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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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implorer du secours, notamment
du secours en blé pour les pauvres. »
    Partout, lorsqu’ils arrivaient dans une
localité à convertir, les soldats commençaient par faire bombance,
gaspiller les provisions, briser, brûler ou vendre le mobilier de
leurs hôtes.
    Dans le Dauphiné, ils vendaient tout à vil
prix (un sou la balle de laine, quatre sous un mouton). À
Villiers-le-Bel, ils emportèrent plus de cinq cents charretées de
bons meubles. En Normandie, les deux cents dragons logés chez la
baronne de Neuf-ville mettent en vente, trois fois par semaine, le
mobilier du château. Au bout de cinq semaines, ils préviennent la
châtelaine que, si elle n’abjure pas, on vendra la futaie et les
terres. – En Bretagne, au château de Ramsay, l’huissier chargé
d’opérer la vente du mobilier, après que les soldats avaient quitté
le château, ne trouva plus que deux petits cabinets tout usés, un
vieux bahut, un méchant coffre et quelques fagots. La vente
produisit 24 livres. – Peschels de Montauban conte que les soldats,
après avoir enlevé de chez lui des chenets, une pelle, une pincette
et quelques tisonniers en fer,
derniers débris du
naufrage
, allèrent piller ses métairies, dont ils prirent les
bestiaux pour les vendre au marché. « Ils menaçaient souvent,
dit-il, de démolir ma maison pour en vendre les matériaux. Enfin,
ma maison regorgeant de soldats, on afficha à ma porte un papier
signé de l’intendant et notifiant que les soldats seraient logés à
mes frais à l’auberge. »
    « Dès que les dragons furent dans cette
ville, dit Bureau, libraire à Niort, on en envoya quatre chez nous
qui commencèrent par la boutique, jetèrent tous les livres par
terre, ensuite avec des haches et des marteaux, brisèrent et mirent
en pièces toute la charpente, les rayons, les vitres et la
menuiserie, entrèrent leurs chevaux dans la boutique, et les livres
leur servirent de litière ; ils furent ensuite dans les
chambres dont ils jetèrent tout ce qui était dedans en la
rue. »
    Ce n’était, d’ordinaire, qu’après avoir fait
ripaille que les soldats songeaient à martyriser leurs hôtes. Les
chambres de parade étaient converties en écuries, les chevaux ayant
pour litière de la laine, du coton, de la soie ou des draps de fine
toile de Hollande. La vaisselle était brisée, les tonneaux,
défoncés à coups de hache, laissaient couler à flots sur le
plancher le vin ou l’eau-de-vie, les portes et fenêtres étaient
fracassées, les meubles et les armoires brisées servaient à
alimenter le foyer. Alors les soldats songeaient à convertir, en
les martyrisant, leurs hôtes qu’ils s’étaient bornés tout d’abord à
insulter et à brutaliser en les empestant de leur fumée de
tabac.
    « Le logement ne fut pas plutôt fait, dit
Chambrun, pasteur d’Orange, qu’on ouit mille gémissements dans la
ville ; le peuple courait par les rues, le visage tout en
larmes. La femme criait au secours pour délivrer son mari qu’on
rouait de coups, que l’on pendait à la cheminée, qu’on attachait au
pied du lit, ou qu’on menaçait de tuer, le poignard sur la gorge.
Le mari implorait la même assistance pour sa femme, qu’on avait
fait avorter par les menaces, par les coups et par mille mauvais
traitements. Les enfants criaient : « Miséricorde !
on assassine mon père, on viole ma mère, on met à la broche un de
mes frères ! »
    Tout était permis aux soldats, sauf de violer
et de tuer, mais cette consigne était lettre morte. Les soldats
violaient femmes et filles, ainsi que l’attestent Élie Benoît et
Jurieu, et, par un raffinement inouï de méchanceté, souvent ils
outrageaient les filles et les femmes en présence des mères ou des
maris, liés aux quenouilles du lit. Quand leurs victimes
trépassaient au milieu des tourments qu’ils leur faisaient endurer,
ils en étaient quittes pour une réprimande verbale. C’est ce qui
arriva, entre autres, aux soldats qui, s’étant amusés à faire
dégoutter le suif brûlant d’une chandelle allumée dans les yeux
d’un pauvre homme, l’avaient laissé mourir sans secours, au milieu
des plus cruelles souffrances.
    Quand les soldats avaient doublement manqué à
la consigne donnée, qu’ils avaient violé et tué leurs hôtesses, ils
en étaient quittes pour quelques jours de prison. Deux dragons, dit
Élie Benoît, ayant forcé une fille de quinze ou seize ans dont ils
n’avaient pu venir à bout qu’en l’assommant,

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