Les "Larmes" De Marie-Antoinette
du temps ! conseilla Olivier de Malden. Quelques jours peuvent changer le cours des événements. Crawford vient d’avaler une amère pilule et il doit avoir besoin de souffler. Vauxbrun ne va pas passer sa vie à Strasbourg, M me de La Begassière va se remettre et nous n’allons pas permettre à ce vieux timbré de Ponant de jouer les coquettes pendant une éternité. Si nécessaire on ira chez lui… Donnons-nous un délai avant d’en appeler au comité d’honneur.
— Qui serait capable de nous laisser tomber ! dit lady Mendl. Si le malheur voulait que l’on ne retrouve pas le prince Morosini…
— Ne dites pas ça ! s’écria Marie-Angéline. C’est… c’est une idée que je ne peux pas supporter ! D’ailleurs… tous tant que vous êtes n’y croyez même pas ! Vous attendez tranquillement que l’on retrouve son cadavre ?
— Je ne vois pas ce que nous pourrions faire ? soupira Vernois.
— Aller chez le professeur et le passer à la question. Je suis sûre qu’il en sait beaucoup plus long que nous tous réunis sur « le Vengeur de la Reine » ! Et puis essayer de voir ce qui se passe au juste chez les Crawford !
— Nous n’avons aucune raison de forcer sa porte, fit remarquer Malden. Encore moins de demander un mandat de perquisition… que l’on ne nous donnerait pas !
— Ce serait pourtant instructif, émit la voix railleuse de Vidal-Pellicorne qui entrait en coup de vent, dépassant le serviteur qui n’eut pas le temps de l’annoncer. Mes excuses, mon général, de forcer ainsi votre porte mais je cherchais M lle du Plan-Crépin et l’on m’a dit qu’elle était chez vous.
— Ne vous excusez pas ! Si vous avez des informations importantes…
— Je vous laisse en juger : on a retrouvé l’imprimeur qui a tiré le supplément d’invitations pour le jour de l’inauguration.
— Et c’est ?
— Le même qui avait imprimé les autres. Il a cru de bonne foi que vous aviez besoin d’un supplément et n’avait aucune raison de suspecter celle qui les lui commandait.
— Celle ? s’enquit Malden.
— Lady Crawford ! Elle a payé royalement et demandé le secret : sa version était que son époux comptait faire venir plusieurs personnalités inattendues comme par exemple les acteurs en costume du film Le Collier de la Reine et d’autres artistes… Qu’en dites-vous ?
— Qu’il faut prévenir immédiatement Lemercier. Vous avez raison, cher ami, le nœud de l’histoire est là…
Mais, de toute la journée, il fut impossible de mettre la main sur le policier. Aux demandes instantes du général et du diplomate, l’inspecteur Bon répondit que son chef avait reçu, en fin de matinée, un message à la suite duquel il s’était jeté sur son chapeau et était parti à vitesse grand V en clamant qu’il avait un rendez-vous et que l’on expédie sanslui les affaires courantes.
— Il avait sa tête des mauvais jours ! leur confia-t-il d’un air accablé…
— Parce qu’il y a des jours où il en a une autre ? lâcha Malden exaspéré. Et quand doit-il revenir ?
— Je n’en pas la moindre idée ! Si vous voulez bien m’excuser ?
Le téléphone, en effet, se mettait à sonner.
Quand Adalbert et Marie-Angéline pénétrèrent dans le hall de l’hôtel, le directeur et Michel Berthier convergèrent sur eux. Le premier avait à dire que, M me la marquise de Sommières ayant eu un léger malaise, le médecin de l’hôtel avait été appelé et se trouvait auprès d’elle. Il n’eut pas le temps d’en dire davantage : M lle du Plan-Crépin, dédaignant l’ascenseur, escaladait déjà l’escalier à une allure de courant d’air.
— C’est grave ? demanda Adalbert.
— Je ne pense pas. Il est là depuis une demi-heure et il n’a pas encore réclamé d’ambulance.
— Ça ne veut strictement rien dire ! Qu’y a-t-il ? demanda-t-il au journaliste qui se tenait en retrait.
— J’ai à vous parler !
— Un instant ! Je vais voir où en est Tante Amélie et on cause ! Allez m’attendre au bar !
Adalbert redescendit au bout d’un moment : le diagnostic n’était qu’à moitié rassurant : les nerfs de la vieille dame venaient de lui jouer un tour : elle leur avait trop demandé ces derniers temps.
— Un traitement léger, du repos, et surtout pas d’émotions ! avait recommandé l’homme de l’art, plongeant Marie-Angéline dans un abîme d’incertitudes.
— C’est
Weitere Kostenlose Bücher