Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
de maison assisté par Pauline. Déchargée de cette corvée, Cynthia avait averti qu’elle ferait son apparition – qu’elle espérait sensationnelle bien sûr ! – quand tout le monde ou presque serait là. Aldo et Adalbert restèrent tranquillement en haut des marches afin de mieux jouir du spectacle.
    Habit de satin corail soutaché de noir sur des culottes de satin noir, Morosini avait refusé de porter perruque se contentant d’un catogan postiche noué par un ruban noir. Quant à Adalbert qui tenait avant tout à son confort il s’était fait confectionner par Tong Li une assez bonne copie du Gilles de Watteau c’est-à-dire une sorte de pyjama en satin blanc avec une collerette en tulle tuyauté et sur la tête un chapeau rond en velours porté en arrière sur une coiffe de satin blanc d’où dépassait sa mèche folle. Il avait eu quelque peine à empêcher Tong Li pour qui le blanc était couleur de deuil, de lui ajouter des rubans écarlates et un dragon brodé à titre de porte-bonheur.
    Les arrivées se succédaient à un rythme qui allait s’accélérant. Robes à paniers et costumes de cour emplissaient peu à peu les salons de leurs fulgurances. Certains hommes avaient opté pour des uniformes plus sobres et quelques femmes pour des toilettes rappelant leurs ancêtres américaines avec des bonnets de mousseline ou de dentelles mais toutes ruisselaient plus ou moins de diamants et de perles. Le bruit des conversations et des rires étouffait souvent la musique. Soudain l’attention un peu flottante des deux observateurs jouissant simplement du coup d’œil se fixa. On venait d’annoncer Mr et Mrs Schwob, Miss Mary Forsythe et Mr Aloysius Ricci.
    Leurs regards négligèrent les deux premiers pour accrocher les seconds et ne plus les lâcher. En bonne Anglaise – peut-être l’était-elle réellement ! – « Mary » s’était inspirée d’un portrait de Gainsborough et sa fine silhouette s’enveloppait de mousseline blanche et de taffetas rose pâle assortis aux plumes d’autruche qui moussaient à son grand chapeau de velours noir. Son compagnon avait eu le bon esprit d’adopter ce dernier tissu pour son habit à boutons de diamants et le tricorne qu’il portait sous le bras. En revanche, sa figure couperosée, ses traits durs et son double menton s’accommodaient mal de sa perruque blanche un peu juste qui laissait dépasser des cheveux gris. Il devait s’en rendre compte car le sourire de commande plaqué sur sa face, les yeux sans cesse en mouvement, disaient assez qu’il ne se sentait pas au mieux.
    — Quel couple ! marmotta Adalbert. Avec ce chapeau elle a l’air d’être deux fois plus grande que lui. En outre il est franchement affreux. Qu’est-ce qui lui prend de vouloir épouser ce gnome ?
    Au mécontentement qui pointait dans la voix de son ami, Aldo se demanda s’il ne lui restait pas un reste de l’ancien penchant. Il est certain que se voir remplacé par ce type n’avait rien de flatteur !
    — Il est très, très riche, murmura-t-il en manière de consolation.
    — Il n’est pas le seul ici. Des milliardaires on en ramasse à la pelle dans cette île.
    — Quoi qu’il en soit c’est celui-là qu’elle a choisi et j’aimerais faire en sorte qu’elle renonce à ce projet. C’est selon moi la meilleure façon de lui sauver la vie.
    Deux apparitions simultanées accaparèrent alors les attentions. Cynthia – Pompadour bleu Nattier et dentelles blanches appuyée sur une haute canne au pommeau endiamanté – descendait majestueusement l’escalier dont sa robe occupait toute la largeur au moment même où lady Ribblesdale – Marie-Antoinette en bergère de Trianon du même bleu mais avec une immense perruque surmontée d’un chapeau fleuri et une gigantesque canne enrubannée – franchissait le vaste vestibule. Pauline et Belmont se précipitèrent au-devant de celle-ci tandis que Cynthia achevait sa descente au milieu des applaudissements. On entendit alors la voix perchée d’Ava déclarer :
    — Depuis quand se préoccupe-t-on d’une vulgaire favorite quand la Reine arrive ?
    John-Augustus bafouilla quelque chose que l’on n’entendit pas : les applaudissements se retournaient de son côté et force était à la Pompadour de faire un saut dans l’Histoire en venant saluer une souveraine qu’elle n’avait pas eu l’honneur de connaître ; on est maîtresse de maison ou on ne l’est pas… Ces dames gagnèrent ensemble le

Weitere Kostenlose Bücher