Les grandes dames de la Renaissance
Saint-Barthélémy, Charles IX demeura longtemps abattu et prostré. Au contraire, Catherine de Médicis ne manifesta aucun remords. Il est vrai qu’elle n’avait pris qu’une faible part au massacre et ne se « reprochoit, écrit-elle, que la tuerie de six personnes »…
Calme, détendue, elle paraissait même assez satisfaite de la nuit du 24 août. Un fait nous le prouve. D’après d’Aubigné et Brantôme, elle fit, en effet, embaumer la tête de l’amiral de Coligny et l’envoya au pape qui dut être surpris en ouvrant le paquet…
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Un chagrin d’amour détourne Henri III des femmes
Les amours étranges dont sont pleines
les élégies des poètes anciens et
qui nous surprenaient tant sont
donc vraisemblables et possibles…
Théophile Gautier
Un mois après la Saint-Barthélemy, comme rien n’avait pu tirer Charles IX de son « ennui », Catherine de Médicis jugea nécessaire de faire venir Marie Touchet à Paris. L’Orléanaise, qui avait gentiment pardonné le massacre de ses coreligionnaires, s’installa rue Saint-Honoré, dans une petite maison avec jardin où Charles vint passer de calmes après-midi, s’efforçant d’oublier, pour un moment, son cauchemar…
Hélas ! des fantômes sanglants l’attendaient chaque soir au palais. Pour échapper à ces spectres épouvantables, fuyant la Cour, sa mère et sa femme, la reine Élisabeth, qu’il trouvait sotte et fade, il s’en allait parfois chasser longuement dans le bois de Vincennes. Ces jours-là, il ne rentrait pas coucher au Louvre ; il s’arrêtait à la seigneurie de Belleville, où Marie venait le rejoindre.
Et pendant la nuit entière, follement, désespérément, il se droguait de volupté, pour se soustraire à ses hantises l’espace de quelques secondes…
Le résultat fut qu’au mois de juin 1573 Marie dut s’en aller rapidement au château du Fayet pour y accoucher d’un gros garçon braillard. (Le roi, en effet, nous dit Brantôme, avait préféré qu’elle ne fît pas ses couches à Paris « pour ne point donner ce déplaisir à sa femme ». Ce qui était d’un galant homme.)
Pendant l’absence de Marie, dévoré par un véritable « feu lubrique », il se lança dans la débauche la plus honteuse et organisa avec son frère le duc d’Anjou (futur Henri III) et son beau-frère Henri de Navarre (futur Henri IV) des soirées fort légères en compagnie de demoiselles portées sur la bagatelle.
Certaines de ces réunions firent scandale et l’on en parla dans toute l’Europe. Il est vrai que les courtisans ne se faisaient pas faute d’en répandre les détails. C’est ainsi que l’on intercepta, vers cette époque, une lettre écrite par un familier de la Cour, dans laquelle il était parlé d’une de ces orgies. « Je sais, disait l’auteur du billet, comment ces trois beaux sires se sont fait servir, en un banquet solennel, par des femmes toutes nues, desquelles, après le banquet, ils abusèrent et prirent leur plaisir. »
Le duc d’Anjou, qui, malgré la légende, était, dans sa jeunesse, d’une grande virilité, adorait mêler ainsi, suivant le mot d’un historien, « les délices de Vénus aux douceurs de Lucullus ». Les femmes, d’ailleurs, étaient folles de lui. Tous ses contemporains le présentent, il est vrai, comme « le prince le plus aimable, le mieux fait et le plus beau de son époque ». Grand, large de torse, séduisant, charmeur, il était d’une élégance raffinée qui plaisait aux demoiselles de l’escadron volant.
Peut-être était-il un peu efféminé d’allure, mais on aurait eu tort de le lui reprocher, attendu que seules les filles d’honneur de la reine mère étaient responsables de ce petit défaut. Lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, elles s’étaient, en effet, bien souvent amusées à le parer, à le parfumer et à le farder comme une poupée ; et il lui en était resté des habitudes qui nous paraissent aujourd’hui un peu suspectes, mais qui semblaient alors tout à fait normales. C’est ainsi qu’il portait non seulement des pourpoints très ajustés, des bagues et des colliers, mais encore d’admirables pendants d’oreilles…
Il aimait aussi se poudrer, s’inonder « d’eau de senteur », aviver ses lèvres d’un peu de rouge et s’habiller en femme…
Goûts étranges sans doute, mais qui n’empêchaient pas le duc d’Anjou de courir les filles et de se montrer ardent compagnon.
Il
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