Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
s’éleva au cours du chapitre où Jack présenta ses dessins pour la nouvelle
cathédrale n’avait jamais connu d’équivalent.
    Philip
avait prévenu le jeune maçon : il y aurait des réactions. Jack avait
apporté ses croquis de bonne heure, un matin, à la maison du prieur pour que
Philip les découvre le premier. Philip les avait étudiés, puis il avait dit
gravement : « Jack, ce sera la plus belle église d’Angleterre… Mais nous
allons rencontrer quelques problèmes avec les moines. »
    Jack
savait, pour avoir été novice, que Remigius et ses compères s’opposeraient
toujours par principe à tout projet cher au cœur de Philip : huit ans de
rancœur… depuis que Philip l’avait emporté à l’élection. Remigius trouvait peu
de soutien auprès de la plupart des autres frères, mais dans ce cas précis, les
rangs des opposants risquaient de grossir : les moines étaient
suffisamment conservateurs pour que ce dessin révolutionnaire effraie leur prudence.
Toutefois, que faire, sinon en passer par là ? Il s’agirait de les
convaincre. Philip ne pouvait pas entreprendre la construction de la cathédrale
sans le plein appui de la majorité de ses moines.
    Le
lendemain donc, Jack se présenta au chapitre avec ses plans. Les moines se
pressèrent pour les regarder et les murmures devinrent bientôt brouhaha.
Brusquement, Philip réclama le silence si impérativement que les esprits se
calmèrent. Milius le trésorier posa sa question. « Pourquoi les arcs sont-ils
ovales ?
    — C’est
une nouvelle technique, les arcs en ogive, utilisés en France, répondit Jack.
J’en ai vu dans plusieurs églises. L’arc en ogive est plus robuste et me
permettra de construire une église très haute. Ce sera la nef la plus élevée
d’Angleterre. »
    Cette
idée-là les flattait, Jack le devinait.
    « Les
fenêtres sont si grandes ! remarqua un autre.
    — Inutile
de construire des murs excessivement épais, expliqua Jack. On l’a prouvé en
France. Ce sont les piliers qui soutiennent le bâtiment, plus les voûtes à
nervures. Quant aux grandes fenêtres, l’effet est stupéfiant. A Saint-Denis,
l’abbé y a posé des verres de couleur ornés de dessins. L’église soudain s’aère
et s’illumine, au lieu de rester froide et sombre. »
    De façon
inespérée, certains moines approuvaient de la tête.
    Mais
Andrew le sacristain prit la parole d’une voix sans indulgence. « Voilà
deux ans, vous étiez novice parmi nous. On vous a puni pour avoir frappé le
prieur et vous vous êtes évadé. Maintenant vous vous permettez de revenir nous
dire comment bâtir notre église. »
    Sans
laisser Jack répondre, un des plus jeunes moines protesta : « Ça n’a
rien à voir ! C’est le plan que nous discutons, pas le passé de
Jack ! »
    On se mit
à parler en même temps, et même à crier. Philip rétablit le silence et demanda
à Jack de répondre à l’observation.
    Jack s’y
était préparé. « J’ai fait un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle en
pénitence pour mon péché, père Andrew, et j’espère que le fait de vous avoir
apporté la Vierge qui pleure peut être considéré comme le pardon de mes
erreurs, dit-il humblement. Je ne suis pas destiné à être moine, mais j’espère
pouvoir servir Dieu autrement : en étant Son bâtisseur. »
    L’assemblée
émit un murmure d’approbation, sauf Andrew qui n’avait pas terminé :
« Quel âge as-tu ? interrogea-t-il, bien qu’il connût sûrement la
réponse.
    — Vingt
ans.
    — C’est
très jeune pour un maître bâtisseur.
    — Tout
le monde me connaît. Je vis ici depuis que je suis enfant. » Depuis le
jour où j’ai mis le feu à votre ancienne église, songea-t-il avec quelque
remords. « J’ai fait mon apprentissage avec le premier maître bâtisseur.
Vous avez tous vu comment je travaille la pierre. Quand j’étais novice, j’ai
servi au prieur Philip et à Tom le bâtisseur de secrétaire des travaux. Je
demande humblement aux frères de me juger sur mon travail et non sur mon
âge. »
    Il vit un
des moines sourire au mot humblement et comprit que c’était une légère
erreur : tout le monde savait que quelles que fussent ses qualités,
l’humilité n’en faisait pas partie.
    Andrew
profita aussitôt de cet avantage. « Humblement ? s’écria-t-il,
feignant d’être scandalisé. Était-ce humble de ta part d’annoncer aux maçons de
Paris, voilà déjà trois mois, que tu avais

Weitere Kostenlose Bücher