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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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donc pour un sévère partisan de la discipline. Pourtant, il détestait
infliger des punitions : cela troublait l’harmonie et la fraternité
monastique et rendait tout le monde malheureux. D’ailleurs dans le cas de
Peter, le châtiment ne ferait aucun bien. En fait, il ne servirait qu’à rendre
l’homme plus orgueilleux et rancunier. Philip devait trouver une façon de mater
Peter et de l’assouplir en même temps. Ce ne serait pas commode. Il est vrai,
songea-t-il, que si tout était facile les hommes n’auraient pas besoin d’être
guidés par Dieu.
    Ils
atteignirent la clairière où se trouvait le monastère ; en la traversant,
Philip aperçut frère John, dans l’enclos des chèvres, qui lui faisait de grands
signes. On l’appelait Johnny Huit Pence et il était un peu retardé. Philip se
demanda ce qui l’excitait. Auprès de Johnny se tenait un homme en robe de
prêtre à l’allure vaguement familière. Philip se hâta vers lui.
    En
approchant du prêtre, un petit homme trapu d’une vingtaine d’années, aux
cheveux noirs coupés en brosse et dont les yeux bleu clair pétillaient
d’intelligence, Philip reconnut avec un choc son frère cadet Francis. En le
voyant, il avait à chaque fois l’impression de se regarder dans un miroir.
    Francis
tenait dans ses bras un nouveau-né.
    Philip ne
savait pas ce qui était le plus surprenant, de Francis ou du bébé. Les moines
faisaient cercle autour d’eux. Francis se leva et tendit l’enfant à
Johnny ; puis Philip l’étreignit.
    « Que
fais-tu ici ? dit Philip, ravi. Et d’où vient ce nourrisson ?
    — Je
t’expliquerai plus tard pourquoi je suis ici, répondit Francis. Quant au bébé,
je l’ai trouvé dans les bois, tout seul, couché près d’un grand feu. »
Francis s’arrêta.
    « Et… ? »
demanda Philip.
    Francis
haussa les épaules. « Impossible de t’en dire plus, car je n’en sais pas
davantage. J’espérais arriver hier au soir, mais je n’ai pas pu, alors j’ai
passé la nuit dans la cabane d’un garde forestier. Je suis parti ce matin à
l’aube et je suivais la route quand j’ai entendu un bébé pleurer. Un instant
plus tard, je l’ai aperçu. Je l’ai ramassé et ramené ici. Voilà toute
l’histoire. »
    Philip
regardait d’un œil incrédule le petit paquet dans les bras de Johnny. Il tendit
une main hésitante et souleva la couverture. Il vit un visage rosé tout fripé,
une bouche édentée et une petite tête chauve, la miniature d’un moine
vieillissant. Écartant un peu plus le tissu, il aperçut de petites épaules
fragiles, des bras qui s’agitaient et des poings crispés. Il examina
attentivement le bout de cordon ombilical qui pendait du nombril du bébé.
C’était un peu répugnant. Était-ce naturel ? se demanda Philip. On aurait
dit une blessure qui cicatrisait bien et qu’il valait mieux ne pas toucher. Il
écarta encore davantage la couverture. « Un garçon », dit-il, tout
embarrassé avant de le recouvrir. Un des novices pouffa de rire. Philip se
sentit soudain désemparé. Au nom du ciel, que vais-je en faire ?
Songea-t-il. Le nourrir ?
    Le bébé se
mit à pleurer. « Il a faim », annonça-t-il, et s’étonna :
Comment le sais-je ? « Nous ne pouvons pas le nourrir »,
intervint un des moines.
    « Pourquoi
pas ? », faillit répliquer Philip. Mais il s’en rendit compte :
il n’y avait pas de femme à des lieues à la ronde.
    Pourtant
Johnny avait déjà résolu ce problème, constata Philip. Assis sur un tabouret,
le bébé sur ses genoux, il avait à la main une serviette dont il trempait un
coin tordu en spirale dans un seau de lait. Après avoir laissé la serviette
absorber un peu de liquide, il l’approchait de la bouche du bébé qui l’ouvrait
toute grande et tétait la serviette.
    Philip eut
presque envie d’applaudir. « Très malin, Johnny, fit-il avec surprise.
    — J’ai
déjà fait cela, dit fièrement Johnny, quand une chèvre est morte alors que son
chevreau n’était pas sevré. »
    Les moines
regardaient Johnny répéter son simple geste. Quand il portait la serviette aux
lèvres du bébé, certains des moines ouvraient eux-mêmes la bouche, constata
Philip avec amusement. C’était une méthode un peu lente, mais à n’en pas douter
nourrir les bébés prenait du temps. Peter de Wareham qui, succombant à la
fascination générale exercée par le nouveau-né avait oublié depuis un moment de
tout critiquer, se reprit et

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