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Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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aventure, je voudrais même pas recommencer.
    Toujours ainsi.
    Ce besoin pourtant de donner la vie.
    Christophe me répétait :
    « … Un enfant ? Ton problème. »
    Nous ne pouvions plus rien l’un pour l’autre. Je voulais seulement – j’écris ce mot alors qu’il faudrait employer son contraire – de lui un fils.
    Vint Samuel.
    Je crus d’abord qu’il pouvait aussi sauver Christophe. Il me rendit visite à la clinique. Il avait coupé ses cheveux, il s’asseyait au bord du lit, il regardait Samuel, il souriait.
    J’ai parlé la première, je lui ai dit que j’allais bien, que j’hésitais entre m’installer au Mas Cordelier ou bien passer quelques semaines, quelques mois peut-être à Renvyle, chez Allen et Julia.
    — Viens avec nous, ai-je dit.
    Nous : ce mot qui remplissait toute ma bouche, qui gonflait mes seins.
    — Plus tard, disait Christophe. D’abord j’ai besoin d’être seul, pour me reprendre en main, liquider…
    Il me clignait de l’œil.
    — J’ai trouvé un truc, une bergerie à la montagne, la santé quoi. Dans un an ou deux, je te ferai signe. OK  ?
    Il s’était aventuré trop loin au pays des mirages, comme Emmanuelle, et je ne le revis que couché, ce drap tiré jusqu’au menton, un pli du tissu au-dessus de la blessure de la gorge, dans la morgue d’Aubenas.
    Qui choisit ceux qui reviennent et ceux qui se perdent ? Robert, Jean-Paul, moi, vivants.
    Emmanuelle, Christophe, engloutis.
    J’observe Samuel et en même temps je détourne le regard. Je voudrais savoir et je crains de reconnaître un signe. Pourra-t-il, comme moi, ou bien tel Christophe… Que puis-je faire ? Ma tendresse peut l’affaiblir. Mon indifférence le blesser. Quelle est la juste mesure ? Qui décidera de son sort ? Quelles rencontres modifieront l’élan que je lui ai donné, pesant sur lui plus que je ne le ferai ? Sera-t-il comme cet étudiant allemand avec qui nous avions échangé quelques mots, dans ce café non loin de l’ambassade de Chine, après notre rencontre avec Lee Lou Ching ?
    Mais s’agit-il vraiment de cet étudiant-là ? Je ne peux le croire.
    Je reprends mon jeu de patience, je vide l’enveloppe marquée Sarah. Sa dernière lettre.
    Ma chérie,
    Je n’aurai pas cette fois-ci le temps de te voir. J’ai eu beaucoup plus à faire que je ne pensais : les lois sont compliquées et j’ai dû presque chaque jour rencontrer un notaire ou un représentant du ministère de la Culture. Je crois que les trois successions sont en ordre, celle de Serge, de Mietek et la mienne. Ouf !
    J’ai toujours détesté ces questions mais je devais les régler. Je me résume. Tu restes – toi et Samuel bien sûr – propriétaire du mas et de la bastide de Mietek ainsi que des œuvres qu’elle contient. Tu t’engages à faire de la bastide un musée Graevski une sorte de fondation, tu trouveras tous les détails chez Maître Lans, à Grasse…
    Je tourne la page. Les choses – maisons, tableaux, papiers, meubles – envahissent nos vies.
    … Je pars pour Israël ce lundi, là-bas aussi j’ai beaucoup de problêmes à régler : achat de maison, etc.
    Quand viendrez-vous toi et Samuel ? Je serai installée fin novembre, il le faut.
    Si vous arriviez pour la nouvelle année ce serait pour moi mon plus beau cadeau d’anniversaire.
    Je vous embrasse tous les deux.
    Lehaim.
    Sarah
    Autour de la lettre, autour de la vie, je place d’autres papiers, des articles.
    Il faudrait aussi que je raconte comment, ouvrant par habitude la radio, à l’heure des informations, j’entendis…
    Mais à quoi bon ?
    Ils étaient trois. Ils sont descendus d’une voiture blanche, qu’on retrouvera plus tard. Ils ont traversé le hall de l’aérogare, se dirigeant vers l’entrée qui donne accès aux vols internationaux. Ils avaient des billets pour Caracas. Le vol Swissair décollait à 19 h 12. Ils entrèrent dans la salle d’attente des passagers qui est voisine de celle de la compagnie ELAL . Le vol pour Tel-Aviv était prévu à 19 heures. À 18 h 25 on commença à appeler les passagers…
    Dès les premiers coups de feu les passagers se jetèrent sur le sol. Les terroristes, qui étaient au nombre de trois, lancèrent deux grenades qui n’explosèrent pas.
    Pris sous le feu des CRS et sans doute de certains membres du service de sécurité de la Cie ELAL , ils s’enfuirent en tirant des rafales de pistolet mitrailleur. C’est à ce moment que plusieurs

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