans le grenier de la synagogue Vieille-Nouvelle, un tas d’argile capable de reprendre forme à l’appel d’une formule secrète ?… Somme toute, c’était, en effet, chose normale que les deux rabbins fussent réunis dans cette sépulture puisque, peut-être, ils ne faisaient qu’un…
    Morosini choisit, dans les environs, une pierre blanche, ronde et polie comme un galet et la posa sur la stèle, se recueillit, salua de la tête et du buste puis quitta le cimetière sans se retourner. Il n’avait plus rien à faire à Prague d’où il emportait une déception sévère : il avait tant compté sur les étonnants pouvoirs du vieux rabbin ! Sans cette aide puissante, la quête des « sorts sacrés » devenait beaucoup plus aléatoire. Deux heures plus tard, il prenait le train pour Vienne où passerait le lendemain l’Orient-Express qui le conduirait à Istanbul.
    Il avait toujours aimé Vienne et singulièrement l’hôtel Sacher dont la patronne, la vieille M me  Sacher, lui réservait toujours un accueil presque affectueux. En outre, la grand-mère de Lisa, la comtesse von Adlerstein, y possédait un palais dans la Himmelpfortgasse et il savait qu’elle l’aimait bien. Un sentiment qu’il rendait de tout son cœur à cette fière vieille dame dont la conquête n’avait pas été des plus faciles. Aussi en débarquant à la gare sa première pensée fut-elle d’aller l’embrasser, pourtant il y renonça. Non sans regrets mais il connaissait trop sa clairvoyance : se présenter à elle comme en voyage d’affaires en lui portant les tendresses de Lisa restée à Venise était proprement impensable : la grand-mère le percerait à jour au premier regard. Il savait qu’il n’avait pas la mine d’un jeune marié heureux. Valérie von Adlerstein aurait tôt fait de le passer à la question jusqu’à ce qu’il lâche son paquet de souffrance et, à aucun prix, il ne voulait troubler sa sérénité. Il se fit donc conduire à l’hôtel sachant bien que M me  Sacher, la discrétion même, se ferait découper les doigts en rondelles plutôt que d’avouer sa présence chez elle, s’il lui disait que personne ne devait le savoir à Vienne. Il en serait quitte pour ne pas bouger de sa chambre avant l’heure du train…
    Grâce à sa vieille amie, ce fut moins pénible qu’il ne le craignait. Les repas qu’elle lui fit monter avec des journaux et des revues étaient autant de petits chefs-d’œuvre ; elle vint en personne lui tenir compagnie et il eut, par elle, un aperçu complet des faits et gestes de la bonne société viennoise. Il sut ainsi que M me  von Adlerstein était toujours à Rudolfskrone, sa propriété de Bad Ischl et que le baron de Rothschild était en Angleterre. Elle marqua aussi son étonnement de la disparition totale du « baron Palmer » mais Morosini se garda bien de lui faire connaître la fin dramatique du Boiteux que lui connaissait sous le nom de Simon Aronov sans savoir au juste d’ailleurs si c’était son véritable nom. Une seule alerte mais de taille : au moment où Aldo se disposait à quitter l’hôtel pour rejoindre la Kaiserin Élizabeth Bahnhof, Fritz von Apfelgrüne, le cousin et ancien soupirant de Lisa, fit son apparition et Morosini eut juste le temps de se jeter derrière un grand palmier en pot pour éviter de se trouver nez à nez avec ce

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