Les Fils de France

NOTICE
    La régente Louise de Savoie avait mis deux souverains au monde : un roi de France, François I er  ; une reine de Navarre, Marguerite. De la triade qu’elle formait avec eux, et qui, durant quinze années, dirigea la France, elle était sans conteste le pôle dominant. C’est dire si sa mort, en septembre 1531, ébranle la monarchie. Son vieux complice Duprat, cardinal-chancelier, ne possède plus alors l’énergie nécessaire à la conduite de l’État ; quant à la jeune garde qui, rescapée de Pavie, entoure à présent le monarque, elle n’a, de la défunte « Madame », ni l’expérience ni la sagesse.
    Deux factions vont désormais se partager les grâces de François et l’amitié de ses fils, depuis peu libérés des geôles espagnoles. La première, autour de la sœur du roi et du dauphin François, s’appuie sur la favorite en titre, Anne de Pisseleu, bientôt duchesse d’Étampes, et choisit pour champion le grand amiral de France, Philippe Chabot de Brion ; ouverte aux idées évangéliques, elle use de son crédit auprès du roi pour relancer la guerre contre Charles Quint. En face, un cercle plus fidèle aux idées de Louise unit notamment, autour de la reine Éléonore et du prince cadet Henri, le maréchal de Montmorency, grand maître de France, et la fameuse Diane de Poitiers, veuve du grand sénéchal ; fermement catholiques, ceux-là se dépensent pour maintenir la paix avec l’Empire.
    Autant dire que désormais, toute politique se définit par rapport à Charles Quint, couronné par le pape en février 1530. Chef d’un empire quasi planétaire et qui, rien qu’en Europe, coiffe près d’un peuple sur deux, défenseur désigné du catholicisme, le jeune empereur n’est pourtant pas exempt de faiblesses : son domaine morcelé, tiraillé, subit de plein fouet, surtout en pays germaniques, la contestation luthérienne. Aussi les princes allemands, devenus « protestants », rejoindront-ils, un à un, l’orbite française, tandis que le roi d’Angleterre, en conflit ouvert avec la papauté, s’éloignera sans retour de son ancien allié.
    Le terrain religieux, où se joue dès lors le sort de l’Europe, se révèle des plus mouvants. Né d’une réaction spontanée aux abus du clergé et au trafic des Indulgences 1 , le combat de Luther converge avec l’ambition évangélique d’un retour aux textes sacrés ; mais il ira se radicalisant, jusqu’au schisme. Et le premier contre-feu viendra non pas de Rome mais de Paris, où la faculté de théologie – la célèbre Sorbonne – se veut le fer de lance d’une orthodoxie fermée à tout renouvellement.
    Incomparable époque où les esprits, bousculés dans leurs repères essentiels, sont confrontés par ailleurs à des remises en question incessantes, affectant l’idée que l’on se fait de l’anatomie, du globe terrestre, de l’univers lui-même...

    Quand commence vraiment notre histoire, au tournant de l’année 1535, François I er vient d’achever un long périple de deux ans à travers son royaume. La France, depuis peu augmentée de la Bretagne, n’a pas su conclure d’alliance efficace avec l’Angleterre ; mais elle s’est beaucoup rapprochée des princes allemands. Montmorency bénéficie d’un avantage fragile sur son rival, Chabot de Brion. Et d’autant plus que le roi, après avoir hésité longtemps au sujet de l’évangélisme, si cher à sa sœur, a fini par durcir sa position religieuse à la suite d’une grave provocation des réformés français : la tonitruante – et cependant nébuleuse – « affaire des Placards ».

LES PERSONNAGES
    — François I er , fils de la régente Louise de Savoie, roi depuis 1515 (né en 1494).
    — Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint, seconde épouse de François I er depuis 1530, reine de France (née en 1498).
    — Marguerite d’Angoulême, sœur de François I er , remariée en 1527 au roi de Navarre Henri d’Albret, reine de Navarre (née en 1492).
    — Henri d’Albret, roi de Navarre (né en 1503).
    — Jeanne d’Albret, fille des précédents, infante de Navarre (née en 1528).

    Les Fils de France :
    — François, fils de François I er et de la reine Claude de France, dauphin de Viennois et duc de Bretagne (né en 1518).
    — Henri, frère du précédent, duc d’Orléans puis dauphin de Viennois et duc de Bretagne (né en 1519).
    — Charles, frère des précédents, duc d’Angoulême puis d’Orléans (né en