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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Cuthbert
de ne jamais avoir appris très bien à lire ni à écrire. Il avait les cheveux
blancs depuis sa jeunesse, d’où son surnom de chenu, et maintenant, à plus de
soixante ans, ce qui lui restait de poils poussait en épaisses touffes blanches
de ses oreilles et de ses narines, comme pour compenser sa calvitie. Pour avoir
occupé les mêmes fonctions dans son premier monastère, Philip comprenait les
problèmes de Cuthbert et compatissait à ses doléances. Le cellérier avait donc
beaucoup d’affection pour Philip. Sachant que ce dernier avait manqué son
souper, Cuthbert alla prendre une demi-douzaine de poires dans un tonneau.
Elles étaient un peu ratatinées, mais goûteuses, et Philip les dévora avec
reconnaissance tandis que Cuthbert grommelait à propos des finances du
monastère.
    « Je
n’arrive pas à comprendre comment le prieuré peut être en dette, dit Philip,
entre deux bouchées de fruit.
    — Il
ne devrait pas, en effet. Il possède plus de terres et recueille plus de dîmes
que jamais.
    — Alors
pourquoi ne sommes-nous pas riches ?
    — Vous
connaissez le système que nous avons ici : les propriétés du monastère
sont essentiellement partagées entre les obédienciers. Le sacristain a ses terres,
j’ai les miennes et il y a des dotations moins importantes pour le maître des
novices, le maître hôtelier, l’infirmier et l’aumônier. Le reste appartient au
prieur. Chacun utilise le revenu de sa propriété pour remplir ses obligations.
    — Quel
mal y a-t-il à cela ?
    — Eh
bien, il faudrait s’occuper de tous ces biens. Imaginez, par exemple, que nous
ayons un peu de terre et que nous la louions contre un loyer en espèces. Il ne
s’agirait pas de la céder au plus offrant pour récolter l’argent. Nous devrions
choisir un bon métayer et le surveiller pour être certain qu’il cultive
bien ; sinon les pâturages s’engorgent d’eau, la terre s’épuise et le
locataire se trouve incapable de payer le loyer. De plus, il nous rend la terre
en mauvaise condition. Ou encore, prenez une grange exploitée par nos employés
et gérée par les moines : si personne ne rend visite à la grange sauf pour
en emporter les produits, les moines deviennent négligés, les employés volent
les récoltes et la grange produit de moins en moins à mesure que les années
passent. Même une église, il faut s’en occuper. Il ne suffit pas de prélever la
dîme. Il faut mettre un bon prêtre qui connaisse le latin et mène une vie
sainte. Sinon les gens sombrent dans l’impiété, se marient, mettent des enfants
au monde et meurent sans la bénédiction de l’Église ; sans compter qu’ils
trichent sur le montant de leur dîme.
    — Les
obédienciers devraient gérer convenablement leurs biens », dit Philip en
terminant la dernière poire.
    Cuthbert
tira une coupe de vin d’un tonneau. « Ils devraient, mais ils ont d’autres
choses en tête. D’ailleurs, que connaît le maître des novices à
l’agriculture ? Pourquoi l’infirmier serait-il un régisseur
compétent ? Bien sûr, un prieur énergique les contraindra, dans une certaine
mesure, à bien gérer leurs ressources. Mais depuis treize ans que nous avons un
prieur faible, aujourd’hui nous n’avons plus d’argent pour réparer la
cathédrale, nous mangeons du poisson salé six jours par semaine, l’école est
presque vide de novices et personne ne vient à l’hôtellerie. »
    Philip
sirotait son vin dans un silence pensif. Il avait du mal à réfléchir calmement
à une aussi consternante dissipation des bienfaits de Dieu. Il aurait voulu
s’attaquer au responsable pour lui faire entendre raison. Mais, en l’occurrence,
le responsable gisait dans un cercueil derrière l’autel. Sur ce point-là au
moins, il y avait une lueur d’espoir. « Bientôt, dit Philip, nous aurons
un nouveau prieur. Il devrait remettre les choses en ordre. »
    Cuthbert
lui lança un regard bizarre. « Remigius ? Remettre les choses en
ordre ? »
    Philip
s’étonna : « Remigius ne va tout de même pas devenir le nouveau
prieur ?
    — C’est
probable.
    — Mais
il ne vaut pas mieux que le prieur James, s’écria Philip, consterné. Pourquoi
les frères voteraient-ils pour lui ?
    — Oh !
Ils se méfient des étrangers, ils ne voteront pas pour quelqu’un qu’ils ne
connaissent pas. Ce sera donc l’un de nous. Or Remigius est le sous-prieur, le
premier des moines ici.
    — Mais
aucune règle ne dit que

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