Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
même à
courir quelques pas. Philip observa les deux prêtres : Reynold était
pétrifié et le visage d’Edward ruisselait de larmes. De toute évidence, ils
n’étaient pas complices. Philip s’en prit à Jack : « Comment oses-tu
me jouer un tour pareil ? s’écria-t-il, furieux.
    — Un
tour ? Quel tour ?
    — Cet
homme est nouveau à Kingsbridge. Dans un jour ou deux il disparaîtra pour
toujours, les poches pleines de ton argent. Je sais comment on pratique ces
choses-là. Tu n’es pas le premier, malheureusement, à feindre un miracle. Il
n’a jamais rien eu aux jambes, n’est-ce pas ? Encore un pêcheur de
Wareham. »
    Le regard
coupable de Jack suffit à l’accuser.
    « Jack,
intervint Aliena, je t’avais dit que tu ne devais pas trop en faire. »
    Les deux
prêtres, abasourdis, se rendaient compte qu’on les avait complètement dupés.
Reynold, bouillant de rage, se tourna vers Jack. « Vous n’aviez pas le
droit ! » balbutia-t-il.
    Philip
était aussi triste que furieux. Il avait espéré au fond de son cœur que la
Madone était authentique, car il aurait su comment s’en servir pour redonner
vie au prieuré et à la ville. Mais ce ne serait pas le cas.
    Autour du
petit groupe, ne demeurait qu’une poignée de fidèles, en contemplation devant
la statue. « Cette fois, dit-il à Jack, tu es allé trop loin.
    — Les
larmes sont vraies… il n’y a pas de truc là-dedans, protesta Jack. Mais
l’infirme était de trop, je l’avoue.
    — C’est
pire qu’une erreur, dit Philip très en colère. Quand les gens apprendront la
vérité, ils douteront désormais de tous les miracles.
    — Pourquoi
apprendraient-ils la vérité ?
    — Parce
qu’il faudra que je leur explique pourquoi la Madone ne prendra pas place dans
la cathédrale. Il n’est plus question, naturellement, que j’accepte cette
statue.
    — Je
crois, commença Reynold, que c’est une décision un peu hâtive…
    — Quand
je voudrai votre avis, jeune homme, répliqua Philip, je vous le
demanderai. »
    Reynold se
tut, mouché, mais Jack insista. « Êtes-vous sûr d’avoir le droit de priver
vos ouailles de la Vierge ? Regardez-les. » Il désignait les quelques
paroissiens encore dans l’église. Parmi eux, la veuve Meg était agenouillée
devant la statue, son visage ruisselant de larmes. Jack ne savait pas, pensa
Philip, que Meg avait perdu toute sa famille dans l’effondrement du toit. L’émotion
de la veuve l’ébranlait, si bien qu’il se demanda si Jack au fond n’avait pas
raison. Pourquoi priver les gens de ce soutien ? Parce que c’est
malhonnête, se répondit-il sévèrement : la croyance des gens se fondait
sur un miracle truqué.
    Jack s’agenouilla
auprès de Meg. « Pourquoi pleures-tu ? demanda-t-il.
    — Elle
est muette », avertit Philip.
    C’est
alors que Meg déclara à haute et intelligible voix : « La Vierge a
souffert comme moi. Elle comprend. »
    Philip
parut frappé par la foudre.
    « Vous
voyez ? exulta Jack. La statue apaise les souffrances… Qu’est-ce que vous
avez ?
    — Elle
est muette, répéta Philip obstinément. Elle n’a pas prononcé un mot depuis plus
d’un an.
    — C’est
vrai ! renchérit Aliena. Meg est devenue muette après avoir perdu son mari
et ses fils dans la catastrophe.
    — Muette ?
répéta Jack. Mais alors…
    — Vous
pensez que c’est un miracle ? intervint Reynold, désorienté. Un
vrai ? »
    Philip se
tourna vers Jack. Dans l’émotion qui étreignait le jeune homme, il n’y avait
pas trace de supercherie.
    Philip
était profondément troublé. Il venait de voir la main de Dieu effectuer un
prodige. « Eh bien, Jack, dit-il d’une voix tremblante, malgré tout ce que
tu as fait pour discréditer la Vierge qui pleure, il semble que Dieu souhaite
quand même lui faire accomplir des bienfaits. »
    Pour une
fois, Jack ne trouva pas la réplique.
    Philip
s’approcha de Meg, lui prit les mains et la releva doucement. « Dieu t’a
rendu la parole. Meg, dit-il d’une voix vibrante. Tu peux maintenant entamer
une vie nouvelle. » Il se rappela son sermon sur l’histoire de Job :
« Ainsi le Seigneur a béni les derniers jours de Job plus encore que ses
premiers. » Il pensa qu’il avait prédit aux habitants de Kingsbridge
qu’ils connaîtraient le même destin. Je me demande, songea-t-il en regardant le
visage extasié de Meg, je me demande si ce n’est pas le début.
     
    Le vacarme
qui

Weitere Kostenlose Bücher