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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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n’était sûrement plus le séraphin qui avait embrasé, jadis, le cœur de Françoise de Longwy ; mais le cavalier mûri, épanoui qu’Anne recevait dans son Éden, n’avait rien à envier au damoiseau d’hier.
    — C’est curieux, comme vos bottes se plaisent dans mes jupes.
    Et sans lui donner le temps de se dégager, elle glissa l’étoffe fragile, vaporeuse, entre les cuissardes de cuir épais, ciré – malpropre. Elle fit crisser, tout doucement, le tissu qui ne résista guère, et se rompit assez pour laisser apparaître des cuisses nacrées, très douces.
    — Non...
    — Oh, si ! Voyez comme tout cela s’accorde !
    L’écuyer, après un mouvement de gêne, éprouva du plaisir à profaner la soie délicate.
    — Et mes agrafes, qui courent après vos lacets !
    D’un mouvement provocant de la poitrine, elle avait emprisonné deux topazes dans les attaches du pourpoint, et jouait avec ; et tournait ; crochetait... Lui, croyant lui plaire, se mit à défaire un premier nœud ; elle lui prit la main pour qu’il cessât.
    — Chhh... Laissez-moi faire.
    Alors avec la bouche, avec la langue, avec les dents, elle tira férocement sur les sangles, les cordons, les aiguillettes qui retenaient ce costume un peu trop ajusté ; le tissu se mit à bâiller par endroits, révélant des éclats d’une peau cuivrée, souple ; elle y glissa le nez, respira, respira jusqu’à s’en soûler l’odeur du corps de Gautier. Lui, fut surpris par tant de liberté. Il avait le visage dans le décolleté soyeux d’Anne, se repaissant à l’infini de la douceur de ses seins.
    — Tète-moi, dit-elle.
    Il obéit, le cœur battant. Et se laissa guider encore... Il la suivit ce soir-là, hors du temps, dans tous les désirs étranges qui paraissaient couler en elle d’une source sensuelle – désirs rares autant qu’évidents. Et lorsque, le disque solaire ayant sombré derrière les arbres, elle lui proposa de rentrer plus au chaud, il sut sans l’ombre d’un doute qu’elle allait, devant le feu crépitant, lui proposer d’autres découvertes. Et d’autres... Et d’autres...

Château de Fontainebleau.
    L e 19 janvier 1544, « à l’heure où le soleil était encore sur l’horizon », cent un coups de canon annoncèrent à la Cour et au monde que Madame Catherine, dauphine de Viennois, venait de donner le jour à un fils ! Ainsi donc, après dix années de prières, d’attentes, de veilles, d’efforts, de regrets et d’infini désespoir, après dix années d’une stérilité vécue comme le plus douloureux calvaire, la « fille de banquiers », la « nièce d’un pape mort », faisait taire, enfin, la méchanceté. Enfin, elle donnait un prince à la France, et à la dynastie l’héritier nécessaire à sa perpétuation. Enfin, elle allait oser regarder bien en face ce beau-père qu’elle aimait tant, qui l’avait soutenue aux heures les pires, et dont elle s’empresserait de donner à son enfant le prénom. François 2 de France, fils du dauphin Henri, petit-fils du roi François, était né.
    Les astrologues du pape, dûment consultés, allaient prédire que ce fils aurait les meilleures relations avec l’Église et qu’il serait vigoureux – en quoi ils se trompaient gravement, hélas ! Le roi lui-même voulut examiner les matières sorties avec l’enfant et, feignant la plus grande habitude de ces choses, déclara qu’il aurait de nombreux frères et sœurs – ce qui, en revanche, se révéla très vrai.
    Si cette naissance inespérée combla Catherine, évidemment, elle lui apporta de surcroît la joie profonde de voir son mari changer d’attitude à son égard. Sans doute ne devint-il pas amoureux : il avait, à vie, donné son cœur à une autre. Mais du moins, à compter de ce grand jour, se montra-t-il plus complice, plus proche, plus aimable et – finalement – plus aimant envers celle qui était la mère de son fils, et deviendrait bientôt celle de tous ses enfants. Et pour la jeune femme, ce fut sans doute la plus heureuse conséquence de l’événement.

    Les réjouissances ordonnées pour la naissance du fils du dauphin dépassèrent, en ferveur autant qu’en splendeur, tout ce qu’on avait pu voir. Ce n’étaient partout que feux de joie, cavalcades, mômeries sans fin et sans limites... Les places publiques accueillirent des fontaines de vin, l’on fit des arches en massepain !
    À Fontainebleau, les amis du couple princier furent conviés à la plus

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