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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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s’étrangla Stactoe. Franchement, madame Fraser, que croyez-vous pouvoir…
    — Merci, madame, l’interrompit M. Ormiston. Le capitaine m’a prévenu qu’il vous enverrait. Je disais justement à ces messieurs qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter pour moi, que j’étais sûr que vous sauriez quoi faire.
    Voilà qui a dû leur faire plaisir, pensai-je. Je serrai sa main. Son pouls était rapide et léger mais régulier. En revanche, sa peau était brûlante. Je ne fus pas surprise de voir les traînées rouges d’une septicémie partir de son pied broyé et remonter le long de sa jambe.
    Ils avaient ôté ses bandages. M. Dick avait dit vrai : il puait.
    — Oh mon Dieu ! souffla Mme Raven dans mon dos.
    La gangrène s’était installée. Comme si l’odeur et la nécrose des tissus ne suffisaient pas, ses orteils noircissaient déjà. Je ne pouvais même pas en vouloir au lieutenant Stactoe. Compte tenu de l’état du pied et des traitements disponibles, je n’aurais sans doute pas pu le sauver non plus.
    — Vous conviendrez ce me semble que l’amputation est inévitable, madame Fraser ? me dit Stactoe avec sarcasme. Qu’en dites-vous en tant que médecin du patient ?
    Il avait déjà préparé ses instruments sur une serviette. Ils étaient convenablement entretenus et propres mais pas stérilisés.
    — En effet. Je suis sincèrement navrée, monsieur Ormiston, mais il a raison. En outre, vous vous sentirez nettement mieux une fois votre pied parti. Madame Raven, pourriez-vous aller me chercher une casserole d’eau bouillante ?
    Je me tournai vers Denzell Hunter qui tenait l’autre main du patient, comptant ses pulsations.
    — Vous n’êtes pas d’accord, docteur Hunter ?
    — Si. Nous n’étions pas en désaccord sur la nécessité d’une amputation mais sur son degré. Pourquoi de l’eau bouillante, Amie… Fraser ?
    — Appelez-moi Claire. Pour stériliser les instruments et prévenir les infections post-opératoires. Enfin, dans la mesure du possible.
    Stactoe émit un bruit dédaigneux que je fis semblant de ne pas entendre, demandant plutôt à Hunter :
    — Que préconisez-vous, docteur ?
    — Denzell, me répondit-il avec un léger sourire. L’Ami Stactoe voudrait amputer sous le genou…
    — Absolument ! s’exclama le lieutenant. Je voudrais préserver l’articulation du genou et il n’y a aucune raison de couper plus haut !
    — Je suis plutôt d’accord avec lui, admis-je. Pas vous ?
    Denzell Hunter repoussa ses lunettes plus haut sur son nez.
    — Nous devons pratiquer une amputation au milieu du fémur. Cet homme souffre d’un anévrisme poplité. Cela signifie…
    — Oui, je sais ce que c’est.
    J’étais déjà en train de palper la partie postérieure du genou. M. Ormiston se mit à glousser de rire puis s’interrompit brusquement, le rouge aux joues. Je lui souris.
    — Désolée, monsieur Ormiston. Je ne vous chatouillerai plus.
    Je n’en avais plus besoin. L’anévrisme était indubitable ; je sentais ses pulsations au bout de mes doigts. Il formait une grosse boule dure juste dans le creux du genou. Il devait y être depuis un bon moment déjà ; il était incroyable qu’il n’ait paséclaté au cours de la bataille navale ou lors du pénible portage jusqu’à Ticonderoga. Dans un bloc opératoire moderne, il aurait sans doute été possible de le soigner et de pratiquer l’amputation plus bas mais… pas ici.
    — Vous avez raison, Ami Denzell. Dès que Mme Raven sera revenue avec l’eau bouillante, nous pourrons…
    Les hommes ne m’écoutaient pas, étant tous en train de fixer un point derrière moi. Je me retournai et vis Guinea Dick, vêtu d’un simple pagne en raison de la chaleur et ruisselant de sueur, tous ses tatouages exhibés. Il se dirigeait vers nous en tenant cérémonieusement une bouteille en verre noir.
    — Le cap’taine t’envoie du grog, Joe, annonça-t-il à M. Ormiston.
    — Ah ! Que Dieu bénisse notre bon vieux capitaine ! s’exclama M. Ormiston.
    Il prit la bouteille, la déboucha avec les dents et but au goulot avec une application déterminée.
    Un bruit d’éclaboussures nous annonça le retour de Mme Raven. Une bouilloire était suspendue au-dessus de pratiquement tous les feux si bien qu’il n’était pas difficile de se procurer de l’eau bouillante. Elle avait également pensé – louée soit-elle ! – à apporter un seau d’eau froide pour que je puisse me laver les mains sans

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