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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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longuement sur son visage au point que William se demanda s’il s’était convenablement rasé. Puis il rota avant de déclarer :
    — Dîner avec le brigadier et le colonel St. Léger hier soir. Revenez cet après-midi. En attendant…
    Il se redressa lentement, grimaçant comme si le mouvement lui faisait mal au crâne, et pointa un doigt.
    — La tente du mess est par là.

3
    Amis
    Fort Ticonderoga, 22 juin 1777
    A ma grande surprise, je trouvai le capitaine Stebbings assis. Le teint blême, dégoulinant de sueur et oscillant légèrement comme un pendule mais assis. M. Dick papillonnait autour de lui avec la tendre anxiété d’une poule à qui il ne restait plus qu’un poussin.
    Je lui souris.
    — Je vois que vous vous sentez mieux, capitaine. Vous serez bientôt capable de gambader !
    — J’ai… marché, ânonna-t-il. J’ai… cru mourir.
    — Pardon ?
    — Il a marché  ! m’assura M. Dick. Accroché à mon bras, mais il a marché quand même !
    Il était partagé entre la fierté et la consternation.
    Je m’agenouillai et écoutai son cœur et ses poumons avec le stéthoscope en bois que Jamie m’avait confectionné. Il avait un pouls digne d’un bolide de course à huit cylindres. J’entendais beaucoup de gargouillis et de sifflements mais rien de particulièrement alarmant.
    — Félicitations, capitaine, dis-je en me relevant.
    Il avait toujours une mine affreuse mais sa respiration commençait à ralentir.
    — Vous ne mourrez probablement pas aujourd’hui. Qu’est-ce qui a provoqué en vous cet élan d’enthousiasme ?
    — Mon… maître d’équi… d’équipage.
    — Joe Ormiston, clarifia M. Dick. Son pied pue. Le capitaine a voulu le voir.
    — Le pied de M. Ormiston pue ?
    Cela déclencha toutes sortes de sonnettes d’alarme. Qu’une plaie dégage une odeur si forte qu’on la sent aux alentours ne présageait rien de bon. J’allais m’éloigner quand Stebbings me rattrapa par la jupe.
    — Soi… soignez-le.
    Il dévoila ses dents tachées dans un semblant de sourire.
    — C’est… un ordre. Madame.
    — A vos ordres, capitaine ! rétorquai-je.
    Je me dirigeai vers le bâtiment hospitalier où la majorité des malades et des blessés étaient hébergés.
    — Madame Fraser, que se passe-t-il ?
    Mme Raven venait de sortir de l’intendance. Elle était grande et mince, avec des cheveux bruns qui s’échappaient perpétuellement de son bonnet.
    — Je ne le sais pas encore, répondis-je sans m’arrêter. Mais ce pourrait être grave.
    — Oh ! fit-elle, en se retenant à grand-peine d’ajouter « Chouette ! ».
    Elle coinça son panier sous son bras et hâta le pas pour me rejoindre, déterminée à faire le bien.
    Les prisonniers britanniques invalides étaient logés avec les malades américains dans un long bâtiment en pierre éclairé par d’étroites fenêtres dépourvues de vitres. Il y régnait donc un froid glacial ou une chaleur étouffante selon le temps. En ce milieu d’après-midi, l’atmosphère était lourde et humide. En entrant, j’eus l’impression qu’on venait de me jeter au visage une serviette chaude et mouillée. Une serviette chaude, mouillée et sale .
    Je n’eus aucun mal à trouver M. Ormiston : il y avait un attroupement autour de son lit. Le lieutenant Stactoe en était (ce qui était mauvais signe), débattant avec le docteur Hunter (ce qui était plutôt rassurant), ainsi que deux de leurs confrères, chacun y allant de son opinion.
    Je n’eus pas besoin de regarder le patient pour savoir de quoi ils parlaient. L’état du pied de M. Ormiston avaitincontestablement empiré et ils avaient décidé l’amputation. La question était de savoir à quel niveau et qui s’en chargerait.
    Mme Raven resta légèrement en retrait, intimidée par les médecins.
    — Vous croyez vraiment que…
    Je ne l’écoutai pas. Certaines situations nécessitent qu’on y réfléchisse, celle-ci n’en faisait pas partie. Il fallait agir, et vite. Je pris une profonde inspiration et me frayai un passage entre les deux médecins de milice. J’adressai un sourire au jeune médecin quaker.
    — Bonjour, docteur Hunter.
    Afin de ne pas paraître grossière, j’ajoutai :
    — … lieutenant Stactoe.
    Je m’agenouillai près du malade, essuyai mes mains moites sur mes jupes et pris la sienne.
    — Comment vous sentez-vous, monsieur Ormiston ? Le capitaine Stebbings m’a demandé de m’occuper de votre pied.
    — Il a quoi  ?

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