Les Médecins Maudits
« l’Aigle baissait la tête »… Hitler ordonna d’arrêter l’euthanasie sur tout le territoire. Deux cent soixante quinze mille personnes avaient été « assassinées cx » . Normalement les juristes, les administrateurs, les médecins auraient dû être jugés car le code pénal en vigueur condamnait :
— La destruction des vies sans valeur, cas mentaux sérieux et cas d’idiotie totale.
Plusieurs dizaines de procès nous ont familiarisés avec la pensée et la dialectique des adeptes du crime médical :
— C’était un ordre.
— Nous soulagions… La délivrance par la mort est un acte de charité.
Je sais qu’aujourd’hui cxi de nombreuses personnes, en leur âme et conscience, sont favorables à l’euthanasie « dans des circonstances très particulières ». Les Cours d’Assises ont rendu des sentences indulgentes ces dernières années (en particulier procès de la Thalidomide à Liège). Mais n’oublions pas que le programme allemand frappait n’importe qui : curables et incurables, enfants attardés et vieillards, anciens combattants, tous les malades juifs, tous les malades étrangers. Un seul expert « expédiait » les dossiers. Les familles des « retenus » n’étaient jamais prévenues, ni les médecins traitants. N’oublions pas non plus que les médecins des camps se retranchant derrière le décret d’Hitler « vidaient » les infirmeries et « sélectionnaient » sur les rampes d’accès aux places d’appel.
Un médecin français, le docteur Poitrot, fut chargé à la fin de la guerre d’enquêter sur ce sujet. Voici la conclusion du rapport qu’il adressa à la direction de la Santé Publique de la zone française d’occupation cxii .
— Il faut voir dans cette réalisation l’aboutissement logique de la doctrine national-socialiste qui, par une démonstration cruciale, illustre ici même sa nature et ses tendances. Les observateurs les moins suspects : le Clergé et certains psychiatres allemands, ont eu l’impression que ces mesures ne constituaient qu’un prélude à de plus vastes entreprises d’extermination auxquelles il eût été donné d’assister avec la victoire totale du régime. En fait, il semblait bien que la pratique massive du meurtre scientifique dont la technique était mise au point et poursuivie par des expériences corollaires dans les camps de concentration, fut assurée de la plus large extension dans l’avenir et prit la valeur d’une institution d’État.
20
aujourd’hui
Il est inutile de conclure longuement après cette lecture du dossier accablant de l’expérimentation humaine dans les camps de concentration : les faits suffisent et ont suffi à condamner les Médecins Maudits.
Il est généralement admis que toutes ces expériences sur les détenus n’ont apporté aucune découverte. Rascher, le plus démoniaque des bourreaux en blouse blanche, a mis au point une ceinture de sauvetage dont les principes ont été reconnus par plusieurs armées et par l’ensemble des compagnies aériennes ; c’est un piètre résultat si l’on considère l’étendue des recherches entreprises et le nombre considérable de cobayes et de victimes.
Aujourd’hui dans le monde, des dizaines de chercheurs « rêvent » de « travailler sur le vivant », les résultats de l’expérimentation animale étant bien souvent limités. Ces savants rencontrent dans les pénitenciers des volontaires « conditionnés ». Mais peut-on être pleinement volontaire en prison ?
Bien sûr, ces « essais sur le vivant » n’ont rien de comparable aux atrocités nazies ; aujourd’hui on respecte les Dix Règles de Nuremberg. Mais…
Aujourd’hui dans le monde, il existe plus de dix mille associations pour lutter contre les expérimentations animales, mais pas une seule, pas une seule pour réclamer l’interdiction des expérimentations humaines.
Paris, août 1967
ANNEXES
Annexe I SERMENT D’HIPPOCRATE
— Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et déesses et les prends à témoin que j’accomplirai, selon toutes mes forces et mes capacités, ce serment tel qu’il est écrit.
— Je regarderai comme mon père celui qui m’a enseigné la médecine et je partagerai avec lui tout ce dont il aura besoin pour vivre. Je regarderai ses enfants comme mes frères.
— Je prescrirai aux malades le régime qui leur convient avec autant de savoir et de
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