Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
Ellen longuement et une fois de plus les yeux de la jeune femme
lurent dans son cour. Elle déclara : « Ne dis rien. Tu n’as pas à
avoir honte. Je sais que tu l’aimais. Elle le savait aussi, je l’ai bien senti.
Tu l’aimes encore – bien sûr que oui. Tu l’aimeras toujours. »
    Elle lui
disait de se taire, mais de toute manière il n’y avait rien à dire. Cette femme
extraordinaire le rendait muet. Sans qu’il comprît comment, le fait qu’elle
parût savoir ce qu’il y avait dans son cœur le réconfortait, lui donnait
presque le sentiment de ne plus à avoir honte de rien. Il soupira.
    « Voilà
qui est mieux », dit-elle. Elle le prit par la main et ils s’éloignèrent
ensemble.
    Ils
s’enfoncèrent pendant près d’une demi-lieue dans la forêt, puis débouchèrent
sur la route. Tout en marchant, Tom ne cessait de contempler Ellen auprès de
lui. Il se rappela qu’en la voyant pour la première fois, il ne l’avait pas
trouvée tout à fait belle à cause de ses yeux étranges. Comment avait-il pu
penser cela ! Ces yeux étonnants lui paraissaient aujourd’hui exprimer à
merveille une personnalité unique. Ellen représentait la perfection incarnée et
la seule chose qui le surprenait, c’était qu’elle fût avec lui. Ils
parcoururent plus d’une lieue. Sur la route Tom était toujours fatigué, mais le
potage lui avait donné des forces ; et, bien qu’il fît toute confiance à
Ellen, il avait quand même hâte de voir le bébé de ses propres yeux.
    Alors
qu’ils apercevaient le monastère à travers les arbres, Ellen dit :
« Ne nous montrons pas tout de suite aux moines.
    — Pourquoi ?
demanda Tom, surpris.
    — Tu
as abandonné un bébé. C’est considéré comme un meurtre. Restons dans les bois
pour observer l’endroit et voyons quelle sorte de gens l’habitent. »
    Tom ne
pensait pas risquer grand-chose, étant donné les circonstances, mais mieux
valait se montrer prudent, aussi acquiesça-t-il et suivit-il Ellen dans le
sous-bois. Quelques instants plus tard, ils étaient allongés au bord de la
clairière.
    Il
s’agissait d’un très petit monastère. Tom, qui s’y connaissait pour en avoir
bâti, estima que celui-ci devait être ce que l’on appelait une communauté,
l’annexe ou l’avant-poste d’un grand prieuré ou d’une abbaye. Il ne comprenait
que deux bâtiments de pierre, la chapelle et le dortoir. Le reste était fait de
bois et de claies recouvertes de torchis : une cuisine, des écuries, une
grange et quelques bâtiments agricoles plus petits. L’endroit paraissait propre
et bien tenu, on avait l’impression que les moines se consacraient autant à
l’élevage qu’à la prière.
    On ne
voyait pas grand monde. « La plupart des moines sont au travail, dit
Ellen. Ils construisent une grange en haut de la colline. » Elle jeta un
coup d’œil en direction du soleil. « Ils seront de retour vers midi pour
le dîner. »
    Tom
examina la clairière. Sur leur droite, en partie dissimulées par un troupeau de
chèvres, il entrevit deux silhouettes. « Regarde », dit-il. Puis, distinguant
mieux les détails. « L’homme assis est un prêtre et…
    — Il
tient quelque chose sur ses genoux.
    — Approchons-nous. »
Ils s’avancèrent en contournant la clairière et se trouvèrent non loin des
chèvres. Le cœur de Tom se mit à battre en voyant le prêtre assis sur un
tabouret. Il avait un bébé dans les bras : celui de Tom. Oui, le bébé
avait survécu. Il aurait voulu se précipiter sur le prêtre pour serrer l’enfant
dans ses bras.
    Un jeune
moine se trouvait avec le prêtre. Tom le vit plonger un chiffon dans un seau de
lait – sans doute du lait de chèvre – puis porter à la bouche du bébé le coin
de chiffon imbibé de lait. C’était ingénieux.
    « Allons,
fit Tom, il vaut mieux que j’aille avouer ce que j’ai fait et reprendre mon
fils.
    — Réfléchis
un moment, Tom, dit Ellen. Que feras-tu ensuite ? » Tom ne voyait pas
très bien où elle voulait en venir. « Je demanderai du lait aux moines,
dit-il. Ils verront bien que je suis pauvre. Ils donnent l’aumône.
    — Et
ensuite ?
    — J’espère
qu’ils me donneront assez de lait pour le nourrir trois jours, jusqu’à ce que
j’arrive à Winchester.
    — Et
après ? Insista-t-elle. Comment nourriras-tu le bébé ?
    — Je
chercherai du travail…
    — Tu
cherches du travail depuis que je t’ai rencontré à la fin de l’été,

Weitere Kostenlose Bücher