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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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que soit l’heure... »
    Il avait d’abord été la trouver à Saint-Maur-des-Fossés ; mais on lui avait indiqué là-bas que la duchesse, chaque jeudi, passait la nuit à Paris, chez elle...
    Le concierge, bougonnant, précéda l’intrus dans le dédale des corridors, jusqu’au grand vestibule.
    — Attendez-moi là, marmonna-t-il.
    Sur quoi il s’éclipsa par une souricière.
    Gautier se dit que l’occasion était trop belle d’aller surprendre au lit son amante. Enfilant l’escalier d’honneur, il grimpa jusqu’à l’étage noble, poussa la porte entrouverte de l’antichambre et, sur la pointe des pieds, approcha des quartiers de la favorite. C’est alors que, sur fond de roulements du tonnerre, certains halètements le figèrent sur place. Était-il possible que le roi eût accompagné sa maîtresse à Paris ? Bien sûr que non...
    — Quelle putain ! lâcha Gautier.
    Ces mots, sortant de sa bouche, lui avaient paru douloureux. La fureur le submergea. Tandis qu’au-dehors, le tonnerre frappait de nouveau tout près, le Picard se rua sur la porte qui céda sans résister ; il fit irruption dans la chambre au moment où de nouveaux éclairs l’illuminaient d’une lueur blafarde. Dans le miroitement de l’instant, Gautier aperçut un homme nu qui fuyait.
    — Beau courage ! lança-t-il, plein de fureur, en se plantant devant le lit.
    — Gautier ?
    Dans le regard de la duchesse, habituellement si beau, ce n’est pas vraiment de la surprise que lut cette fois Coisay, mais plutôt une forme de crainte imprécise, et qui le dégoûta. Il contourna la couche et s’approcha de la mangeuse d’hommes.
    — Gautier !
    Alors, sans égard, sans tendresse, sans harmonie aucune, l’écuyer prit la pauvre maîtresse ainsi, troussée, les jambes en l’air, au bord du lit. Sans vrai plaisir, forcément. Mais avec la satisfaction animale de la vengeance immédiate.

    Le courageux amant qui avait fui dans un éclair se nommait – Gautier ne devait l’apprendre que par la suite – Nicolas Bossut de Longueval.
    — Bossu ! se dit Gautier ; un vrai porte-bonheur.

Meaux, La Ferté-sous-Jouarre.
    C ’est avec naturel, sans se faire violence, que le dauphin Henri s’était coulé dans la peau d’un chef de guerre. Mais il restait conscient de sa relative inexpérience, et déplorait à chaque instant l’absence du grand Montmorency. Lui aurait su comment piéger l’ennemi, où l’amener, quand le surprendre... Lui aurait eu, d’instinct, l’intuition des décisions à arrêter. Seulement un concours indigne de cabales de cour avait eu raison de son génie ; le roi aimait mieux se priver du plus grand capitaine de son temps, qu’avoir à subir les plaintes incessantes de sa maîtresse et de son entourage... Dans les heures qui venaient, la France allait, peut-être, le payer cher.
    Charles Quint savait bien qu’il n’aurait pas, dans cette campagne, à redouter le sens tactique et stratégique du connétable ; et l’audace de ses positions le prouvait amplement. Engagé loin dans la vallée de la Marne, l’empereur avait cependant fini par trouver des Français sur son chemin ! On l’avait informé que l’armée postée là, entre Meaux et La Ferté-sous-Jouarre, était commandée par le jeune dauphin en personne. Et si cela n’avait pas empêché Sa Majesté Très Catholique de prier en paix, du moins cette concentration de troupes lui avait-elle donné à réfléchir : donc il ne fondrait pas sur Paris, et prendrait plutôt la tangente...
    — C’est curieux, avait alors confié le dauphin à Brissac, à Aumale – à tous ceux qui, fidèles, l’entouraient dans ce moment décisif – c’est curieux mais on dirait que l’empereur nous craint... Ou plutôt, qu’il ne dispose pas, face à nous, de la plénitude de ses moyens.
    C’était supérieurement juger. Car en vérité, Charles Quint était à bout de forces. Ses troupes, fatiguées, affamées, désunies, n’attendaient que la première occasion pour s’égailler. Surtout, elles n’étaient plus payées. On le savait à Saint-Maur, l’empereur ayant pris la peine de signaler à sa sœur, la triste reine Éléonore, qu’il n’aurait plus longtemps la force de s’opposer à une solution négociée. Mais on s’était bien gardé de répercuter la nouvelle à Meaux.
    — Je crois que cette armée est plus impressionnante que réellement dangereuse, n’en concluait pas moins Henri, de plus en plus pénétrant dans ses

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