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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’éloigna, la tête haute.
    Philip
était agacé d’avoir subi une telle humiliation, mais force lui était de la
supporter, car un moine orgueilleux est un mauvais moine. Sans un mot, il quitta
le cloître sous le regard curieux des autres moines.
    Les
quartiers d’habitation occupaient le sud du cloître carré, le dortoir le coin
sud-est et le réfectoire le coin sud-ouest. Philip sortit par le côté ouest,
traversant le réfectoire pour se retrouver du côté public de l’enceinte du
prieuré, avec vue sur l’hôtellerie et les écuries. C’était là que se trouvait
la cour de la cuisine, bordée sur trois côtés par le réfectoire, la cuisine
proprement dite, la boulangerie et la brasserie. Une charrette où s’entassaient
des navets attendait dans la cour d’être déchargée. Philip gravit les marches
jusqu’à la porte de la cuisine et entra.
    L’atmosphère
le frappa littéralement au visage. L’air était brûlant et lourd de l’odeur du
poisson en train de cuire, il y avait un abominable vacarme de casseroles
entrechoquées et d’ordres lancés çà et là. Trois cuisiniers, tous rouges de
chaleur et de précipitation, s’occupaient à préparer le souper avec l’aide de
six ou sept jeunes marmitons. Deux grands âtres, chacun à une extrémité de la
pièce, brûlaient d’un beau feu et une vingtaine de poissons cuisaient sur une
broche que tournait un jeune garçon en nage. Le fumet du poisson fit venir
l’eau à la bouche de Philip. On faisait bouillir des carottes entières dans de
grosses marmites en fer accrochées au-dessus des flammes. Des jeunes gens
plantés devant un billot découpaient des miches de pain blanc en tranches
épaisses destinées à servir d’assiettes que l’on mangerait ensuite. Un seul
moine surveillait cet apparent chaos : frère Milius, le cuisinier, un
homme à peu près de l’âge de Philip. Juché sur un haut tabouret, il suivait
l’activité frénétique qui se déployait autour de lui avec un sourire
imperturbable, comme si tout se passait dans l’ordre et dans la plus parfaite
organisation – ce qui était sans doute le cas pour son œil exercé. Il sourit à
Philip et dit : « Merci pour le fromage.
    — Ah,
oui ! » Philip avait oublié ce détail, tant il était arrivé de choses
depuis son arrivée. « Il est fait avec du lait de la traite matinale
seulement : tu trouveras une subtile différence de goût.
    — J’en
ai déjà l’eau à la bouche. Mais vous avez l’air consterné. Quelque chose ne va
pas ?
    — Ce
n’est rien. J’ai eu quelques mots avec Andrew. » Philip eut un geste
méprisant, comme pour chasser le sacristain de ses pensées. « Est-ce que
je peux prendre une pierre chaude dans ton feu ?
    — Bien
sûr. »
    Il y avait
toujours quelques pierres dans les feux de cuisine, qu’on pouvait emporter et
utiliser pour chauffer rapidement de petites quantités d’eau ou de soupe.
« Frère Paul qui est de garde sur le pont, expliqua Philip, a des
engelures, et Remigius ne veut pas le laisser allumer un feu. » Il prit
une paire de pincettes à long manche et retira du foyer une pierre brûlante.
    Milius
ouvrit un placard d’où il sortit un vieux bout de cuir qui avait dû jadis
appartenir à un tablier. « Tenez… enveloppez-la dedans.
    — Merci.
    — Faites
vite, dit Milius. Le souper est prêt. »
    Philip les
salua de la main, quitta la cuisine et s’engagea dans la cour en direction de
la porte. A sa gauche, juste contre le mur ouest, se trouvait le moulin. Voilà
bien des années, on avait creusé un canal en amont du prieuré pour amener l’eau
de la rivière jusqu’à la retenue du moulin. Au-delà de la roue, l’eau
s’écoulait par un conduit souterrain jusqu’à la brasserie, la cuisine, la
fontaine du cloître où les moines se lavaient les mains avant les repas, et
enfin les latrines auprès du dortoir, puis elle repartait vers le sud rejoindre
la rivière. Le fondateur était un architecte fort intelligent.
    Il y avait
un tas de paille sale devant l’écurie, observa Philip : les garçons
suivaient donc ses ordres et nettoyaient les stalles. Il franchit la porte et
traversa le village vers le pont.
    Etait-ce
présomptueux de ma part de réprimander le jeune William Beauvis ? se
demanda-t-il alors qu’il passait au milieu des taudis. A la réflexion, il ne le
pensait pas. Et même, c’aurait été mal d’ignorer un tel désordre durant le
service. Au pont il passa la tête

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