Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I
États-Unis.
À partir de 1934, et sans doute sous l’influence de Sarah Berelovitz, il prit position à plusieurs reprises en faveur de la gauche modérée.
Proche des milieux radicaux-socialistes influents dans les cercles gouvernementaux, Serge Cordelier a été partisan du Front Populaire et, après la victoire électorale de ce dernier, désigné comme chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères.
On jugera l’importance de ce contact pour Sarah Berelovitz et Moscou.
Il ne semble pas que Serge Cordelier ait été lui-même directement au service de Moscou.
En ce qui concerne Sarah Berelovitz, les doutes ne sont plus permis.
Nos antennes à Varsovie, Vienne, Rome, Bucarest, Prague, Londres, ont signalé à chaque fois l’arrivée de Sarah Berelovitz dans ces différentes capitales et ses contacts, et ce avant même que Probichev ne confirme nos soupçons.
Notre poste de Varsovie avait en effet été alerté dès 1932 par le séjour prolongé de Sarah Berelovitz chez le docteur David Wiesel (voir note séparée). Wiesel était dès ce moment suspecté d’être au service du Komintern.
Probichev a cité son nom comme une des plaques tournantes de l’organisation pour l’Europe centrale. Peut-être Sarah Berelovitz, lors de son séjour à Berlin en juillet 1934 – le concert qu’elle devait y donner avait été annulé – a-t-elle pris contact avec Kostia Loubanski ?
Ce n’est pas impossible. La situation politique intérieure avait relâché notre surveillance et on ne peut donc conclure sur ce point.
La décision qui avait été prise avec votre accord de ne pas révéler par les voies habituelles au gouvernement polonais les activités de David Wiesel a été maintenue. Wiesel est donc resté sous notre surveillance. Cependant, depuis l’arrestation de Kostia Loubanski après son rappel à Moscou, au mois de novembre 1936, il semblait avoir arrêté son activité.
Sarah Berelovitz avait pour sa part interrompu ses tournées, séjournant le plus souvent à Paris. En janvier 1937, elle s’est rendue à Barcelone mais elle n’y a joué aucun rôle politique. Employée à l’hôpital civil, elle a probablement voulu rompre avec Moscou et toute activité publique.
Trouve-t-on une confirmation de cette hypothèse dans le fait que Probichev nous ait immédiatement livré son nom comme celui de David Wiesel ?
Deux éléments viennent étayer cette conclusion. À un mois d’intervalle (5 mai 1937 pour David Wiesel, 10 juin 1937 pour Sarah Berelovitz) ces deux agents ont été victimes d’attentats.
David Wiesel a été renversé par une voiture. Il est décédé à Varsovie le 9 mai 1937. Mais l’intention criminelle ne fait aucun doute. La voiture a heurté Wiesel sur le terre-plein de la place Tlomackie et a disparu.
Sarah Berelovitz a été blessée à Barcelone, à l’intérieur même de l’hôpital, par deux inconnus.
Tout permet de penser que dans cette ville qui est désormais sous contrôle communiste, ces deux hommes appartenaient à l’organisation clandestine du parti communiste responsable d’autres actes de même nature contre des adversaires politiques. Par exemple l’assassinat du professeur anarchiste italien Camillo Berneri.
Sarah Berelovitz a été rapatriée en France. Ses jours ne sont pas en danger. Son lieu de résidence est actuellement recherché.
Serge Cordelier, qui depuis le déclenchement de la guerre civile, avait mis sur pied un réseau d’aide à la République espagnole – transports clandestins d’armes, d’avions – avec la complicité de certains éléments du gouvernement français, a séjourné à plusieurs reprises à Barcelone. Ses amitiés dans les différents milieux républicains sont nombreuses, y compris parmi les communistes qui continuent d’avoir besoin de lui et des appuis qu’il peut leur apporter.
À l’avenir, Sarah Berelovitz bénéficiera peut-être de la protection de Serge Cordelier.
Celui-ci est revenu à Barcelone.
Barcelone, 25 juin 1937.
J’ai rencontré ce soir, dans l’un de ces dîners espagnols qui ne se terminent jamais, Serge Cordelier qui est – ou était puisque le ministère Léon Blum vient de tomber – je ne sais quoi dans le gouvernement français. Il m’a tout de suite dit qu’il avait lu seulement l’un de mes romans, naturellement L’autre côté de l’Océan, mais qu’il n’avait manqué aucune de mes chroniques dans le Herald Tribune. « Monsieur Gallway, m’a-t-il
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