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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’en rendre compte, avoua-t-elle, devinant les
pensées de Tom. Jack n’avait jamais eu la compagnie d’autres enfants, ni
d’ailleurs d’autres humains, à l’exception de sa mère, et le résultat était
qu’il grandissait comme un animal sauvage. Malgré toute son instruction, il ne
savait pas se comporter avec les gens. Voilà pourquoi il gardait le silence,
fixait les gens et cherchait à attraper tout ce qui passait à sa portée. En
disant cela, pour la première fois, Ellen parut soudain moins sûre d’elle et
Tom la vit troublée, presque désespérée. Elle devait, pour Jack, rejoindre la
société ; mais comment ? Si elle avait été un homme, elle aurait pu
persuader quelque seigneur de lui faire don d’une ferme. Elle aurait pu
prétendre, pour les fléchir, qu’elle revenait d’un pèlerinage à Jérusalem ou à
Saint-Jacques-de-Compostelle. Les rares femmes qui cultivaient des fermes
étaient toujours des veuves avec de grands fils. Aucun seigneur ne donnerait
une ferme à une femme seule chargée d’un jeune enfant. Personne ne l’engagerait
non plus comme ouvrière, ni à la ville ni à la campagne ; d’ailleurs, elle
n’avait pas d’endroit où habiter et il était rare qu’on fournît le logement aux
simples manœuvres. Elle n’avait pas d’identité. Tout ce qu’elle pouvait, elle
l’avait donné à son enfant et ce n’était pas assez. Tom compatissait à son
malheur. Mais il ne voyait pas de solution. Si belle, pleine de ressources et
redoutable qu’elle fût, elle était condamnée à passer le restant de ses jours
cachée dans la forêt avec son étrange fils…
    Agnès,
Martha et Alfred revinrent. Tom examina Martha d’un regard anxieux, mais elle
ne portait pas trace de blessure grave. Pendant qu’il écoutait Ellen exposer
ses problèmes, il avait un peu oublié les siens. Mais la réalité
s’imposait : il était sans travail et on lui avait volé son cochon.
L’après-midi touchait à sa fin. Il commença à ramasser les affaires qui leur
restaient.
    « Où
allez-vous ? demanda Ellen.
    — A
Winchester », répondit Tom. La ville comportait plusieurs monastères et –
surtout – une cathédrale.
    « Salisbury
est plus près, dit Ellen. Et la dernière fois que j’y étais on rebâtissait la
cathédrale, on l’agrandissait. »
    Tom sentit
son cœur bondir. C’était ce qu’il cherchait. Si seulement il pouvait trouver du
travail sur le chantier d’une cathédrale, il était persuadé qu’il aurait la
possibilité de finir maître bâtisseur.
    « Quelle
est la route de Salisbury ? demanda-t-il aussitôt.
    — Vous
revenez sur vos pas pendant une lieue, une lieue et demie. Vous rappelez-vous
un embranchement de la route où vous avez pris à gauche ?
    — Oui…
Auprès d’une mare d’eau croupie.
    — C’est
cela. La branche de droite mène à Salisbury. »
    Ils se
séparèrent. Agnès n’éprouvait guère de sympathie pour Ellen, mais elle réussit
néanmoins à dire avec grâce : « Merci de m’avoir aidée à soigner
Martha. »
    Ellen
sourit et les regarda partir d’un air pensif. Au bout de quelques minutes, Tom
se retourna. Debout, au milieu de la route, une main en visière au-dessus des
yeux, son étrange garçon auprès d’elle, Ellen continuait à les suivre du
regard. Tom la salua du bras et elle répondit.
    « Une
femme intéressante », dit-il à Agnès.
    Agnès ne
répliqua pas.
    « Ce
garçon était bizarre », dit Alfred.
    Ils
avançaient dans le soleil déclinant. Tom se demandait à quoi ressemblait
Salisbury, cette ville qu’il ne connaissait pas. Il se sentait excité. Bien
sûr, il rêvait de bâtir une nouvelle cathédrale, mais l’occasion se présentait
rarement. Il était beaucoup plus courant de trouver une vieille bâtisse qu’on
améliorait, qu’on agrandissait ou qu’on retapait en partie. Ce serait assez bon
pour l’instant, en attendant la perspective, un jour ou l’autre, de construire
suivant ses propres plans.
    « Pourquoi
l’homme m’a frappée ? dit Martha.
    — Parce
qu’il voulait voler notre cochon, lui expliqua Agnès.
    — Il
n’a qu’à avoir un cochon à lui », dit Martha avec indignation, comme si
elle venait de comprendre que le hors-la-loi avait fait quelque chose de mal.
    Le
problème d’Ellen aurait été résolu si elle avait eu un métier, songea Tom. Un
maçon, un charpentier, un tisseur ou un tanneur ne se seraient pas trouvés dans
sa situation. Ils

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