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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Philip
avec lenteur, aussi ai-je décidé que ce serait Peter qui aurait l’honneur
d’être notre aumônier. » Il sourit. « Tu peux commencer
aujourd’hui. »
    Le visage
de Peter se fit sombre comme l’orage.
    Tu seras
trop souvent absent pour causer des ennuis, pensa Philip ; et le contact
constant avec les pauvres pleins de vermine des ruelles puantes de Winchester
calmera le mépris que tu portes à la vie trop facile.
    Mais Peter
évidemment prit cela comme une punition pure et simple, et il fixa Philip avec
une expression de telle haine que celui-ci un moment se sentit vaciller.
    Il se
détourna pour s’adresser aux autres. « Après la mort d’un roi, il y a
toujours danger et incertitude, dit-il. Priez pour moi pendant que je serai
absent. »
    Le
deuxième jour de son voyage, à midi, le prieur Philip n’était plus qu’à
quelques lieues du palais de l’évêque. A mesure qu’il approchait, il sentait
l’angoisse monter en lui. L’histoire qu’il avait bâtie pour expliquer comment
il avait entendu parler de la rébellion projetée, l’évêque la
croirait-il ? Et s’il réclamait des preuves ? Pis encore – Philip
n’avait envisagé cette possibilité, heureusement assez improbable, qu’après
avoir pris congé de Francis –, si l’évêque faisait lui-même partie de la
conspiration, s’il soutenait la rébellion, s’il était complice du comte de
Shiring ? On avait déjà vu des évêques faire passer leurs propres intérêts
avant ceux de l’Église.
    Il
n’hésiterait peut-être pas à torturer Philip pour lui arracher sa source
d’information. Philip se rappela les instruments de torture représentés sur les
peintures de l’enfer, qui s’inspiraient de la réalité vécue dans les cachots
des barons et des évêques. Philip ne se croyait pas la force de subir la mort
d’un martyr.
    Quand il
vit un groupe de voyageurs marchant sur la route devant lui, son premier
réflexe fut de retenir son cheval pour éviter de les dépasser, car il était
seul et bien des détrousseurs de grand chemin n’auraient pas de scrupule à
dépouiller un moine. Puis il reconnut deux silhouettes d’enfants et une de
femme. Un groupe familial ne présentait guère de risque. Il mit sa monture au
trot pour le rattraper.
    Le groupe
se composait d’un homme de haute taille, d’un jeune homme presque aussi grand
que lui, d’une femme plutôt frêle et de deux enfants. Vêtus de haillons, ils
étaient manifestement pauvres car ils ne portaient pas de ballots contenant
leurs possessions. L’homme paraissait robuste, quoique émacié, comme miné par
la maladie – ou seulement affamé. Il lança un regard méfiant à Philip et
resserra les enfants autour de lui en murmurant quelques mots. Il ne devait pas
dépasser de beaucoup la trentaine, malgré son visage marqué par les soucis.
    « Holà !
Moine ! » Cria la femme.
    Philip
s’étonna. Une femme, habituellement, ne parlait pas avant son mari, et si le
terme de « moine » n’était pas franchement impoli, elle aurait dû
dire plutôt « mon frère » ou « mon père », expressions plus
respectueuses. La femme paraissait d’une dizaine d’année plus jeune que
l’homme. Ses yeux profondément enfoncés dans l’orbite et d’une étrange couleur
d’or pâle donnaient à son visage une personnalité peu ordinaire. Philip eut le
sentiment qu’elle était dangereuse.
    « Bonjour
à vous, mon père, dit l’homme, comme pour rattraper la brusquerie de sa femme.
    — Dieu
te bénisse, répondit Philip en ralentissant sa jument. Qui es-tu ?
    — Tom,
un maître bâtisseur qui cherche du travail.
    — Et
qui n’en trouve pas, me semble-t-il.
    — C’est
la vérité. »
    Philip
hocha la tête. Il connaissait l’histoire : les artisans bâtisseurs se
déplaçaient en quête de travail et parfois n’en trouvaient pas, soit par
malchance, soit parce qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui faisaient bâtir.
Ces malheureux profitaient souvent de l’hospitalité des monastères auxquels,
s’ils possédaient quelque argent après un emploi précédent, ils faisaient des
dons généreux. Si leur chômage datait de plus longtemps, ils n’avaient rien à
offrir. Réserver le même accueil chaleureux aux uns comme aux autres mettait
parfois la charité monastique à l’épreuve.
    Ce
bâtisseur-là appartenait assurément à l’espèce sans le sou, encore que sa femme
ait plutôt l’air assez prospère. « Eh

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