Les lions diffamés
destiné à approvisionner au sommet du mât de gabie.
Sous le tendelet de poupe, recouvert durant les parades d’un gaillard d’étoffe richement brodé qui traînait dans la mer, on élevait parfois un trône. De cette chaire que les Italiens nommaient tabernacle et les Français carrosse, le capitaine dominait l’équipage. Il y avait une étable, un cellier ou compagne. La cuisine était souvent à ciel ouvert. On communiquait du château d’arrière au château d’avant par des corridors. Ils furent certainement encombrés à l’Écluse par la panique qui s’empara des marins et des hommes d’armes quand la bataille fut commencée.
ANNEXE II LES BOHON
Un cas parmi des centaines d’autres d’une famille normande passée à l’Angleterre après la victoire du conquérant à Hastings.
Nous devons à l’amabilité du Dr Jean Le Melletier, demeurant à Saint-André-de-Bohon, Manche, de reproduire quelques pages de son étude remarquable consacrée aux Normands qui firent souche outre-Manche. Il est l’auteur de deux ouvrages : Les Seigneurs de Bohon, illustre famille anglo-normande originaire du Cotentin ( Arnaud-Bellée, Coutances, 1978 ) et De la Manche vers l’Angleterre au temps de la Conquête ( Saint-Lô, 1989 ). Jean Le Melletier cite, pour le seul département de la Manche, 71 familles qui s’établirent dans la Grande Ile, dont l’une des plus estimées : les Bohon.
Bohon
Honfroi de Bohon figure sur les listes de Dives et de Falaise.
Wace [260] cite parmi les combattants de Hastings :
E. de Bohon le viel Onfrei (8 450).
Onfroi (Honfroi, Humfridus, Humphrey) premier du nom, était seigneur de Bohon (actuelles communes de Saint-André et de Saint-Georges-de-Bohon, canton Carentan). Il était un des fils de Richard de Mary établi à Saint-Côme-du-Mont (canton Carentan) et d’après la tradition d’origine viking.
Sur le Domesday Book il est inscrit comme tenant en chef pour la seule seigneurie de Tatterford dans le Norfolk.
De ses quatre fils, l’un fut moine ; les autres firent souche.
Onfroi II de Bohon l’aîné connut la faveur de deux rois : Guillaume le Roux et Henri I er . Il fut l’ancêtre de la branche la plus illustre.
Onfroi III, fils du précédent, était en Angleterre seigneur de Trowbridge (Wiltshire). En Normandie il conserva une partie des biens familiaux, notamment à Carentan. Il fut sénéchal et chancelier de Henri I er et joua ensuite un rôle actif dans le conflit qui opposa la fille de celui-ci, Mathilde l’Emperesse, à Étienne de Blois. Son fils Onfroi IV, mort avant lui, avait épousé la sœur du roi d’Écosse, Guillaume le Lion.
Henri de Bohon, fils d’Onfroi IV, premier comte de Hereford de la famille, opta pour Jean sans Terre lors du rattachement de la Normandie à la France de 1204 et ses biens sur le continent furent confisqués par Philippe Auguste. Il participa ensuite à la révolte des barons contre Jean sans Terre qui aboutit à la Grande Charte (1215) puis se joignit à la tentative de débarquement en Angleterre du dauphin Louis de France, fut fait prisonnier à la bataille de Lincoln, où celui-ci fut vaincu, et mourut en Terre Sainte.
Onfroi V de Bohon joignit au titre de comte de Hereford celui de comte d’Essex.
Onfroi VI participa à la lutte des barons contre Henri III.
Onfroi VII combattit les Gallois avec Édouard I er mais s’opposa à la politique autoritaire de celui-ci.
Onfroi VIII, « homme le plus distingué du royaume », épousa une des filles du roi Édouard I er . Sous le règne d’Édouard II il fut fait prisonnier par les Écossais et échangé contre la femme de Robert Bruce captive en Angleterre. Il combattit ensuite les favoris du roi et fut tué à la bataille de Boroughbridge (1322).
Onfroi IX était à la bataille de l’Écluse (1340) et débarqua avec Édouard III à la Hougue en 1346.
Guillaume de Bohon, frère du précédent, fut un homme de guerre réputé. Il fut fait comte de Northampton par Édouard III, fit partie de l’ambassade envoyée par celui-ci à Philippe VI de Valois pour faire valoir ses droits au trône de France et se distingua aux batailles de l’Écluse et de Crécy.
La lignée se termina avec Onfroi X. Fils de Guillaume, il hérita de l’honneur de son père puis de ceux de son oncle Onfroi IX et fut donc comte de Hereford, d’Essex et de Northampton.
Il mourut prématurément, laissant deux filles : l’aînée, Eleonore, fut
Weitere Kostenlose Bücher