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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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sectes
se sont toujours propagées par les persécutions, et qu’après la
Saint-Barthélemy, un nouveau dénombrement des huguenots prouva que
leur nombre
s’était accru de cent dix mille
.
    Après un siècle de persécutions, le ministre
de Breteuil, dans son rapport à, Louis XIV, constate que le nombre
des huguenots est aussi grand en 1787, qu’il l’était en 1685 au
moment de la révocation, qu’ils ont remplacé « tout ce qui a
péri pendant les temps de persécution, tout ce qui s’est réellement
converti à notre foi et tout ce que les émigrations en ont enlevé
au royaume ».
    Bien plus, ainsi que l’établit Chavannes, dans
son
Essai sur les abjurations
, la persécution qui avait
pour but d’augmenter le nombre des croyants au catholicisme, a au
contraire augmenté le nombre des indifférents en matière
religieuse ; ce ne sont pas seulement les protestants qu’on
avait forcés d’abjurer, ce sont aussi les anciens catholiques, qui
ne sont plus aujourd’hui
catholiques que de nom
.
    « Quelle est, en effet, aujourd’hui,
dit-il, l’attitude qu’ont prise, et que maintiennent de génération
en génération à l’égard de la religion, un si grand nombre de chefs
de famille, sinon précisément celle que le fait d’une abjuration
forcée imposait aux malheureux qui cédaient à l’oppression ?
Qu’on prenne à ce point de vue les classes lettrées ou les classes
ouvrières, qu’on pénètre même au sein des populations des
campagnes, on trouvera trop généralement les pères ne croyant guère
au catholicisme, le pratiquant le moins possible pour ce qui les
concerne, y laissant participer leurs femmes, y faisant participer
leurs enfants, dans la mesure voulue.
    « Au fond, une profonde indifférence, un
vrai néant religieux, au dehors une honteuse dissimulation, une
lâche hypocrisie calculée en vue d’intérêts tout matériels ou
convenances toutes humaines, voilà ce qu’on ne peut méconnaître
chez le grand nombre de ceux qui portent en France le nom de
catholiques.
    « Les anciennes familles de réformés de
France, ou bien sont devenues purement et simplement catholiques,
à la manière de la majorité de leurs concitoyens
, ou bien
sont revenues à la foi protestante, après un temps d’adhésion
extérieure au romanisme, sans que rien ait marqué, dans leur retour
à la profession de leurs pères, un acte sérieux rappelant la voix
sainte de la conscience. »
    Bayle avait prévu ce résultat lorsqu’il
disait : « Nous avons présentement à craindre le
contraire de nos faux convertis, savoir un germe d’incrédulité qui
sapera peu à peu nos fondements et qui, à la longue, inspirera du
mépris à nos peuples pour les dévotions qui ont le plus de vogue
parmi nous. »
    Cette démonstration, par les faits, de
l’impuissance de la force contre une foi religieuse, était
suffisamment établie déjà quand le maréchal de Vauban demandait à
Louis XIV de s’arrêter et de revenir sur ses pas, mais on ne
revient pas
de si loin
ainsi que le faisait observer
madame de Maintenon.
    Au contraire, en présence des obstacles
insurmontables qu’il rencontrait sur sa route, Louis XIV ne fit que
redoubler de violence et d’ardeur passionnée pour poursuivre son
impossible entreprise. Quelques années plus tard, ainsi que le
rappelle Saint-Simon, quand ses nombreux ennemis voulurent exiger
le retour des huguenots en France, comme l’une des conditions sans
lesquelles ils ne voulaient point mettre de bornes à leurs enquêtes
et à leurs prétentions pour finir une guerre qu’il n’avait plus
aucun moyen de soutenir, il repoussa cette condition avec
indignation,
quoi qu’il pût arriver
, alors qu’il se
trouvait épuisé de blés, d’argent, de ressources et presque de
troupes, que ses frontières étaient conquises et ouvertes et qu’il
était à la veille des plus calamiteuses extrémités.
    On voit qu’il est impossible de pousser plus
loin l’aveugle obstination que peut donner à un fanatique
l’exercice du pouvoir absolu, mais Louis XIV était de la race de
ces Xercès qui finissent par se croire dieux, et en arrivent à
faire battre la mer des verges quand elle ne se prête pas à
l’exécution de leurs volontés.
    « Les rois, dit-il dans les mémoires
qu’il avait fait rédiger pour son fils, sont seigneurs absolus et
ont naturellement la disposition des biens tant des laïques que des
séculiers… Celui qui a donné des rois aux hommes, a

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