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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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joué. On y sera tout juste après le thé demain. Impossible de filer à l’anglaise…
    Adalbert haussa des épaules outrées :
    — C’est d’un goût ! Je te dis, moi, que tout se passera très bien. On se donnera rendez-vous à Paris ou à Londres et voilà tout. Hilary comprendra certainement. C’est la fille la plus discrète que je connaisse…
    C’était peut-être la plus discrète – et encore ! – mais c’était sûrement la plus peureuse. Quand, au wagon-restaurant, Adalbert aborda le sujet, elle se figea, une huître à la main, tandis que ses grands yeux bleus s’emplissaient à la fois de crainte et de larmes. Morosini, qui s’y attendait un peu, se demanda en quoi pouvait bien consister le fameux flegme britannique. Chez elle, en tout cas, c’était une vertu inconnue :
    — Vous voulez m’abandonner ? émit-elle d’une petite voix étranglée.
    — Il n’est pas question de vous abandonner, Hilary. Simplement nous nous quitterons à Belgrade pour régler une affaire importante tandis que vous continuerez jusqu’à Paris où vous n’aurez qu’à nous attendre, à moins que vous ne préfériez rentrer à Londres où j’irai vous rejoindre ?
    — Vous voulez que je reste seule dans ce train ?… Oh, Adalbert je ne pourrai jamais…
    — Vous y étiez pourtant bien seule quand vous êtes partie pour Istanbul ? Personne ne vous avait dit que vous rencontreriez Adalbert, explosa Morosini.
    Elle tourna vers Aldo la batterie indignée de son regard :
    — Ce n’est pas pareil ! J’étais alors une voyageuse comme les autres, perdue dans la masse. Personne ne me connaissait… À présent c’est tellement différent !
    — Je ne vois pas en quoi ?
    — Oubliez-vous déjà comment nous venons de quitter Istanbul ? Chassés pour ainsi dire et surveillés par la police. Qui vous dit que quelque chose ne se trame pas contre nous dans ce train même ?
    — Il n’y a aucune raison. Les autorités se sont assurées que nous partions comme elles le souhaitaient. Tout s’arrête là !
    — J’ai peur que vous ne soyez un incurable optimiste, mon ami. Et, d’abord, pourquoi voulez-vous descendre à Belgrade ?
    — On vous l’a dit, grogna Morosini. Une affaire à régler.
    — Eh bien, c’est tout simple : nous descendons tous les trois, vous réglez votre affaire et nous reprenons le train suivant…
    — Non, ce n’est pas si simple : nous ne resterons pas à Belgrade.
    — Voilà qui m’est égal du moment que je reste avec vous. Où que vous alliez, j’irai…
    — Mais ça peut être dangereux, émit Morosini qui pensait à sa page de carnet arrachée.
    — Aucune importance ! Affronté à trois, le plus grand danger est très vivable ! Oh, Adalbert, vous n’allez pas me laisser toute seule après m’avoir promis de ne jamais m’abandonner quand je serais en difficultés !
    Tout en faisant disparaître son châteaubriant sauce béarnaise, Morosini maudit le côté Don Quichotte de son ami. La cause d’Hilary était gagnée d’avance : il suffisait de voir l’air penché d’Adalbert et sa mine attendrie. Encore une minute de « lamento » et il pleurait avec elle…
    — Il y a un moyen simple de trancher la question, fit-il. Je descends seul à Belgrade et vous continuez tous les deux…
    La réaction d’Adalbert fut immédiate et presque violente :
    — Pas question ! Dès que je te laisse seul, il t’arrive les pires catastrophes. Hilary, je vous en prie, soyez raisonnable !
    — Je n’ai jamais été raisonnable ! fit-elle butée. Et je ne veux pas vous perdre !
    C’était presque une déclaration d’amour. Morosini eut beau susurrer que la meilleure manière de perdre un homme était sans doute de s’accrocher à ses basques, l’Honorable Hilary Dawson le foudroya d’un regard tellement olympien qu’il abandonna la partie en pensant que, peut-être, plus elle serait collante et plus vite Adalbert en aurait assez :
    — Emmenons-la ! soupira-t-il. Si nous rencontrons un vampire il s’intéressera peut-être en premier à son jeune sang plutôt qu’aux nôtres qui ont nettement plus de bouteille !
    Et là-dessus, il classa le sujet, alluma une cigarette et prit un plaisir pervers à écouter Adalbert fabriquer une histoire « à ne pas raconter la nuit », tirant davantage sa substance du livre de Bram Stoker que de la vérité historique. Pas question de parler des émeraudes à cette touche-à-tout ! Il eut

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