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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pain, de la viande et un dortoir en
pierre avec un feu en hiver – et toi, tu es si fatigué que tu ne peux pas
rester assis durant la grand-messe qu’on dit pour eux !
    — Pardon,
mon frère. »
    Philip
examina plus longuement William. Il n’y avait pas de méchanceté en lui. Les
vrais responsables étaient ses supérieurs, assez insouciants pour tolérer le
chahut à l’église. « Si les services te fatiguent, dit Philip avec plus de
douceur, pourquoi es-tu devenu moine ?
    — Je
suis le cinquième fils de mon père. »
    Philip
hocha la tête. « Et sans doute a-t-il fait don au prieuré d’un peu de
terre à condition que nous te prenions ?
    — Oui…
une ferme. »
    C’était
une histoire ordinaire : un homme qui avait un surplus de fils en offrait
un à Dieu, s’assurant que Dieu ne refuserait pas ce don en ajoutant une
propriété suffisante pour subvenir aux besoins de son fils dans la pauvreté
monastique. Ainsi, bien des hommes qui n’avaient pas la vocation devenaient des
moines désobéissants.
    Philip
reprit : « Si on te déplaçait – dans une grange, disons, ou dans la
petite communauté de Saint-John-de-la-Forêt, où il y a beaucoup de travail à
faire à l’extérieur et où l’on passe moins de temps au culte –, crois-tu que
cela pourrait t’aider à retrouver la piété qui convient aux
offices ? »
    Le visage
de William s’illumina. « Oui, mon frère, je le pense !
    — C’est
aussi mon avis. Je vais voir ce qu’on peut faire. Mais ne t’excite pas
trop : il faudra peut-être attendre la désignation d’un nouveau prieur
pour lui demander ton transfert.
    — En
tout cas, merci ! »
    Le service
s’acheva et les moines commencèrent à quitter l’église en procession. Philip
porta un doigt à ses lèvres pour mettre un terme à la conversation. Comme la
procession passait par le transept sud, Philip et William rallièrent leurs
rangs et sortirent dans le cloître qui jouxtait le côté sud de la nef. Là, on
se dispersa. Philip se dirigea vers la cuisine, mais il trouva son chemin barré
par le sacristain, qui se planta devant lui dans une posture agressive, les
pieds écartés et les mains sur les hanches.
    « Frère
Philip, commença-t-il.
    — Frère
Andrew ?
    — Quelle
mouche vous a piqué de troubler le service de la grand-messe ? »
Philip était abasourdi. « Troubler la messe ? fit-il d’un ton
incrédule. Ce garçon se conduisait mal. Il…
    — Je
suis tout à fait capable de maîtriser l’inconduite durant mes
offices ! » Fit Andrew en haussant la voix. Les moines s’arrêtèrent à
proximité pour entendre ce qu’on disait.
    Philip ne
comprenait pas pourquoi Andrew montrait tant de susceptibilité. De temps en
temps les jeunes moines et les novices devaient être rappelés à l’ordre par
leurs frères plus âgés et aucune règle ne précisait que seul le sacristain y
était autorisé. Philip reprit : « Mais vous n’avez pas vu ce qui se
passait ?
    — Ou
peut-être l’ai-je bien vu, mais ai-je décidé de m’occuper de cela plus
tard. »
    Philip
était tout à fait certain qu’il n’avait rien remarqué. « Qu’avez-vous vu
alors ? lança-t-il.
    — Vous
ne prétendez pas m’interroger ? » S’écria Andrew. Son visage rouge
vira au violet. « Vous êtes peut-être prieur d’une petite communauté dans
la forêt, mais voilà douze ans que je suis sacristain ici, et je conduirai les
offices à la cathédrale comme je l’entends – sans l’assistance d’étrangers deux
fois plus jeunes que moi ! »
    Philip
commençait à penser que peut-être il avait vraiment mal agi – sinon pourquoi
Andrew était-il si vexé ? Mais le plus important, c’était qu’une querelle
dans le cloître ne constituait pas un spectacle édifiant pour les autres
moines, il fallait y mettre un terme. Philip ravala son orgueil, serra les
dents et s’inclina docilement.
    « Je
reconnais mon erreur, frère, et je vous demande humblement pardon »,
dit-il.
    Andrew
était prêt à une violente discussion et cette retraite prématurée de son
adversaire ne le satisfaisait pas.
    « Que
ça ne se reproduise pas, alors », dit-il avec arrogance.
    Philip ne
répondit pas. Andrew voulait avoir le dernier mot, aussi toute nouvelle
remarque de Philip ne ferait qu’attirer une nouvelle réplique. Il fixa le sol
en se mordant la langue, tandis qu’Andrew le foudroyait du regard. Le
sacristain enfin tourna les talons et

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