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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Ledru…
    — Faites-le, mais avec prudence !
    — Vous pourriez venir avec nous ? À trois on est plus fort qu’à deux.
    — J’en sors et je suis plus facile à repérer que vous qui êtes inconnus là-bas… Et si vous réussissiez à avoir accès au garage ? La voiture noire aux portières cannées qui a jeté en pleine nuit le corps du colonel Karloff aurait été volée à Crawford il y a déjà un moment. Si par hasard elle était rentrée au bercail elle aurait peut-être des choses à nous apprendre. Sans parler de la voiture rouge qui ressemble si fort à la mienne… Nous aurions un début de preuve.
    — Et vous ? Que faites-vous ?
    — Dans l’immédiat, je vais rendre compte de ce que je sais à M me  de Sommières. Elle a grand besoin de réconfort…
    — Ça ne va pas s’arranger ! Bonne chance, quand même !
    Mais il était écrit qu’Adalbert n’en avait pas fini, ce soir-là, avec les mauvaises surprises. En rentrant chez la marquise, il se retrouva en plein drame. À peine la porte franchie, Marie-Angéline rouge de colère lui sauta littéralement à la figure :
    — Ah, vous voilà ! Dites-moi donc ce qui vous a pris de nous ramener votre Américaine ? Croyez-vous que cette étrangère nous soit nécessaire ?
    Suffoqué par la violence du ton, il chercha l’appui de M me  de Sommières mais, debout devant l’une des fenêtres, elle donnait son attention à une jardinière contenant des plantes vertes dont elle ôtait soigneusement les feuilles mortes. Et ne se détourna pas pour préciser :
    — Cela fait vingt bonnes minutes qu’elle est dans cet état ! En rentrant du salut, Plan-Crépin nous a trouvées, Mrs Belmont et moi, en train de causer le plus calmement du monde et elle a pris feu. C’est votre tour, à présent !
    — Ne me dites pas qu’elle a jeté Pauline à la porte ? s’écria Adalbert affolé.
    — Elle n’a pas été jusque-là mais…
    — J’ai été extrêmement polie ! clama Plan-Crépin. Je lui ai seulement fait entendre… avec… calme !… que nous n’avions pas besoin de quiconque pour supporter l’épreuve que nous endurons. Ce n’est malheureusement pas la première et je…
    — Doux Jésus ! gémit Adalbert. Si ce n’est pas une mise à la porte ça y ressemble bigrement ! Qu’est-ce qui vous a pris ? ajouta-t-il. Mrs Belmont est fort inquiète de Morosini qu’elle aime beaucoup…
    — Trop ! Qu’elle aime beaucoup trop ! Nous n’allons pas oser prétendre qu’elle n’est pas amoureuse ?
    Elle revenait vers Tante Amélie qui, avec un soupir excédé, opérait un demi-tour pour lui faire face :
    — Non, je ne le dirai pas, admit-elle. Il est plus qu’évident qu’elle l’aime. Les larmes lui montent aux yeux quand elle en parle. Elle a peur autant que nous !
    — Mais elle n’a pas à venir nous le dire sous le fumeux prétexte de nous soutenir ! Elle n’a pas le droit de se prendre pour Lisa !…
    Éclatant soudain en sanglots, Marie-Angéline se rua hors du salon. Restés seuls, Tante Amélie et Adalbert échangèrent un regard, un soupir…
    — Je vais offrir mes excuses à Pauline, fit celui-ci.
    — Rassurez-vous, c’est fait. Et devant Plan-Crépin en plus, mais j’irai la voir tout à l’heure et j’obligerai ma folle à faire la paix…
    — Elle est peut-être déjà repartie ?
    — Je lui ai demandé de rester. Si nous ne devons jamais revoir Aldo, des larmes de plus n’auront aucune importance. Le pire sera quand il faudra prévenir sa femme. Pourquoi… mais pourquoi ne vient-elle pas ? Elle ne donne même pas de ses nouvelles !
    — Aldo ne doit pas écrire beaucoup non plus. Il lui en veut de ne plus s’occuper de lui à cause de ce petit bonhomme qu’elle vient de mettre au monde.
    — Je peux la comprendre, dit Tante Amélie, quoique je trouve exagéré cette espèce d’exclusive. Fasse au ciel qu’Aldo nous soit rendu et qu’elle n’ait pas à se faire des reproches trop cruels ! Quant à Plan-Crépin, je ne l’aurais pas crue touchée à ce point !
    — Connaît-on à fond ceux qui nous entourent ?… Même les plus proches ! Avec Marie-Angéline on a un peu tendance à oublier qu’elle est une femme.
    — Ce doit être vrai mais je ne tolérerai jamais que l’on pleure quelqu’un avant d’être sûr de sa mort ! Quant à vous, ajouta-t-elle l’œil soudain étincelant, vous feriez mieux de chercher Aldo au lieu de vous occuper des

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