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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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préoccupe ? »
    Waleran
gratifia William de ce regard méprisant que le shérif abhorrait tant, ce regard
qui disait : Pauvre sot, tu ne comprends donc pas quelque chose d’aussi
simple ? il ressentit un élancement dans le pied et prit appui sur une
chaise. « Alors, poursuivit Waleran, d’où venait le bébé ? »
    William
ravala son dépit. « Il a été découvert abandonné près de l’ancienne
communauté de Philip dans la forêt, si je me souviens bien.
    — De
mieux en mieux », murmura Waleran.
    William ne
voyait toujours pas où l’autre voulait en venir. « Et alors ? fit-il
d’un ton maussade.
    — Diriez-vous
que Philip a élevé l’enfant comme si c’était son propre fils ?
    — Oui.
    — Et
maintenant il l’a nommé sous-prieur.
    — Il
a sans doute été élu par les moines. Je crois qu’il est très populaire.
    — Un
sous-prieur nommé à trente-cinq ans finit prieur. »
    William,
perdu dans l’incompréhensible raisonnement de Waleran, préféra se taire et
attendre les explications de l’évêque.
    « Jonathan,
dit ce dernier, est de toute évidence le propre fils de Philip. »
    William
éclata de rire. Il s’attendait à une pensée profonde et voilà tout ce que
Waleran avait trouvé ! A la grande satisfaction de William, cette marque
de mépris amena une légère rougeur sur les joues cireuses de l’évêque. William
reprit : « Quiconque connaît Philip n’avalera jamais une chose
pareille. Quelle idée ! » Il en riait encore. Waleran se croyait
peut-être malin mais, cette fois, il avait perdu tout sens des réalités.
    Waleran
continua d’un ton hautain et glacé : « Philip, à mon avis, avait une
maîtresse lorsqu’il dirigeait ce petit prieuré au fond de la forêt. Puis, quand
il est devenu prieur de Kingsbridge, il a dû abandonner la femme là-bas. Elle
ne voulait pas du bébé si elle ne pouvait pas avoir le père, alors elle le lui
a laissé sur les bras. Philip, comme c’est un sentimental, s’est cru obligé de
s’occuper de lui. Il l’a fait passer pour un enfant trouvé.
    — Incroyable,
déclara William en secouant la tête. N’importe qui d’autre, oui. Philip, non.
    — Si
le bébé a été abandonné, insista Waleran, comment peut-il prouver ses
origines ?
    — Il
ne le peut pas », reconnut William. Il regarda vers le fond du transept,
là où Philip et Jonathan côte à côte parlaient à l’évêque de Hareford.
« Ils ne se ressemblent même pas.
    — Vous
ne ressemblez pas à votre mère, observa Waleran. Dieu merci.
    — A
quoi tout cela vous avance-t-il ? interrogea William. Qu’avez-vous en
tête ?
    — De
mettre Philip en accusation devant un tribunal ecclésiastique », répliqua
Waleran.
    Voilà qui
changeait les choses. Quiconque connaissait Philip n’accorderait pas une once
de crédit à l’accusation ridicule de Waleran, mais un juge étranger à
Kingsbridge risquait de la trouver plausible. William comprit, à contrecœur,
que l’idée de Waleran n’était peut-être pas si stupide. Comme d’habitude,
Waleran se montrait plus malin que William. Il arborait son air satisfait si
agaçant, mais William pensait surtout à la perspective de faire tomber Philip
« Par Dieu, s’écria-t-il. Croyez-vous que cela pourrait se faire ?
    — Ça
dépend qui est le juge. Mais je dois pouvoir arranger quelque chose de ce
côté-là. Je me demande… »
    William
tourna les yeux vers Philip, souriant et triomphant, son protégé auprès de lui.
Les grands vitraux jetaient sur eux une lumière enchantée de couleurs, on
aurait dit des personnages de rêve. « Fornication et népotisme, murmura
William, ravi. Mon Dieu !
    — Si
nous arrivons à mettre notre affaire sur pied, dit Waleran avec délices, ce
sera la fin de ce damné prieur. »
     
    Aucun juge
dans son bon sens ne pouvait déclarer Philip coupable. A dire vrai, le prieur
n’avait jamais eu à lutter très fort contre le désir de chair. Il savait, pour
avoir entendu des confessions, que certains moines combattaient désespérément
leurs appétits charnels, mais lui non. Il y avait eu une époque, quand il avait
dix-huit ans, où il avait souffert de rêves impurs, mais cette phase-là n’avait
pas duré longtemps. Presque toute sa vie, il avait vécu naturellement chaste.
Pas une fois il n’avait accompli l’acte sexuel et il était maintenant trop
vieux.
    L’Église,
toutefois, prenait la situation très au sérieux.
    Philip

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