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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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crémaillères des
cheminées dans lesquelles on avait allumé du foin mouillé, furent
fumés comme des jambons, – d’autres flambés à la paille ou à la
chandelle comme des poulets, d’autres enfin enflés avec des
soufflets, comme des bœufs morts dont on veut détacher la peau.
    Les soldats mettaient une bassinoire ardente
sur la tête de leurs hôtes, leur brûlaient avec un fer rouge le
jarret ou les lèvres, les asseyaient, culottes bas ou jupes
relevées, au-dessus d’un réchaud brûlant, leur mettaient dans la
main un charbon ardent en leur tenant la main fermée de force,
jusqu’à ce que le charbon fût éteint.
    Ils les lardaient d’épingles, depuis le haut
jusques en bas ; ils leur arrachaient, avec une cruelle
lenteur, les cheveux, les poils de la barbe, des bras et des
jambes, jusqu’à une entière épilation. – Avec des tenailles, ils
leur arrachaient les dents, les ongles des pieds et des mains,
torture horriblement douloureuse. Un des supplices les plus
familiers à ces bourreaux, le seul que le gouverneur du Poitou, la
Vieuville, consentit à qualifier de violence, était de chauffer
leurs victimes, de leur brûler la plante des pieds.
    L’archevêque de Bordeaux, dit Élie Benoît,
qui, d’une chambre haute, se
divertissait
à entendre les
cris de Palmentier, un pauvre goutteux que les soldats
tourmentaient, suggéra à ces soldats l’idée de brûler les pieds de
ce malheureux avec une pelle rougie au feu. C’est aussi avec une
pelle rouge que le curé de Romans brûla le cou et les mains de
Lescalé, qu’il s’était chargé de convertir.
    « Les soldats me déchaussèrent mes
souliers et mes bas, dit Lambert de Beauregard, et, cependant que
deux me firent choir à la renverse en me tenant les bras, les
autres m’approchaient les pieds à quatre doigts de la braise qui
était bien vive, et qui me fit alors souffrir une grande
douleur ; et quand je remuais pour retirer mes pieds, et
qu’ils s’échappaient de leurs mains, mes talons tombaient dans la
braise. Cependant, il y en eut un qui s’avisa de mettre chauffer la
pelle du feu jusqu’à ce qu’elle fut toute rouge, et ensuite me la
frottèrent contre la semelle des pieds, jusqu’à ce qu’ils jugèrent
que j’en avais assez ; et, après cela, ils eurent la cruauté
de me chausser par force mes bas et mes souliers… Voilà plus de
deux fois vingt-quatre heures que je demeurai sans que personne
s’approchât pour visiter mes plaies, où la gangrène commença à
s’attacher… Les chirurgiens ayant vu mes plaies, qui faisaient
horreur à ceux qui les voulaient regarder, me donnèrent le premier
appareil ; après quoi, on me fit porter à l’hôpital
général. »
    Un dragon frotta de graisse les jambes d’une
fille, en imbiba ses bas, qu’il recouvrit d’étoupe, à laquelle il
mit le feu.
    Lejeune, retenu devant un brasier et obligé de
tourner la broche où rôtissait un mouton tout entier, ne pouvait
s’empêcher de faire de douloureuses contorsions, ce que voyant, le
loustic de la bande lui dit : je vais te donner un onguent
pour la brûlure, et il versa de la graisse bouillante sur ses
jambes qui furent rongées jusqu’aux os. Jurieu, qui se rencontre
plus tard sur la terre d’exil, avec Lejeune, dit : « Il
n’est pas si bien guéri qu’il ne ressente souvent de grandes
douleurs, qu’il ne boite des deux jambes, et qu’il n’ait une jambe
décharnée jusqu’aux os et moins grosse que l’autre de
moitié. »
    À Charpentier de Ruffec, les soldats font
avaler vingt-cinq ou trente verres d’eau ; cette torture
n’ayant pas réussi, on lui fait découler dans les yeux le suif
brûlant d’une chandelle allumée, et il en meurt. D’autres au
contraire, comme les sieurs de Perne et la Madeleine, gentilshommes
de l’Angoumois, étaient plongés jusqu’au cou dans l’eau glacée d’un
puits, où on les laissait pendant de longues heures. Plus la
résistance passive de la victime prolongeait, plus l’irritation des
soldats s’augmentait en voyant l’impuissance de la force brutale
contre la force morale, et, une torture restée sans résultat, ils
ajoutaient mille autres tourments. Ainsi l’opiniâtre Françoise
Aubin, après avoir été étouffée à moitié par la fumée du tabac et
la vapeur du soufre, fut suspendue par les aisselles, puis eut les
doigts broyés avec des tenailles, et enfin fut attachée à la queue
d’un cheval, qui la traîna à travers un feu de fagots. À

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