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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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voulu qu’on les
respectât comme ses lieutenants,
se réservant à lui seul le
droit d’examiner leur conduite
, sa volonté est que quiconque
est né sujet, obéisse sans discernement. »
    Maître de la personne et des biens de ses
sujets, il se croyait au même titre, maître de leurs consciences,
et, habitué à voir tout plier devant lui, à s’entendre dire :
il est l’heure qu’il plaira à Votre Majesté
, il traitait
comme des rebelles ceux qui s’obstinaient à rester fidèles à une
religion qu’il ne voulait plus tolérer dans son royaume.
    Aux galères les
opiniâtres
, qui, pour
se soustraire aux violentes exhortations des missionnaires bottés,
ont tenté de franchir la frontière, et leurs biens confisqués, même
dans les provinces où la loi n’admet pas la confiscation. En
prison, au couvent, à l’hôpital les opiniâtres qui n’ont commis
d’autre crime que de refuser d’abjurer leur foi religieuse !
et
,
vu le mauvais usage qu’ils font de leurs
biens
, on les leur confisque afin qu’ils ne soient pas traités
plus favorablement que ceux qui ont émigré !
    Une complainte de 1698, résume ainsi la
situation faite aux huguenots par la persécution
religieuse :
    Nos filles dans les monastères,
    Nos prisonniers dans les cachots,
    Nos martyrs dont le sang se répand à grands flots,
    Nos confesseurs sur les galères,
    Nos malades persécutés,
    Nos mourants exposés à plus d’une furie,
    Nos morts traînés à la voirie,
    Te disent nos calamités.
    Les prisons et les couvents regorgeant, on
expulse un certain nombre de ces opiniâtres, dont ne peut triompher
le zèle convertisseur des geôliers, on les mène à la frontière en
leur interdisant de rien emporter, ni effets ni argent, et on
déclare leurs biens confisqués. Cette confiscation des biens
prononcée aussi bien contre ceux qu’on expulsait du royaume que
contre ceux qui avaient voulu franchir la frontière, sembla si peu
justifiable que le Président de Roclary crut devoir présenter au
secrétaire d’État les observations suivantes : « Comme
des officiers qui passent toute leur vie dans l’obligation
d’étudier et de suivre les lois, sont obligés de chercher dans
leurs dispositions les fondements des avis qu’ils prennent, je ne
crois pas qu’ils puissent regarder comme un crime la sortie hors du
royaume, d’un homme qu’on oblige d’en sortir, et prononcer la
confiscation de ses biens ni aucune peine, pour une action qui n’a
rien de volontaire de la part de celui qui paraît plutôt la
souffrir que la commettre. Que si le roi avait trouvé bon de
révoquer par une déclaration la liberté que l’article 12 de l’édit
du mois d’octobre 1685 a laissée à ses sujets de vivre dans la
profession de la religion prétendue réformée et d’ordonner à tous
ceux qui, voudraient continuer dans cette erreur de sortir du
royaume dans un certain temps, cette peine, quoique grande, ne
pourrait être regardée que comme un effet de la clémence aussi bien
que de la justice du roi, et le bannissement perpétuel auquel ils
se condamneraient volontairement leur ferait perdre leurs biens
dans les règles de la justice ; mais dans l’état où sont les
choses, je ne puis que
soumettre mes sentiments à toutes les
volontés du roi
, persuadé que les motifs de sa résolution n’en
seront pas moins justes pour surpasser une intelligence aussi
bornée que la mienne. »
    Ces considérations d’équité et de justice
n’étaient pas de nature à arrêter Louis XIV ; si veut le roi
si veut la loi, disait-il alors, de même qu’en son enfance il
écrivait :
Les rois font ce qui leur plaît
. [7]
    Le bon plaisir
était la seule règle
de sa conduite, et j’ai eu plus d’une fois au cours de ce travail,
l’occasion de donner des preuves de cette affirmation ; en
voici encore une : bien que Louis XIV eût mis tous les sujets
huguenots dans l’alternative, ou de rester dans le royaume exposés
à toutes les violences des convertisseurs, ou d’encourir la
terrible peine des galères s’ils tentaient de franchir la
frontière, il permit cependant à quelques notabilités protestantes,
les Ruvigny, le comte de Roye, le maréchal de Schomberg, etc., de
sortir librement de France. Il refusa cette faveur au plus notable
des protestants ; à l’amiral Duquesne, ce grand homme de mer
que les Barbaresques, dans leur terreur, prétendaient avoir été
oublié par l’ange de la mort. Duquesne, par faveur

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