Les Fils de France
par une consommation avérée.
CHAPITRE I
Notre histoire commence à l’automne 1535, dans un moment de crispation politique et religieuse. Au mois d’octobre, en effet, l’affaire dite « des Placards » (voir note 2) a choqué le roi et, avec lui, la majeure partie de ses sujets.
La machination ourdie par le grand amiral contre la grande sénéchale, avec la complicité de Gautier de Coisay, est une invention de ma part. Mais elle reprend et synthétise plusieurs intrigues attribuées par la chronique aux agissements douteux de Philippe Chabot de Brion.
2. L’on sait aujourd’hui que ce Petit traité de la sainte Eucharistie était l’œuvre d’Antoine Marcourt, pasteur à Neuchâtel – un proche de Guillaume Farel connu pour son jusqu’au-boutisme. C’est lui, déjà, qui avait rédigé les Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la Messe papale , dont l’affiche, placardée par toute la France et jusque chez le roi, devait tant contribuer à infléchir la politique religieuse de François I er dans le sens d’une fermeté soudaine. En jouant ainsi la provocation, Marcourt et les intransigeants de la Réforme voulaient anéantir les efforts accomplis par la sœur du monarque et son entourage, en vue d’une « réforme douce » et modérée au sein de l’Église de France. Ils furent exaucés au-delà de toute attente...
3. Dans la plupart des demeures royales, la maîtresse en titre disposait de ses propres appartements. Mais à Paris, la tradition voulait que le monarque se gardât – déjà – du qu’en-dira-t-on... Aussi la duchesse d’Étampes possédait-elle, dans la capitale, deux hôtels distincts, quoique très proches, des résidences de son royal amant : un petit logis rue de l’Hirondelle et cet hôtel superbe du quartier Saint-Antoine.
4. Disciple de Martin Luther, Philippe Melanchthon, de son vrai nom Philip Schwartzerd, était connu d’abord comme auteur de la Confession d’Augsbourg , présentée en 1530 devant la diète de cette ville, et qui demeure la plus importante des professions de foi protestantes. Invité par le roi, dans l’été 1535, à venir présenter ses avis à Paris, il se vit alors retenir en Saxe par le prince-électeur Jean-Frédéric. Melanchthon, dans ces années 1530, aura incarné l’espoir de tous ceux qui, derrière Marguerite de Navarre, plaidaient en France pour la « conciliation religieuse ».
5. Les moines de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Martin-des-Champs, de Saint-Magloire, portaient les châsses de leurs saints respectifs ; les reliques de Sainte-Geneviève et de Saint-Marcel étaient portées par le clergé parisien, et précédaient celles du Trésor de la Sainte-Chapelle, censées provenir de la Passion : la couronne d’épines, l’éponge et la lance.
6. La reine Éléonore de Habsbourg avait, en premières noces, épousé le vieux roi Manuel I er de Portugal, dit le Fortuné. Mais son mari étant mort assez vite, elle n’était restée sur ce trône qu’un peu moins de deux années, de 1519 à 1521.
7. Mort le 25 septembre 1534, le pape Clément VII avait été remplacé très vite, sur le trône de Saint-Pierre, par le cardinal romain Alexandre Farnèse, plutôt favorable à la France. Élu le 13 octobre de la même année, le nouveau pontife choisit de régner sous le nom de Paul III.
8. Les trois vaisseaux du deuxième voyage de Cartier jaugeaient respectivement cent vingt, soixante et quarante tonneaux. Ils emportaient cent vingt marins, quarante arquebusiers, dix maîtres de mer, six ouvriers, deux apothicaires, trois barbiers et un médecin, ainsi que des vivres pour quinze mois.
CHAPITRE II
Sa proximité avec l’Italie faisait alors de la capitale des Gaules le siège de la Cour en période de guerre. Pour autant, il est assez difficile de rétablir une topographie précise des différentes implantations royales entre Rhône et Saône, dans ces années 1530.
Il n’est guère plus aisé de cerner précisément la personnalité du noble ferrarais Sébastien de Montecucculi. Dans son brillant roman Myrelingue la Brumeuse , l’érudit lyonnais Claude Le Marguet en avait brossé jadis un portrait truculent, dont je ne me suis inspiré qu’avec prudence.
9. François I er avait fait son emblème de cet animal mythique, réputé insensible au feu. On le trouvait, sous son règne, représenté un peu partout, et utilisé à tout propos avec la devise :
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