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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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nom. En fait, il
pressentait quelque chose d’inavouable, qui lui ferait honte.
    Alfred
souriait, très content de lui. L’effet de sa révélation l’avait comblé d’aise.
Son expression exaspéra Jack. Il était assez pénible pour Jack de savoir que
son père avait été pendu, mais qu’Alfred s’en réjouisse dépassait les bornes.
Sans réfléchir, Jack lança sa bière au visage d’Alfred.
    Les autres
apprentis, qui avaient observé la dispute des deux demi-frères, reculèrent
précipitamment de quelques pas. Alfred s’essuya le visage, poussa un
rugissement de colère et décocha un coup de poing avec une surprenante rapidité
pour un gaillard de sa taille. Le coup toucha Jack à la joue, avec une telle
violence qu’au lieu de lui faire mal, il l’engourdit. Jack n’eut pas le temps
de réagir que déjà l’autre poing le frappait en plein ventre. La douleur fut
terrible. Il eut l’impression que jamais il ne retrouverait son souffle. Il
s’effondra sur le sol. Au moment où il louchait terre, Alfred lui décocha dans
la tête un coup de sa lourde botte et, pendant un moment, il ne vit rien qu’une
lumière éblouissante.
    En roulant
sur lui-même il parvint à se remettre debout, mais en se redressant, Jack
sentit qu’on l’empoignait. C’était Alfred qui revenait à charge. Il avait peur,
maintenant. Alfred serait sans pitié. Si Jack ne parvenait pas à s’échapper,
l’autre allait le réduire en bouillie. La poigne d’Alfred était si forte que
Jack n’arrivait pas à se libérer, puis Alfred prit son élan pour frapper encore
et Jack en profita pour lui échapper. Alfred se précipita à sa poursuite. Jack
contourna un baril de chaux qu’il renversa au passage si bien que son contenu
se répandit devant les pas d’Alfred. Celui-ci eut le réflexe de sauter
par-dessus le tonneau, mais il tomba de plein fouet sur une barrique d’eau qui
à son tour se renversa. L’eau au contact de la chaux se mit à bouillir et à
siffler. Les bâtisseurs, voyant gâcher ce coûteux matériel, poussèrent des cris
de protestation. Jack courait, toujours courbé en deux sous la douleur et à
moitié aveuglé par le coup de pied qu’il avait reçu dans la tête. Alfred qui
arrivait sur ses talons lui fit un croche-pied. Jack s’étala de tout son long.
Je vais mourir, pensa-t-il en s’écroulant. Alfred va me tuer. En rampant, il se
réfugia sous une échelle appuyée contre l’échafaudage. Alfred arrivait sur lui.
Jack se sentait comme un lapin traqué. Ce fut l’échelle qui le sauva. Comme
Alfred plongeait dessous, Jack repassa par-devant et escalada les barreaux,
comme projeté par une catapulte.
    Il sentit l’échelle
trembler car Alfred montait derrière lui. D’ordinaire, il était plus rapide,
mais là, encore assommé et hors d’haleine, il peinait douloureusement. Arrivé
en haut, il sauta sur l’échafaudage et trébucha contre le mur. Les pierres
avaient été posées le matin même et le mortier était encore humide. Au moment
où Jack les heurta, tout un pan du mur se déplaça et trois ou quatre pierres
glissèrent dans le vide. Jack crut qu’il allait partir avec elles. Il vacilla
au bord de la planche et vit les grosses pierres tomber en tournoyant de plus
de quatre-vingts pieds de haut, pour aller s’écraser sur les toits des chalets
au pied du mur. Il se redressa, espérant qu’il n’y avait personne en bas.
Alfred cependant parvenait en haut de l’échelle et s’avançait vers lui sur le
fragile échafaudage.
    Il était
rouge et haletant, les yeux chargés de haine. Jack ne doutait pas que dans cet
état Alfred était capable de tuer. S’il met la main sur moi, songea-t-il, il va
me jeter dans le vide. Il battit en retraite. Il marcha dans quelque chose de
mou et se rendit compte que c’était un tas de mortier. Pris d’une soudaine
inspiration, il se baissa, en saisit une poignée qu’il jeta dans les yeux
d’Alfred. Aveuglé, Alfred s’arrêta et secoua la tête pour essayer de s’en
débarrasser. Jack avait enfin une chance de s’échapper. Il courut jusqu’au bout
de la plate-forme de l’échafaudage, comptant descendre, traverser en courant
l’enclos du prieuré et se cacher dans la forêt. Mais il constata avec horreur
qu’il n’y avait pas d’échelle à l’autre bout de la plate-forme. Il ne pouvait
pas descendre non plus par l’échafaudage car celui-ci n’atteignait pas le
sol : il était bâti sur des poutrelles fixées dans les

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