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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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français :
    — Mon Dieu ! Mais dans quel état !… Est-ce ainsi que l’on traite ici un homme simplement soupçonné ?
    La voix, la colère, la langue, tout appartenait à Vidal-Pellicorne et Aldo, envahi d’une joie qu’il n’espérait plus ressentir, faillit s’évanouir pour la première fois de sa vie. Adalbert s’était précipité vers lui pour le faire asseoir dans le fauteuil de cuir fatigué du petit homme qui regardait la scène d’un air gêné. Cependant Adalbert continuait :
    — Faites apporter du café, bon sang ! Avec un ou deux de vos sacrés gâteaux sucrés ! Il tient à peine debout Rassure-toi, je viens te chercher, ajouta-t-il pour Aldo qui aussitôt voulut se relever :
    — Alors, allons-nous-en ! Allons-nous-en tout de suite ! Je ne veux rien de ces gens-là !
    — Sois raisonnable ! Un café chaud te fera du bien. Ensuite je te ramène à l’hôtel !
    — Mais comment as-tu fait ? Est-ce qu’on a trouvé le vrai meurtrier ?
    — Oui… non…, je m’en fous !…
    — Alors comment ?…
    — Je te raconterai…
    Le café arrivait au galop. Sans même lui laisser le temps de reposer son marc, Aldo qui aurait mangé des pierres en avala trois minuscules tasses et se sentit un peu mieux. Pendant ce temps, un officier était entré et avait parlé à voix basse au directeur. Après quoi il s’approcha de Morosini :
    — J’ai à vous offrir, monsieur, les excuses de mon gouvernement. Le Ghazi refuse que se poursuivent, même loin d’Ankara, les méthodes arbitraires de l’ancien régime. Il a lui-même fait diligenter une enquête au sujet de la mort de cette femme. Enquête dont il est ressorti que vous êtes innocent. Vous êtes donc libre et une voiture vous attend dans la cour pour vous ramener à votre hôtel.
    — Ma gratitude est acquise à Son Excellence le Ghazi, répondit Aldo en se levant. Puis-je espérer avoir le privilège de lui en offrir moi-même l’expression s’il veut bien m’accorder audience ?
    — Il est déjà reparti pour Ankara et vous n’en aurez pas le temps. En effet, s’il a voulu intervenir dans ce qui était un abus de pouvoir, il ne souhaite pas que vous séjourniez plus longtemps dans notre pays. Dès que vous serez un peu remis, vous pourrez repartir. L’Orient-Express part demain.
    On ne pouvait être plus clair. Morosini, sauvé, n’en était pas moins indésirable et le délai imparti était même clairement indiqué. Trop heureux de s’en tirer à si bon compte, il se garda bien de discuter. Au surplus, il n’avait plus aucune raison de s’attarder.
    Une heure plus tard, ayant regagné le Pera Palace par la porte de service, il trempait dans cette baignoire d’eau chaude qui hantait ses rêves de prisonnier en fumant voluptueusement une cigarette tandis qu’Adalbert, assis sur un tabouret, fumait un cigare en lui racontant ce qui s’était passé :
    — Contrairement à ce que nous espérions, miss Dawson n’a pas obtenu ce qu’elle désirait. Son ambassadeur, après l’avoir fait lanterner quarante-huit heures – c’est ce qui nous a retardés –, lui a signifié qu’il ne désirait pas se mêler de son affaire de poterie. Il lui a conseillé de rentrer à Londres et d’y attendre des circonstances plus favorables qui ne manqueraient pas de se produire dans quelque temps. Il lui a même promis d’y veiller en personne. Nous sommes donc rentrés, déçus comme tu penses, et c’est le directeur de l’hôtel qui nous a appris ton arrestation. Je n’ai pas eu de peine à comprendre de quoi l’on t’accusait et j’ai remué ciel et terre mais je me suis heurté partout à une incroyable mauvaise volonté. Personne, consuls y compris, ne voulait se mêler de cette histoire et je venais de décider de repartir pour Ankara, en vertu de la vieille maxime qui dit que mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints, d’y obtenir par tous les moyens une audience d’Atatürk lorsque ce brave homme d’Abeddine, notre directeur, est venu me voir dans ma chambre. Il était, avec Hilary, le seul ami qui me restât et il venait me donner un précieux tuyau si je voulais voir le Ghazi en personne, je n’avais qu’à essayer de me faire introduire dans l’appartement 101…
    — Ici ? À l’hôtel ?
    — Oui. Il y a ses habitudes depuis longtemps quand il vient à Istanbul…
    — Je croyais qu’il logeait au palais de Dolmabahce, sur le Bosphore ?
    — Officiellement, oui, et il

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