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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Renée de Rieux, il l’offrit en mariage à François de Luxembourg, qui avait jadis courtisé Louise de Lorraine, et lui dit :
    — Mon cousin, j’ai épousé votre maîtresse ; je veux, en contre échange, que vous épousiez la mienne.
    Un peu interloqué, Luxembourg demanda à réfléchir ! Mais Henri III insista tellement que le malheureux, affolé, se sauva, bride abattue, dans son pays…
    Tout indiquait que ce mariage n’avait été qu’une mascarade ; d’ailleurs le roi, à qui le souvenir de Marie de Clèves rendait les femmes insupportables, se « désintéressait du sexe » et recherchait ostensiblement son plaisir ailleurs.
    C’est alors que les favoris, dont il aimait s’entourer, prirent dans sa vie une si grande place.
     
    Beaux, querelleurs, nerveux, spirituels, méchants, superficiels, ils étalaient un luxe scandaleux, se paraient comme des demoiselles et se promenaient dans les rues avec un vaniteux trémoussement de l’arrière-train qui écœurait les braves gens, peu habitués à voir des hommes mettre leur orgueil de ce côté-là…
    — Regardez-les, ces mignons , s’écriait le menu peuple avec mépris.
    Le nom leur resta.
    Je sais bien que quelques modernes défenseurs de Henri III ont essayé de nous faire croire qu’il s’agissait là de simples serviteurs particulièrement dévoués au roi…
    Il me suffira de citer le texte d’un contemporain, Pierre de l’Estoile, pour prouver que ces historiens sont trop candides ou cherchent à nous abuser…
    « Ce nom de mignon , dit notre chroniqueur, commença en ce temps-là à trotter par la bouche du peuple, auquel ils estoient fort odieux, tant pour leurs façons de faire, qui estoient badines et hautaines, que pour leurs fards et accoutrements efféminés et impudiques, mais surtout pour les dons immenses et libéralités que leur faisoit le roy, que le peuple avoit opinion d’être la cause de leur ruine. Ces beaux mignons portoient leurs cheveux longuets, frisés et refrisés par artifices, remontant par-dessus leurs petits bonnets de velours, comme font les putains du bordeau, et leurs fraises de chemises de toiles d’atour empesées et longues d’un demi-pied, de façon qu’à voir leur tête au-dessus de leur fraise, il sembloit que ce fût le chef de saint Jean dans un plat. Le reste de leur habillement fait de même ; leurs exercices estoient de jouer, blasphémer, sauter, danser, volter, quereller et paillarder, et suivre le roy partout et en toutes compagnies, ne rien faire, ne rien dire que pour lui plaire ; peu soucieux, en effet, de Dieu et de la vertu, se contentant d’être en bonne grâce de leur maître qu’ils craignoient et honoroient plus que Dieu. Ce qui donna sujet au poème suivant, qui fut semé en ce temps à Paris et divulgué partout :
     
    C’est assez chanté de l’amour
    Il faut qu’une nouvelle corde,
    D’un luth plus piquant, nous accorde
    Les indignités de la Cour.
     
    Ces beaux mignons prodiguement
    Se vautrent dedans leurs délices.
    Et peut-être dedans tels vices,
    Qu’on ne peut dire honnêtement.
    On ne peut guère être plus clair…
     
    Naturellement, ces éphèbes poudrés, efféminés et jacassants eurent bientôt sur le pauvre roi complètement désaxé une influence considérable.
    Tout d’abord, ils poussèrent Henri III à créer un ensemble de rites burlesques, destinés à transformer sa journée en une sorte de comédie-ballet où chacun avait un rôle précis.
    Ils jouèrent ainsi à « vivre chez un grand monarque », comme les petites filles jouent à la « dame en visite » en respectant certaines conventions puériles.
    On décida que le lever du roi, son coucher, ses repas, sa toilette, ses promenades s’accompagneraient d’un cérémonial compliqué, « et l’on emprunta, nous dit Lénient, aux traditions du Bas-Empire, conservées dans les cours des principicules italiens, tout un programme de solennités ridicules », dont aucun roi de France n’avait jamais eu l’idée.
    Tout ceci n’était que prétexte à pitreries équivoques. Traitant le roi comme une courtisane, ses mignons venaient avec des courbettes lui enfiler ses bas, lui passer sa chemise, ajuster son pourpoint, enduire son visage de crème pour la nuit, lui mettre des gants graissés à l’huile d’amandes pour adoucir ses mains, le farder, lui dessiner ses sourcils d’un coup de crayon habile et lui lacer sa culotte…
    Ces amusettes d’invertis donnèrent

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