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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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rapporté. Quelques jours
plus tard, on le jetait en prison. »
    Jack
s’approcha pour regarder la page ouverte. « C’est en français !
s’écria-t-il.
    — Comment
le sais-tu ? s’étonna-t-elle. Tu sais lire ?
    — Oui.
Mais je croyais que tous les livres étaient en latin.
    — Presque
tous. Celui-ci est différent. C’est un poème qui s’appelle « Le roman
d’Alexandre ». »
    Jack
pensait : Enfin… je lui parle ! C’est merveilleux ! Mais que
dire maintenant ? Comment continuer ? Il chercha ses mots.
« Euh… de quoi parle-t-il ?
    — C’est
l’histoire d’un roi du nom d’Alexandre le Grand et on y raconte comment il a
conquis des pays merveilleux en Orient où des pierres précieuses poussent dans
les vignes et où les plantes parlent. »
    Jack en
oublia sa timidité : « Comment les plantes peuvent-elles
parler ? Elles ont des bouches ?
    — Le
livre ne le dit pas.
    — Vous
croyez que c’est une histoire vraie ? »
    Elle le
regarda avec intérêt et il contempla ses beaux yeux sombres. « Je ne sais
pas, dit-elle, je me demande toujours si les histoires sont vraies. La plupart
des gens s’en moquent : ils aiment simplement les histoires.
    — Sauf
les prêtres. Ils croient toujours que les histoires sacrées sont vraies.
    — Oh !
Mais elles sont vraies… »
    Jack
doutait autant des histoires saintes que des autres ; mais sa mère, qui
lui avait enseigné le scepticisme, lui avait aussi appris la discrétion. Il ne
s’attarda pas sur ce point. Par ailleurs, il s’efforçait de ne pas regarder le
corps d’Aliena, de ne pas montrer son trouble. Il chercha à reprendre la
conversation. « Je connais beaucoup d’histoires. Je connais « La
chanson de Roland », et « Le pèlerinage de Guillaume d’Orange »…
    — Comment
les connais-tu ?
    — Je
peux les réciter.
    — Comme
un trouvère ?
    — C’est
quoi un trouvère ?
    — Un
voyageur qui raconte des histoires. »
    Jack
faisait là une autre découverte. « Je n’en ai jamais entendu parler.
    — Il
y en a beaucoup en France. Quand j’étais enfant, j’allais souvent dans ce pays.
J’adorais les trouvères.
    — Mais
comment font-ils ? Ils s’installent dans la rue pour raconter leurs
histoires ?
    — Parfois
oui. Ils vont dans les grandes salles des châteaux les jours de fête. Ils se
produisent sur les marchés et dans les foires. Ils donnent le spectacle aux
pèlerins devant les églises. Les grands barons ont parfois leurs propres
trouvères. »
    Jack eut
soudainement conscience de tenir avec Aliena une véritable discussion comme
jamais il ne pourrait le faire avec aucune autre fille de Kingsbridge. Aliena
et lui étaient les seuls de cette ville, à part sa propre mère, à connaître les
romans de chevalerie français. Ils partageaient alors un même intérêt !
Cette pensée le troubla tellement qu’il perdit le fil de ses pensées et se
retrouva muet.
    Par
bonheur, elle poursuivait. « D’ordinaire, le trouvère joue du violon en
récitant l’histoire. Il joue vite, des notes aiguës pour les batailles,
lentement et doucement quand deux personnages sont amoureux, saccadé quand
c’est drôle.
    — J’aimerais
bien savoir jouer du violon, dit-il, pensif.
    — Tu
sais vraiment réciter des histoires ? » demanda-t-elle.
    Il
n’arrivait pas à croire qu’elle s’intéressait sincèrement à sa personne, que
ses questions s’adressaient à lui. La curiosité embellissait encore les traits
d’Aliena. « C’est ma mère qui m’a appris, dit-il. On vivait dans la forêt,
nous deux tout seuls. Elle me répétait sans cesse les mêmes histoires.
    — Mais
comment peux-tu t’en souvenir ? Certaines sont si longues qu’il faut des
jours pour les raconter entièrement.
    — Je
ne sais pas. C’est comme suivre son chemin dans la forêt. On n’a pas toute la forêt
dans l’esprit, mais en chaque endroit on sait quelle direction prendre. »
En regardant le texte de son livre, un autre détail le frappa. Il s’assit sur
l’herbe auprès d’Aliena pour vérifier de plus près. « Les rimes sont
différentes », dit-il.
    Elle ne
comprenait pas ce qu’il voulait dire. « Différentes ?
    — Plus
riches. Dans « La chanson de Roland », le mot cheval rime avec manne ou avec balle. Dans votre livre, cheval rime avec val ,
mais pas avec manne ; armure rime avec murmure mais pas avec amour. C’est une façon complètement différente de rimer.

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