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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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malade à ce point ? L’entendre évoquer une possible incapacité, lui dont les appétits sexuels étaient connus et dont les modèles – à de rares exceptions près ! – étaient à peu près sûrs qu’il tenterait de les mettre dans son lit était infiniment triste. Le joyeux faune vieillissait-il si mal ou n’employait-il cette comparaison que pour mieux faire sentir son angoisse devant la diminution de son fulgurant talent ?
    — Allons ! fit-il tandis que le peintre le raccompagnait jusqu’au seuil de sa maison, quand on s’apprête à épouser une aussi jolie femme, on ne cultive pas les idées noires. Un simple crayon vous suffit pour faire naître sur le papier d’incroyables éclairs de beauté ! Le phœnix renaît toujours de ses cendres avec vous. À demain…
    En se mettant à la recherche d’un taxi, Aldo pensa qu’il aurait pu s’accuser d’avoir forcé la note si Boldini n’était né, comme lui-même, au soleil d’Italie où l’on cultive avec grâce l’exagération au quotidien. Une façon comme une autre de se remonter le moral et, dans le cas présent, le sourire du peintre l’en avait récompensé.
    Il eut la certitude qu’il avait pleinement réussi, le lendemain, quand Boldini appuyé sur une canne à pommeau d’ambre fit son entrée dans le hall du palace de la place Vendôme. Pour un peu Aldo ne l’aurait pas reconnu. La chrysalide en casquette et veste de laine de la veille avait donné naissance à une sorte de papillon gris et noir aux vêtements admirablement coupés auxquels ne manquaient ni la longue perle grise plantée dans la cravate de soie noire sous le col à coins cassés d’une éblouissante blancheur, ni à la boutonnière les insignes d’officier de la Légion d’Honneur et de grand officier de la Couronne d’Italie, ni les boutons de manchettes en or guilloché ni même le pli de la fine moustache qui avait retrouvé une mine infiniment plus conquérante que la veille. Une vraie résurrection !
    Ce bel effort vestimentaire trouva sa récompense dans les saluts, surpris mais souriants – on ne l’avait pas vu depuis longtemps dans un lieu mondain ! – que lui adressèrent plusieurs personnes et de l’accueil que lui réserva l’illustre Olivier Dabescat, le tout-puissant maître d’hôtel du Ritz quand, au seuil du restaurant, il prit en charge les deux hommes pour les conduire vers la table la plus agréable parmi celles donnant sur le jardin :
    — Votre visite est un honneur trop rare, Maître, et le plaisir de vous revoir ici n’en est que plus vif !
    — Je ne sors plus guère, mon cher Olivier et il a fallu toute l’insistance du prince Morosini pour me tirer de mon trou… mais j’avoue que je suis heureux de revoir cette belle maison et de retrouver sa cuisine.
    — Par exemple notre mousseline de sole Empire ?
    Le peintre éclata de rire… et acheva de retrouver sa jeunesse :
    — Quelle mémoire ! s’écria-t-il enchanté en laissant planer sur la salle élégante et fleurie un regard qui en reprenait possession.
    — Olivier n’est pas le seul à en avoir, remarqua Morosini en s’emparant du menu qu’on lui offrait, j’aperçois deux ou trois jolies femmes qui vous regardent avec des yeux gourmands. Soyez certain qu’elles savent qui vous êtes…
    Rien n’était plus vrai. La présence de l’artiste animait discrètement les élégantes convives. Des têtes se rapprochaient, de beaux yeux se mettaient à briller à la pensée des portraits magiques dont cet homme possédait le secret. Les femmes se voyaient bien à la place de la duchesse de Marlborough, de la princesse Bibesco ou de la princesse Anastasie de Grèce, les hommes se souvenant avec un peu d’envie du magistral portrait de Verdi, ou de celui, percutant, de Robert de Montesquiou…
    — Vous n’auriez qu’à choisir si cela vous plaisait, chuchota Aldo heureux de ce petit triomphe qu’il offrait au vieux peintre mais celui-ci refusa d’un sourire.
    — Si je me sentais encore capable d’une grande toile je la réserverais à votre épouse… ou peut-être à vous deux ? Faites-moi penser à vous montrer la « Promenade au bois » où j’ai représenté les époux Lydig. J’aime beaucoup cette toile que j’ai récupérée après leur divorce, aucun des deux ne voulant garder l’effigie de l’autre…
    — Et vous trouvez que c’est encourageant ? Lisa si vous voulez mais moi je ne marche pas…
    — Homme de peu de

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