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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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regard éteint qu’elle posait sur lui.
    — Bien sûr, je vous reconnais ! Laissez-moi tranquille ! Vous m’avez fait assez de mal !
    — Moi je vous ai fait du mal en demandant de l’eau ? Comment est-ce possible ?
    — Je vous ai laissé entrer dans la maison et c’est défendu ! Alors on m’a chassée… Et maintenant il me sera difficile de retrouver une aussi bonne place !
    — Pas si bonne puisqu’on vous renvoie pour une broutille, intervint Adalbert qui les avait rejoints. On vous a payée, j’espère ?
    — Oui, et même deux mois d’avance mais c’est dur : être jetée dehors de cette façon après des années de bons services… et par un blanc-bec encore ! Et sans voir Mylord !
    — Un blanc-bec ?… Le secrétaire peut-être ?
    — Exactement ! Oh, ce n’est pas qu’il soit désagréable mais c’est un Anglais, ça dit tout !
    — Venez avec nous, madame, dit Adalbert en la prenant par le bras. On va essayer de vous aider.
    — Pourquoi le feriez-vous ? fit-elle, l’œil redevenu méfiant.
    Le journaliste lui offrit son plus beau sourire :
    — C’est à cause de moi si vous en êtes là. Je voudrais essayer de réparer.
    — J’vois pas comment ?… Et lui qui c’est ? demanda-t-elle en désignant Adalbert du menton.
    — Un ami ! Montez ! Vous alliez où ?
    — Prendre le train. Ma sœur habite Nantes. J’espère qu’elle me recevra.
    — En attendant on vous emmène déjeuner, proposa Adalbert. Après on verra ce que l’on peut faire. Vous vous appelez ?
    — Aurélie Dubois ! M me  veuve Dubois, précisa-t-elle dans un soudain souci de dignité.
    On rentra dans Versailles et, place Notre-Dame, on alla s’installer dans un petit restaurant célèbre pour son lapin en gibelotte et ses moules marinières. Réchauffée par l’ambiance et quelques verres d’un excellent beaujolais, M me  veuve Dubois finit par se confier tout à fait. Depuis des années, elle et son époux Albert étaient les gardiens de la propriété. Et peu de mois plus tôt elle avait perdu son mari. De ce fait, elle avait dû quitter le pavillon de l’entrée pour intégrer la maison où Milady l’avait affectée à la lingerie et lui avait donné une chambre convenable. À ses moments perdus elle aidait à la cuisine et on l’envoyait volontiers au marché parce que les commerçants la connaissaient et qu’elle savait acheter « mieux que ces guignols à turban qui n’inspirent pas confiance et qui vous font manger n’importe quoi ».
    — Et puis, l’autre soir, il y a eu un drame. Du moins j’crois. J’ai entendu qu’on se disputait. Milady était allée à Paris avec la petite voiture…
    — Quelle couleur, la petite voiture ? questionna Adalbert sans paraître remarquer le regard ahuri d’Aurélie.
    — En quoi ça vous intéresse ?
    — J’écris une statistique sur les couleurs préférées des automobilistes, répondit Adalbert avec aplomb mais en évitant de regarder Berthier.
    — Ah bon… Ben elle était rouge ! Rouge et noire et elle faisait un potin du diable !
    — Très, très instructif ! Mais continuez, madame Dubois, ajouta-t-il en lui servant un nouveau verre.
    — Où j’en étais ?
    — Madame venait de rentrer de Paris et…
    — … et Milord l’a rejointe chez elle et ils se sont chamaillés. Comme c’était en anglais j’comprenais pas. Et ça a duré un moment. Enfin, Milord est ressorti… en enfermant sa femme à clef. Il a mis la clef dans sa poche et, le lendemain, il a prévenu la cuisine que Madame était malade… contagieuse même et qu’il se chargerait personnellement de lui porter ses repas…
    — Malade ? Il a fait venir un médecin ?
    — Jamais on n’en appelle. C’est son valet de chambre indien qui s’en occupe. Il sait soigner, paraît-il, mais il n’est pas monté chez Madame. Après Milord a fait fermer les volets, sauf ceux de son appartement et de celui de Madame, qui donnent sur le jardin et qu’on ne peut voir du dehors. Puis il a défendu de répondre à la porte et au téléphone. Il a dit qu’il fallait faire comme s’ils étaient partis pour n’être dérangés par qui que ce soit-sous peine de « sanctions ». Personne ne devait plus entrer jusqu’à nouvel ordre.
    — Et le facteur ?
    — Il y a une grande boîte aux lettres dans le portail d’entrée. Personne ! Je viens de vous le dire… Et voilà le résultat !
    — On est sincèrement navrés !

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