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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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c’est en ce lieu que sont reçus, fondamentalement, ceux qui souhaitent nous rejoindre bien que nous tenions en général nos réunions chez moi, en particulier aux mauvaises saisons…
    — C’est une idée très poétique, fit l’impétrante avec suavité. Ne sommes-nous pas dans le bosquet de la Reine ?
    Les sourcils broussailleux du professeur se rejoignirent jusqu’à former un petit buisson gris au-dessus de son œil courroucé :
    — Ce n’est pas du tout ça ! À l’époque on l’appelait le bosquet de Vénus, fit-il en appliquant une claque sur les jambes de la statue. Ne me dites pas que vous ignorez ce qui s’est passé à cet endroit ?
    Marie-Angéline comprit qu’elle aurait mieux fait de se taire. Tous ces gens semblaient personnellement offensés :
    — Je… ah oui ! Le bosquet de Vénus !… C’est là que…
    Sachant à quel point il aimait parler, elle espérait qu’il compléterait. Il n’y manqua pas :
    — … que s’est jouée cette comédie infâme dont les conséquences allaient ébranler le trône et ouvrir la voie à l’ignoble Révolution et aux malheurs dont allait souffrir notre bien-aimée souveraine. Là que cette misérable Jeanne de La Motte qui osait se dire Valois a définitivement asservi le cardinal de Rohan en l’amenant à s’agenouiller devant une fille de joie vêtue des habits de la Reine à laquelle, par l’un de ces coups affreux du destin, elle ressemblait ! Ce qui lui a permis de voler le fameux collier dont la copie se trouve dans notre exposition. C’est d’ici que tout est parti et c’est d’ici que nous partons, nous aussi, pour ce que je ne crains pas d’appeler notre croisade afin que, par-delà les siècles, nos contemporains prennent conscience de l’effroyable injustice, du crime commis contre la plus touchante des victimes…
    — Bravo, bravo ! applaudit un petit monsieur à barbiche grise élégamment habillé et portant un œillet à la boutonnière. La seule chose qui me gêne, c’est qu’on ne parle jamais du Roi ! C’est quand même lui qui a été exécuté le premier !
    — Je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’il l’a mérité mais s’il avait agi autrement il n’aurait pas détruit sa famille ! Il a fait de grosses bêtises et vous le savez bien…
    — Essayez d’être honnête ! À ce train, Marie-Antoinette aussi en a fait – puisque que nous en venons là –, la compassion qu’elle avait montrée à votre aventurière, sans oublier l’amusement qu’elle a pris, cachée dans l’une des salles de verdure qui sont autour de nous, en voyant mystifier un homme qu’elle détestait !
    — Ah, vous n’allez pas recommencer ! Vous savez ce que je pense de cette ânerie dont, hélas, certains historiens se sont faits l’écho ! Et j’en viens à me demander ce que vous cherchez chez nous, monsieur l’ancien attaché culturel d’Autriche. Plus qu’un autre vous devriez être le dévot absolu de Marie-Antoinette !
    Le vieux monsieur distingué se mit à rire :
    — Mais je le suis, cher professeur, je le suis ! Seulement la vérité n’a jamais déshonoré personne. La pauvre reine n’était pas la sainte que vous voulez en faire mais une femme avec ses faiblesses et c’est ce qui la rend tellement attachante !
    — Femme ! Faiblesses ! Attachante ! Qu’est-ce que ce pathos indigne de l’objet de notre culte ?
    — C’est justement le mot « culte » que je trouve excessif !
    — En ce cas, je ne vois pas la raison de votre présence, monsieur le marquis des Aubiers, vous dont les ancêtres ont dû prendre la poudre d’escampette au lendemain du 4 Août !
    — Pour un homme si savant je vous trouve bien mal renseigné : mes ancêtres, mon cher monsieur, sont morts sur l’échafaud ! Tous… sauf un qui était trop jeune, que l’on a caché ce qui lui a permis de ressusciter la famille. Sans lui je n’existerais pas !
    Un murmure dont on ne savait trop s’il était approbateur ou son contraire parcourut les assistants. Marie-Angéline, elle, ne manifesta rien, attendant la suite. Elle vint quand Ponant-Saint-Germain eut atteint une certaine nuance d’écarlate. Il vociféra :
    — Permettez-moi de le regretter ! Comme de vous avoir permis de vous joindre à nous !… Pas de fausses notes dans notre chœur à l’unisson et vous en êtes une. Aussi…
    Il étouffait à moitié mais fit un geste. Aussitôt la nouvelle recrue vit surgir avec surprise deux

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