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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’inquiétait à l’idée d’avoir fait naître chez
Jonathan d’impossibles espérances. Bien que le jeune homme n’eût aucun souvenir
de ses parents, ce geste d’abandon l’avait toujours troublé. Si seulement il
pouvait résoudre le mystère et trouver quelque chose qui prouverait qu’ils
l’avaient vraiment aimé ! Mais comment ?
    « Avez-vous
interrogé les gens qui habitent dans les parages ? demanda Jonathan.
    — Personne
ne vivait dans les parages. Cette communauté est perdue au cœur de la forêt.
Tes parents sont venus sans doute de loin, peut-être de Winchester. J’ai déjà
exploré toutes ces pistes. »
    Jonathan
insista. « Vous n’avez rencontré aucun voyageur dans la forêt à l’époque ?
    — Non. »
Philip fronça les sourcils. Au fait ? Une idée fugitive lui passa dans
l’esprit. Le jour où on avait trouvé le bébé, Philip avait quitté le prieuré
pour se rendre au palais de l’évêque. En chemin il avait parlé à des gens.
« Ma foi, oui, c’est vrai que Tom le bâtisseur et sa famille passaient par
là ! »
    Jonathan
resta stupéfait. « Vous ne m’en avez jamais parlé !
    — Je
n’y attachais pas d’importance. Pas plus maintenant, d’ailleurs. Je les ai
rencontrés un ou deux jours plus tard. Je les ai questionnés, ils m’ont affirmé
n’avoir vu personne qui aurait pu être la mère ou le père d’un bébé
abandonné. »
    Jonathan
était tout dépité. Philip redoutait que cette enquête ne se révélât doublement
décevante pour lui : il ne trouverait rien sur les parents de Jonathan et
il ne parviendrait pas à prouver sa propre innocence. Mais rien n’arrêtait plus
le jeune homme. « Que faisaient-ils dans la forêt ? insista-t-il.
    — Tom
se rendait au palais de l’évêque. Il cherchait du travail. C’est pourquoi ils
se sont retrouvés ici.
    — Il
faudrait les interroger de nouveau.
    — Eh
bien, Tom et Alfred sont morts. Ellen vit dans la forêt, Dieu sait quand elle
réapparaîtra. Mais tu pourrais t’adresser à Jack ou à Martha.
    — Ça
vaut la peine d’essayer. »
    Peut-être
Jonathan avait-il raison. En tout cas, il avait l’énergie de la jeunesse.
« Va, dit-il à Jonathan. Moi, je me fais vieux et je suis fatigué. Sinon,
j’y aurais pensé moi-même. Parle à Jack, c’est un fil bien mince à quoi te
cramponner. Mais c’est notre seul espoir. »
     
    Le dessin
de la fenêtre avait été tracé en grandeur nature et peint sur une table de bois
lavée à la bière pour empêcher les couleurs de couler. Il représentait l’arbre
de Jessé, une généalogie du Christ sous forme picturale. Sally prit un petit
bout de verre épais couleur de rubis et le posa sur le dessin au-dessus du
corps d’un des rois d’Israël l’Apocalypse – Jack ne savait pas trop lequel, il
n’avait jamais pu se rappeler le symbolisme compliqué des images religieuses.
Sally trempa un fin pinceau dans un bol de poudre de craie délayée d’eau et
dessina sur le verre la forme du corps : les épaules, les bras et la robe.
    Dans le
feu, par terre auprès de sa table, se trouvait une tige de fer enfoncée dans un
manche en bois. Elle le retira et, d’un geste vif mais minutieux, en passa le
bout chauffé au rouge le long du contour qu’elle avait peint. Le verre se coupa
nettement le long de la ligne. Son apprenti ramassa le morceau ainsi découpé et
entreprit d’en limer les bords.
    Jack
adorait voir travailler sa fille. Elle était rapide et précise. Petite fille,
fascinée par l’œuvre des verriers que Jack avait ramenés de Paris, elle disait
toujours que c’était ce métier qu’elle ferait quand elle serait grande. Elle
avait tenu promesse. En entrant dans la cathédrale de Kingsbridge, pour la
première fois, les gens étaient plus frappés par les vitraux de Sally que par
l’architecture de son père, songeait Jack avec une pointe d’envie.
    L’apprenti
lui tendit la petite plaque de verre et elle commença à peindre dessus les plis
de la robe, utilisant une peinture faite de minerai de fer, d’urine et de gomme
arabique. Le verre prit l’apparence d’un tissu drapé avec soin. Sally était
très habile. Elle eut vite terminé, puis posa le verre peint à côté de quelques
autres dans un poêlon de fer contenant de la chaux. Une fois plein, on le
mettrait au four où la chaleur amalgamerait la peinture au verre.
    Elle leva
les yeux vers Jack, le gratifia d’un bref et éblouissant sourire, puis

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