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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Les
maçons, sous le portail, attendaient que la pluie cesse, mais leurs manœuvres
montaient et descendaient les échelles, des pierres sur l’épaule. Plus haut,
dans la charpente du toit, on apercevait les couvreurs, comme des araignées sur
une gigantesque toile de bois, occupés à clouer des feuilles de plomb sur les
entretoises et à installer des gouttières et des tuyaux d’écoulement.
    Tom se
rendit compte, à regret, que la construction était presque terminée. Si on
l’engageait ici, le travail ne durerait guère plus de deux ans – pas assez de
temps pour arriver à la position de maître maçon, encore moins de maître
bâtisseur. Il accepterait pourtant le travail si on le lui offrait, car le
froid arrivait. Sans le cochon, sa famille et lui ne survivraient pas à un
hiver de chômage.
    Ils
suivirent la charrette jusqu’à l’endroit où l’on entassait les pierres. Les
bœufs plongèrent avec délice leurs têtes dans l’auge.
    « Où
est le maître bâtisseur ? demanda le charretier à un maçon qui
passait :
    — Au
château. »
    Le
charretier se tourna vers Tom. « Tu le trouveras sans doute au palais de
l’évêque.
    — Merci.
    — Merci
à toi. »
    Tom
s’éloigna, suivi d’Agnès et des enfants. Ils revinrent sur leurs pas par les
rues étroites et grouillantes jusque devant le château. Une autre douve
asséchée et un second grand rempart de terre entouraient le bastion central.
Ils franchirent un pont-levis. Dans un poste de garde, un homme trapu, vêtu
d’une tunique de cuir, était assis sur un tabouret, à regarder la pluie. Il
portait une épée. Tom s’adressa à lui. « Bien le bonjour. On m’appelle Tom
le Bâtisseur. Je voudrais voir le maître bâtisseur, John de Shaftesbury.
    — Avec
l’évêque », dit le garde d’un ton indifférent.
    Ils
entrèrent. Comme la plupart des châteaux forts, c’était une collection de
bâtiments hétéroclites regroupés à l’intérieur d’un mur de terre. La cour avait
une cinquantaine de toises de large. En face de la porte, tout au fond, se
dressait le donjon massif, dernier refuge en cas d’attaque, qui s’élevait bien
au-dessus des remparts pour servir de tour de guet. Sur leur gauche, des
bâtiments bas pour la plupart en bois : une longue écurie, une cuisine,
une boulangerie et plusieurs magasins. Il y avait un puits au milieu. Sur la
droite, occupant presque toute la moitié nord de l’enceinte, une grande maison
de pierre – de toute évidence le palais, comportant deux étages et bâti dans le
même style que la nouvelle cathédrale, avec des portes et des fenêtres au faîte
arrondi. Un palais tout neuf : d’ailleurs les maçons travaillaient encore
dans un coin, à construire une tour semblait-il. Une foule de gens allait et
venait, se hâtant sous l’averse d’un bâtiment à un autre : hommes d’armes,
prêtres, marchands, ouvriers et serviteurs du palais.
    Tom
aperçut plusieurs portes, toutes ouvertes malgré la pluie. Il ne savait trop
quoi faire. Si le maître bâtisseur parlait avec l’évêque, peut-être ne
fallait-il pas les interrompre. D’un autre côté, un évêque n’est pas un
roi ; et Tom était un homme libre et un maçon, non un humble serf venu
faire ses doléances. Il décida de se montrer audacieux. Laissant là Agnès et
Martha, il traversa avec Alfred la cour boueuse et entra par la première porte.
    Ils se
retrouvèrent dans une petite chapelle avec un plafond en voûte et une fenêtre
tout au fond au-dessus de l’autel. Près de l’entrée, un prêtre, assis à un
bureau, écrivait rapidement sur du parchemin. Il leva la tête.
    « Où
est maître John ? demanda Tom.
    — Dans
la sacristie », dit le prêtre en désignant de la tête une porte dans le
mur de côté.
    Tom ne se
fit pas annoncer : ainsi ne risquait-il pas d’attendre. En deux enjambées,
il traversa la petite chapelle et entra dans la sacristie.
    C’était
une petite pièce carrée éclairée par de nombreuses chandelles et presque
entièrement occupée par une fosse emplie de sable qu’on avait soigneusement
aplanie avec une règle. Deux hommes se trouvaient dans la pièce. Ils jetèrent
un bref coup d’œil à Tom, avant de reporter leur attention sur le sable.
L’évêque, un vieil homme ridé aux yeux noirs étincelants, y traçait un dessin
avec le bout d’un bâton. Le maître bâtisseur, en tablier de cuir, l’observait
d’un air patient et sceptique.
    Tom
attendit. Il

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