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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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marchaient, outre les officiers, les intendants et les
évêques avec une troupe d’ecclésiastiques. Les ecclésiastiques y
étaient pour
animer
de plus en plus les gens de guerre à
une exécution
si agréable à l’Église, si glorieuse,
disaient-ils, pour Sa Majesté. Pour nos seigneurs les évêques ils y
étaient pour tenir table ouverte, pour recevoir les abjurations et
pour avoir une inspection générale et sévère.
    Les gouverneurs, dit Bayle, les intendants et
les évêques avaient table ouverte pour les officiers des troupes,
où l’on rapportait
les bons tours
dont les soldats
s’étaient servis. Tout soldat, dit Fontaine, qui avait assez le
génie du mal pour inventer quelque nouveau genre de torture, était
sûr d’être applaudi, sinon récompensé.
    Quand les soldats, ainsi animés tout le long
de la route, arrivaient au lieu qui leur avait été désigné pour
étape, ils y entraient comme en ville conquise, l’épée nue et le
mousqueton haut et se logeaient chez les huguenots.
    « On nous dispersa dans les Cévennes, dit
le comte de Vordac, avec ordre d’aider les missionnaires et de
loger chez les huguenots jusqu’à ce qu’ils eussent fait abjuration
de leurs erreurs.
Jamais ordre ne fut exécuté avec plus de
plaisir
. Nous envoyions dix, douze ou quinze dragons dans une
maison, qui y faisaient grosse chère jusqu’à ce que tous ceux de la
maison fussent convertis. Cette maison s’étant faite catholique, on
allait loger dans une autre, et partout c’était pareille aubaine.
Le peuple était riche dans les Cévennes et nos dragons n’
y
firent pas mal leurs affaires
pendant deux ans. »
    Le major d’Artagnan, tout en faisant dans la
maison de campagne du banquier Samuel Bernard, un
dommage
s’élevant à plus de dix mille livres
, s’évertuait au contraire
à faire étalage du chagrin qu’il éprouvait à en agir ainsi.
« Je suis fâché, écrivait-il à Samuel Bernard, d’établir
garnison dans votre maison de Chenevière. Je vous supplie d’en
arrêter de suite le cours, en vous faisant catholique, sans quoi
j’ai ordre de vivre à discrétion, et, quand il n’y aura plus rien,
la maison court grand risque. Je suis au désespoir, monsieur,
d’être commis pour pareille chose, et surtout quand cela tombe sur
une personne comme vous. Encore une fois ôtez-moi le chagrin d’être
obligé de vous en faire. »
    Quand il n’y avait plus rien, non seulement
les malheureux dragonnés couraient risque de voir les soldats
brûler leurs maisons, mais encore d’aller en prison pour avoir
commis le crime d’être ruinés. – Louvois n’avait pas craint, en
effet, d’aller jusqu’à ordonner de
mettre en prison ceux chez
lesquels il n’y avait plus de quoi nourrir les dragons
.
    Même avant la révocation, les huguenots se
voyaient impitoyablement réduits à la misère par les logements
militaires, et voici un exemple de la mise en coupe réglée d’une
commune protestante jusqu’à ruine complète, exemple que nous
empruntons à l’histoire des réfugiés de la Suisse, de
Marikofer : « Le 2 janvier 1684, des délégués de
Saillans, commune réformée du Dauphiné, arrivèrent à Zurich.
L’année précédente, ils avaient eu à loger, du 27 août au
1 er septembre, douze compagnies d’un régiment
d’infanterie. Ces troupes, le jour même de leur départ, avaient été
remplacées par quatre compagnies d’un régiment de dragons, qui
étaient restées vingt-et-un jours, et à qui il avait fallu payer
150 francs par jour,
en sus de leur entretien.
Ces
compagnies, étant parties le 22 septembre, avaient immédiatement
été remplacées par quatre compagnies du précédent régiment
d’infanterie. Il avait fallu les loger pendant quarante-quatre
jours et payer une contribution de 105 fr. 10 sols par jour,
en
sus de leur entretien
. Le 7 novembre, il était arrivé un ordre
de l’intendant de la province condamnant les habitants à payer 50
francs par jour, ce qu’ils avaient fait jusqu’au 7 décembre. Tombés
ainsi dans la misère la plus extrême, ils avaient vu venir des
jésuites chargés d’offrir de l’argent à ceux qui soufraient le plus
de la faim et de la détresse. La commune étant restée inébranlable,
on avait pris encore de l’argent, le peu qui en restait, et saisi
chez les particuliers de la soie, de la laine, des bagues, des
pierreries, des ustensiles de ménage, etc. Enfin, ces malheureux
s’étaient décidés à aller à Zurich

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