Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
alors que j’avais devant moi l’occasion rêvée de lancer les foudres de la Justice sur les traces d’un assassin.
    — Je n’appartiens pas à la Magistrature et ne manie pas les foudres de la Justice comme vous dites.
    — Non mais vous êtes sans aucun doute le « nez » le plus fin quand il s’agit de flairer la piste des pierres illustres. Si vous n’étiez pas venu j’avais dans l’idée de vous écrire… Voilà pourquoi au lieu d’une parure anonyme j’ai reproduit sur Olympia les joyaux de la Sorcière de Florence !
    — À Florence on dirait plutôt la Sorcière de Venise, remarqua Morosini qui ajouta : Autrement dit vous les avez déjà vus d’assez près pour être capable de les reproduire parfaitement mais vous ne savez pas où puisque vous parlez d’un assassin. Celui qui s’en est emparé, je suppose.
    — Vous supposez juste et il faut, à présent, que j’entame une autre histoire… beaucoup plus sombre…
    Le bruit de la porte d’entrée ouverte et refermée lui coupa la parole et lui fit baisser le ton en la reprenant :
    —   Si c’est Etiennette, ma bonne, c’est sans importance. Si c’est Emilia je préfère remettre à plus tard. À aucun prix je ne veux la mêler à cette histoire ! Elle m’est trop précieuse et il se peut qu’elle soit fragile…
    C’était Emilia. Une seconde après, elle entrait, jolie silhouette vêtue d’un ensemble rouge nacarat terminé autour du cou par une cravate de petit-gris assortie à la couleur des gants et de la petite cloche de feutre dissimulant une bonne partie des épais cheveux, d’un brun chaud qu’aucun ciseau criminel n’avait réduits à l’état de frange circulaire. En véritable amoureux des femmes Boldini haïssait les coupes « à la garçonne » qui les privait de leur plus belle parure. Cela, en outre, n’eût pas convenu à l’ovale du visage de madone épanouie de la nouvelle venue dont le regard inquiet se posa aussitôt sur le visiteur qui s’inclinait devant elle.
    — Le prince Morosini, ma chère Emilia, présenta le peintre. J’ai bien dû vous en parler une douzaine de fois ?
    La jeune femme se débarrassa précipitamment du carton de pâtissier qu’elle portait au bout d’une faveur rose mais renonça à se déganter pour tendre la main à Aldo afin d’éviter une précipitation maladroite.
    — Au moins ! fit-elle avec un sourire où se retrouvait la candeur de l’enfance. Je suis très heureuse, prince ! Je… euh… je vais porter ceci à Etiennette et lui dire de préparer le thé, ajouta-t-elle en reprenant son carton de gâteaux qu’elle enveloppa d’un regard angoissé : celui d’une maîtresse de maison qui n’attendant pas d’invité se rend compte que le plat sera trop juste. Boldini se mit à rire :
    — Etiennette n’est pas encore rentrée et je n’ai pas envie de thé. Cessez de vous tourmenter Emilia ! Tout est bien !
    — Ah bon ?… Alors je vous laisse !…
    — C’est moi qui vais vous laisser, reprit Morosini en arborant son plus beau sourire. Je dois partir. Quant à cette affaire dont nous parlions, reprit-il pour Boldini, voulez-vous que nous y revenions plus à loisir… demain, si vous êtes libre, mon cher Maître ? Nous pourrions déjeuner… au Ritz par exemple ?
    Derrière leurs lunettes, les yeux du peintre retrouvèrent leur vivacité d’antan. L’invitation visiblement, l’enchantait :
    — Quelle bonne idée ! Il y a des mois que je n’y suis allé !
    — Préférez-vous Maxim’s ?
    — Ah non ! À midi ce n’est pas amusant et le soir… c’est trop tard pour moi ! Que voulez-vous, je suis devenu une sorte de fossile que les gouvernements couvrent de décorations… mais que l’on n’invite plus guère !… La princesse vous accompagnera-t-elle ? ajouta-t-il incorrigible.
    — Un repas d’affaires ne s’accommode pas d’une présence féminine, fit Aldo doucement. Vous pourrez la voir plus tard.
    La joie dont s’illuminait le curieux visage du peintre disparut sous un nuage.
    — Plus tard ?… Je crains bien, mon ami, qu’à la réflexion il ne soit déjà trop tard pour moi ! Peut-être vaut-il mieux que je ne la voie pas ?… Ce serait trop douloureux de n’être plus capable de traduire sa beauté ! Une sorte d’impuissance bien pire que l’autre, celle qui vient de l’âge…
    Il y avait dans la voix de l’artiste une vraie douleur qui atteignit Morosini. Boldini était-il vieux, ou

Weitere Kostenlose Bücher