Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812
nom, c'eût été, a-t-il dit, un crime contre le sang. Il fallut se décider malgré tout.
Tout au moins lui laissa-t-on faire un mariage d'inclination, puisqu'il épousa une jeune fille qu'il aimait depuis longtemps, mais peu dotée, ce qui n'était guère dans les traditions de la famille : Françoise-Alix Des Roys, chanoinesse-comtesse au chapitre de Salles en Beaujolais, fille d'un intendant des finances du Palais-Royal et d'une sous-gouvernante des enfants du duc de Chartres.
CHAPITRE II - LES DES ROYS
[Sources et bibliographie : Titres et papiers de la famille Des Roys (xve-xixe siècle), communiqués par M. le baron Carra de Vaux.—Archives dép. de la Haute-Loire.—Archives municipales de Montfaucon.
Obituarium Lugdunensis ecclesiæ (Lyon, 1867, éd. Guignes).—Obituarium Sancti-Pauli Lugdunensis (1872, id.).—Obituarium Sancti-Petri Lugd. (1880, id., ibid.).—Cartulaire des hospitaliers du Velay (Le Puy, 1888).—Cartulaire des Templiers du Velay (id., 1882).—Répertoire général des hommages de l'évêché du Puy (1887).—Recueil des chroniqueurs du Puy (éd. Chassaing, 3 vol. 1869-75).—Notes sur le monastère de Montfaucon, par l'abbé Theillère (1876).—Nobiliaire d'Auvergne, par Bouillet (7 vol., 1846-53).—Le Livre d'or du Lyonnais (Lyon, 1866).—Jean-Louis Des Roys, par Al. Carra de Vaux (l'Investigateur, revue de l'institut historique, année 1850).—Mémoires inédits de Me de Genlis (10 vol., 1825-27).—L'Assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Lyon en 1789, par H. de Jouvencel (Lyon, 1907).—Grimod de la Reynière et son groupe, par Desnoiresterres (1875).—Lucien Bonaparte, par Ch. Iung (t. II, 1882).—Lucien Bonaparte et sa famille (Paris, 1889).—The marriages of the Bonapartes, par Bingham (Londres, 1881).—Armorial du premier Empire, par A. Révérend (Paris, 1894, 4 vol.).—Titres et anoblissements de la Restauration (Paris, 1901, 6 vol.).]
Les Des Roys, famille de juristes et de magistrats, n'ont guère laissé de trace dans l'histoire de leur temps ; comme les Lamartine en Bourgogne, ils vécurent tous en Auvergne la même existence probe et obscure du gentilhomme provincial fidèle au pouvoir et aux traditions, sans qu'aucun grave événement vînt modifier leurs jours paisibles et bien occupés.
Avocats de père en fils dès le début du xvie siècle, ils resteront toujours pauvres : ni leur carrière peu fructueuse, ni le sol ingrat du Velay ne pouvaient les enrichir.
Il est difficile d'attribuer des origines précises à leur noblesse et à leur nom. Dans tous les actes les concernant ils sont bien qualifiés de nobles, mais aucun d'eux, soit par la seigneurie d'une terre noble, soit par l'achat d'une charge conférant la noblesse, n'a jamais répondu aux conditions requises du noble pour justifier ses prérogatives. Reste l'hypothèse du fait acquis, dont bénéficiaient les familles autochtones ou très anciennement connues dans une région : seule elle paraît applicable aux Des Roys dont le nom n'est pas celui d'un fief ajouté au nom patronymique et supprimé peu à peu par l'usage, puisqu'on rencontre au cours des xvie et xviie siècles des Des Roys d'Eschandelys, Des Roys de Lédignan, Des Roys de Chazotte, Des Roys de la Sauvetat. Pourtant leur noblesse est incontestable. Le fait d'avoir suivi l'exemple des vieilles familles de France en ne profitant pas de l'édit royal de 1696 pour faire enregistrer officiellement leurs armes prouve qu'en Auvergne ils n'avaient plus à fournir leurs preuves [Aucun Des Roys ne figure à l'Armorial général du Cabinet des titres.].
Quant au nom même, il est latin et ne provient pas, comme on serait porté à le croire, de Regibus, mais de Rex, décliné suivant sa fonction dans la phrase, transformé peu à peu en Reis, puis en Roys ; l'évolution est d'ailleurs facile à suivre du xiie au xiiie siècle. De Regibus n'apparaît qu'au xve siècle, alors que le nom tout à fait francisé est traduit alors sous son équivalent le plus exact dans les actes latins.
Des nombreux Rex, Regis, Rege ou Reis—la plupart notaires ou clercs—qui figurent dans les cartulaires ou polyptyques de la région lyonnaise de 1100 à 1400[36], on peut conclure que là est le véritable berceau de cette famille, plus tard divisée en plusieurs branches, mais toute possessionnée en Languedoc, en Auvergne ou en Bugey ; celle qui nous occupe se fixa en Velay où la première mention qu'on en rencontre remonte à 1279. À
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