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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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devait être jugé par un tribunal ecclésiastique. Un archidiacre de
Canterbury serait présent. Waleran aurait voulu que le procès se déroulât à
Shiring, mais Philip s’y était opposé ; il avait obtenu gain de cause et
l’affaire serait donc jugée à Kingsbridge, qui était, après tout, la ville
cathédrale.
    Philip
était en train de déménager ses affaires personnelles pour laisser sa maison à
l’archidiacre qui y demeurerait le temps du procès. Il se savait innocent du
crime de fornication, et il s’ensuivrait en toute logique qu’il ne pouvait être
coupable de népotisme, car un homme ne peut pas favoriser ses fils s’il n’en a
pas. Il fouillait néanmoins son cœur pour voir s’il avait à un moment mal agi
en nommant Jonathan sous-prieur. Tout comme les pensées impures étaient un peu
l’ombre d’un péché plus grave, peut-être le favoritisme envers un orphelin
bien-aimé était-il l’ombre du népotisme. Les moines devaient renoncer aux
consolations de la vie de famille, et pourtant Jonathan avait été comme un fils
pour Philip. Le prieur l’avait nommé cellérier à un âge tendre avant de le
promouvoir aujourd’hui au rang de sous-prieur. Ai-je fait cela pour mon orgueil
et pour mon plaisir ? se demanda-t-il.
    Eh bien
oui, se répondit-il.
    Il avait
éprouvé une énorme satisfaction à éduquer Jonathan, à le voir grandir et
apprendre à gérer les affaires du prieuré. Mais même si Philip n’y avait pas
trouvé une joie aussi intense, Jonathan aurait tout de même été le jeune
administrateur le plus compétent du prieuré. Il était intelligent, dévot, plein
d’imagination et consciencieux. Élevé au monastère, il ne connaissait pas
d’autre vie et n’avait jamais soupiré après la liberté. Philip aussi avait été
élevé dans une abbaye. Nous autres orphelins de monastères, nous faisons les
meilleurs moines, songea-t-il.
    Il glissa
un livre dans une sacoche : l’Évangile selon saint Luc, un ouvrage plein
de sagesse. Philip avait peut-être traité Jonathan comme un fils, mais il
n’avait jamais commis de péché qui méritât sa comparution devant un tribunal
ecclésiastique. L’accusation était absurde. Hélas ! Maintenant qu’elle
était formulée, le préjudice était assuré. L’autorité morale de Philip en
pâtirait.
    Jonathan
arriva en trombe, hors d’haleine. Philip fronça les sourcils. Il ne convenait
pas au sous-prieur de débouler tout essoufflé dans les appartements du prieur.
Philip allait se lancer dans un discours sur la dignité des responsables
monastiques, quand Jonathan annonça : « L’archidiacre Peter est déjà
là !
    — Très
bien, très bien, répondit Philip d’un ton apaisant. De toute façon, j’ai
presque fini. » Il tendit la sacoche à Jonathan. « Porte cela au
dortoir, sans courir, s’il te plaît. Un monastère est un lieu de paix et de
calme. » Jonathan accepta tout à la fois la sacoche et la réprimande, mais
il ajouta : « Je n’aime pas la tête de cet archidiacre.
    — Je
suis certain qu’il sera un juge équitable, c’est tout ce que nous
souhaitons », assura Philip.
    La porte
s’ouvrit de nouveau et l’archidiacre entra. C’était un homme grand et mince,
qui avait à peu près l’âge de Philip, avec des cheveux gris clairsemés et un
air supérieur. Son visage semblait vaguement familier.
    Philip lui
lendit la main. « Je suis le prieur Philip.
    — Je
vous connais, répliqua l’archidiacre d’un ton aigre. Vous ne vous souvenez pas
de moi ? »
    La voix
rocailleuse réveilla la mémoire de Philip qui sentit son cœur se serrer. Son
plus vieil ennemi. « Archidiacre Peter, murmura-t-il. Peter de
Wareham. »
    « Un
véritable faiseur d’ennuis », expliqua Philip à Jonathan quelques minutes
plus tard, lorsqu’ils eurent laissé l’archidiacre s’installer dans la maison du
prieur. « Il se plaignait que nous ne travaillions pas assez dur, que nos
repas soient trop bons ou les offices trop brefs. Il me reprochait d’être trop
indulgent. Il aurait voulu être prieur lui-même, j’en suis sûr. Évidemment,
ç’aurait été un désastre. Je l’ai nommé aumônier, si bien qu’il passait la
moitié de son temps en voyage. J’en étais débarrassé. C’était la meilleure
solution pour le prieuré et pour lui, mais je suis persuadé qu’il m’en veut
encore, même après trente-cinq ans. » Il soupira. « J’avais entendu
dire, quand toi et moi sommes

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