Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
cavalerie :
«Il avait été superbe, dit il, dans sa première jeunesse ; en garnison à Lille, sous Louis XV, il avait frappé les yeux de Mlle Clairon qui y débutait alors, et en avait été remarqué. J'ai encore vu les restes de ses équipages tels que sa magnifique argenterie de campagne... Il avait servi longtemps dans les armées de Louis XV, et avait reçu la croix de Saint-Louis à la bataille de Fontenoy. Rentré dans sa province avec le grade de capitaine de cavalerie, il y avait rapporté les habitudes d'élégance, de splendeur et de plaisirs contractées à la Cour et dans les garnisons.»
Si les Mémoires de la Clairon sont muets sur son séjour à Lille, tout au moins retrouve-t-on trace des équipages dans le laissez-passer que lui délivra le 27 juillet 1748, à Bruxelles, le maréchal de Saxe [«Maurice de Saxe, duc de Gourlande et de Semigalie, maréchal général des camps et armées du roi, commandant général des Pays-Bas, etc. Laissez librement et sûrement passer le sieur de la Martine, capitaine au régiment de Monaco, pour aller en France avec ses domestiques et équipages sans lui donner aucun trouble ni empêchement. Fait à Bruxelles le 17 juillet 1748 (bon pour un mois).—M. de Saxe. Par Monseigneur, de Bonneville.» Communication de M. Loiseau.]. Quant à ses habitudes de luxe et de splendeur, nous en avons la preuve dans les embellissements qu'il apporta à ses propriétés et à sa belle bibliothèque où chaque volume était timbré de ses armes [Toute cette bibliothèque fut dispersée, soit pendant la Révolution, soit au moment de la vente de Montceau. On en rencontre parfois des volumes chez les amateurs.].
Quelques années après son retour à Mâcon, il épousa le 23 août 1749 Jeanne-Eugénie Dronier, fille de Claude-Antoine Dronier, seigneur du Villard et de Pratz, conseiller au Parlement de Besançon, et de Cécile-Eugénie Dolard, qui lui apporta en dot d'importants domaines dans le Jura [Les Dronier, seigneurs du Villard et de Pratz sont originaires de Saint-Claude (Jura).
Jean-Claude Dronier, maître en la chambre des comptes de Dole, épousa le 6 juin 1692 Marie-Claudine Chevassu. Leur fils, Claude-Antoine, conseiller au Parlement de Besançon, épousa, le 19 novembre 1719, Cécile-Eugénie Dolard.]. Ainsi, à la fin du xviiie siècle, la famille de Lamartine était, on le voit, un des plus considérables du pays. Le 18 novembre 1760, Louis-François fut même élu de la noblesse aux États particuliers du Mâconnais, où les représentants des trois ordres réglaient les affaires de leur province [Les Lamartine prirent séance aux chambres de la noblesse du Mâconnais à partir du 27 décembre 1676.
Dans la liste électorale pour les États généraux de 1789, tenue le 18 mars en l'église Saint-Pierre de Mâcon, Louis-François y est nommé pour la châtellenie d'Igé et Domange ; François-Louis et Pierre, ses deux fils, pour la prévoie de Saint-André-le-Désert (Arch. Nat., B. III 105, et de la Roque et Barthélémy, Catalogue des gentilshommes de Bourgogne aux États généraux de 1789, Paris, 1862). Le 28 mars, il figura également à l'assemblée des trois ordres du bailliage de Dijon, comme seigneur d'Urey, de Montculot, Charmoy, Poissot, Fleurey et Quémigny.].
D'autre part, d'heureux mariages avaient augmenté le patrimoine ancestral. En 1750, Louis-François avait acquis près de Dijon la seigneurie d'Urcy avec le château de Montculot, admirablement situé sur un plateau raviné et tourmenté, et entouré de magnifiques forêts ; quatorze sources avaient été captées pour embellir le parc qui descendait en gradins sur les flancs de la colline, et les bâtiments, aujourd'hui ruinés, semblent avoir été élevés à cette époque.
En outre, il possédait en Mâconnais des vignobles importants : c'était Péroné, Champagne et Collonges [Collonges, hameau de la commune de Prisse, non loin de Mâcon ; Champagne, hameau de la commune de Pérone.] ; La Tour de Mailly [La Tour de Mailly, nom aujourd'hui disparu, était situé à Igé (canton de Lugny), près du chemin de cette paroisse à Bertzé.
Ce fief dépendait de la seigneurie d'Escole, et consistait en un château, «plusieurs cens et héritages» et le droit d'usage de la forêt de Malessard, domaine royal. Louis-François l'acquit en 1730 de Melchior Cochet, et exerça une reprise de fief le 4 mai 1748.], Escole, Milly, dont les terres avaient presque doublé depuis Jean-Baptiste, et
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