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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vivre ma vie sans plus m’occuper de celle des autres. D’où mon attitude… Je l’ai regrettée aussitôt d’ailleurs mais la baronne est venue vous chercher et ça m’a rassuré que vous alliez chez les Belmont. Ils représentent ici une sacrée garantie et personne n’oserait s’attaquer à eux alors moi je pouvais respirer. Seulement, ce matin, le Mandala est revenu… mais vous le savez peut-être ?
    — Non. Si elle l’a su la baronne n’a pas jugé bon de me le dire. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Elle n’a pas à me tenir au courant des allées et venues du yacht familial.
    — Peu importe. Ce qui compte, c’est ce que m’a raconté le captain Blake quand il est venu boire son pot de café habituel : son passager n’a pas fait plus de trente pas sur les quais de New York : il a reçu, entre les épaules, un couteau qui l’a étendu raide mort. C’est pourquoi si vous n’étiez pas venu je serais allé à Belmont Castle afin de vous prévenir.
    — Et vous avez peur à nouveau ?
    — Pas pour moi. À la réflexion je suis dans le pays une espèce de monument historique auquel on tient et il faudrait y regarder à deux fois avant de m’effacer du paysage. Et puis j’ai pris mes précautions mais vous, il va falloir que vous fassiez attention. Vous êtes un étranger et un mauvais coup est vite arrivé. Alors vous devriez éviter de sortir…
    — Mais c’est que, justement, je ne suis pas venu pour rester enfermé, fit Aldo en se beurrant un « bun » qu’il enfourna avec une nouvelle tasse de thé. Et à ce propos nous sommes allés ce tantôt jusque chez Mrs Bascombe.
    — Vous feriez mieux de la laisser tranquille. Elle a eu suffisamment de malheurs et si on vous voit trop souvent rôder dans sa solitude…
    — Une solitude qu’elle partageait avec une jeune femme ou une jeune fille qu’elle semblait bien connaître. Nous avons pu les entendre rire et bavarder mais sans réussir à saisir leurs paroles…
    — Ah bon ! C’est nouveau ? Elle était comment votre jeune femme ?
    — Robe blanche à petites fleurs rouges, vaste capeline cachant entièrement le visage. À part ça des bras minces dont l’un portait une montre-bracelet, et de jolies jambes. Une peau claire mais nous n’avons rien vu de la figure ni de la couleur des cheveux.
    Les sourcils de l’aubergiste se relevèrent de deux bons centimètres.
    — Je ne vois pas ! Une touriste de passage mais en ce cas je ne m’explique pas pourquoi Betty qui est sauvage comme une chèvre lui ferait des sourires et ici, je ne vois personne qui corresponde à votre description. Cependant je peux toujours ouvrir les yeux et, au besoin, aller demander à Betty de qui il s’agit. Ça vous intéresse tellement ?
    — Oui. Comme tout ce qui touche à cette femme parce que je suis persuadé qu’elle en sait beaucoup plus sur Ricci que nous tous réunis. Et c’est normal : la haine rend vigilant…
    Un violent coup de tonnerre lui coupa la parole. Pris par leur sujet aucun des trois hommes n’avait remarqué que le jour baissait de façon inhabituelle et que de noirs nuages s’accumulaient sur l’île. Simultanément l’un d’eux creva en une pluie diluvienne où se noya le paysage. Refusant le dîner que leur offrait Ted Mawes, Aldo et Adalbert se précipitèrent pour relever la capote de la voiture avant que celle-ci ne soit transformée en baignoire, s’y embarquèrent déjà trempés et se hâtèrent de regagner, à travers des trombes d’eau où brillaient comme des phares les grandes résidences illuminées, les régions sèches de Belmont Castle.
    — J’ai l’impression que, pour ce soir, notre expédition est dans le lac, soupira Adalbert. Ce n’est vraiment pas un temps à grimper aux arbres.
    — Ce qui ne se fait pas un jour peut se faire le lendemain, émit Aldo sentencieux.
    — C’est de toi ?
    — Non. De César Borgia. Il l’a dit un soir où il venait de rater l’assassinat de son beau-frère.
    Malheureusement le lendemain il faisait toujours aussi mauvais. Le gros orage qui dura la nuit entière, réduisant au désespoir deux maîtresses de maison dont l’une avait prévu un concert champêtre et l’autre une fête vénitienne autour d’un miroir d’eau qu’elle avait fait installer à grands frais, déglingua le temps pour plusieurs jours désertifiant les plages d’où avaient disparu parasols et transatlantiques. Seuls quelques rares baigneurs pourvus d’un cuir

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