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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’émouvoir. Sinon à la
cathédrale, peut-être au château.
    — Qui
gouverne le château ?
    — Le
même Roger est à la fois évêque et gouverneur. » Bien sûr, se dit Tom. Il
avait entendu parler du puissant Roger de Salisbury, un ami du roi depuis
toujours.
    Ils
franchirent la porte et pénétrèrent dans la ville, qui débordait d’animation.
Les maisons de bois se pressaient épaules contre épaules, comme des spectateurs
à une pendaison. La moindre parcelle de terrain était utilisée : là où on
avait bâti deux demeures séparées par une allée, quelqu’un avait édifié dans la
ruelle une petite habitation, sans fenêtre parce que la porte occupait presque
toute la façade. S’il n’y avait pas de place, même pour la plus étroite
maisonnette, on avait installé un étal où l’on vendait de la bière, du pain ou
des pommes ; et s’il n’y avait pas de place pour un étal, on trouvait une
étable, une porcherie, un tas de fumier ou un tonneau d’eau.
    Et que de
bruit, aussi ! Vacarme des ateliers, cris des colporteurs vantant leur
marchandise, des gens se saluant, discutant et se querellant, tumulte, des
bêtes hennissantes, aboyantes et combattantes…
    D’une voix
aiguë pour dominer le brouhaha, Martha demanda :
    « Qu’est-ce
qui sent si mauvais ? »
    Tom
sourit. Cela faisait bien deux ans qu’elle n’était pas venue dans une ville.
« C’est l’odeur des gens », lui dit-il. La rue était à peine plus
large que le char à bœufs, mais le charretier ne voulait pas laisser ses bêtes
s’arrêter de crainte qu’elles ne puissent pas repartir ; il les fouettait
donc, ignorant tous les obstacles, elles se frayaient obstinément un chemin à
travers la multitude, bousculant au passage un chevalier sur son destrier, un
forestier avec un arc, un moine bedonnant sur un poney, des hommes d’armes et
des mendiants, des ménagères et des prostituées.
    Le sol
sous leurs pas était une mer de boue et d’ordure. Faute de gouttières, toute la
pluie qui tombait sur les toits de cette moitié de la ville s’écoulait dans
cette rue. En cas de gros orage, se dit Tom, il doit falloir un bateau pour
circuler !
     
    A
l’approche du château au sommet de la colline, la rue s’élargissait. Il y avait
là des maisons de pierre, dont certaines nécessitaient quelques réparations.
Elles appartenaient à des artisans et à des négociants, qui avaient leur
boutique et leur magasin au rez-de-chaussée et leur habitation au-dessus. A la
quantité et la diversité de marchandises à vendre, Tom devina que c’était une
ville prospère.
    A côté des
instruments indispensables comme les couteaux, on voyait des châles brodés, des
ceintures décorées et des boucles d’argent, que seuls pouvaient s’acheter les
riches.
    Devant le
château, le charretier fit tourner sa paire de bœufs vers la droite et Tom le
suivit avec sa famille. La rue décrivait un quart de cercle pour contourner les
remparts du château fort. Franchissant une autre porte, ils quittèrent le
tohu-bohu de la ville aussi brusquement qu’ils y étaient entrés et se
trouvèrent dans une autre sorte de maelström : l’animation frénétique mais
ordonnée d’un grand chantier de construction.
    Ils
étaient à l’intérieur de l’enceinte de la cathédrale, qui occupait tout le
quartier nord-ouest de la ville. Tom resta un moment à observer les lieux. Deux
charrettes repartaient à vide. Dans des appentis, tous le long des murs
latéraux de l’église, on pouvait voir des maçons sculpter des blocs de pierre
avec des ciseaux et de grands maillets pour leur donner la forme de plinthes,
de colonnes, de chapiteaux, de piliers, d’arcs-boutants, de voûtes, de
fenêtres, de tourelles et de parapets. Au beau milieu de l’enceinte, à l’écart
des autres bâtiments, se dressait la forge, dont on voyait la lueur du feu par
la porte ouverte ; et le fracas du marteau sur l’enclume retentissait
tandis que le forgeron fabriquait de nouveaux outils pour remplacer ceux que
les maçons étaient en train d’user. Là où la plupart des gens n’auraient vu
qu’une scène chaotique, Tom y perçut un vaste et complexe mécanisme qu’il
brûlait d’envie de contrôler. Il savait ce que chaque homme faisait et il
voyait aussitôt comment le travail avait progressé : on était en train de
construire la façade est.
    Du côté
est, une série d’échafaudages montait jusqu’à vingt-cinq ou trente pieds.

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