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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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attaquants maîtrisaient le
cercle inférieur, il leur faudrait encore passer un autre pont, un autre corps
de garde et puis donner l’assaut à ce robuste donjon. Ils devraient d’une façon
ou d’une autre parvenir jusqu’au dernier étage – peut-être en bâtissant
eux-mêmes leur escalier – et même alors sans doute y aurait-il encore un
combat, selon toute probabilité, pour passer de la salle à la chambre du comte.
La seule façon de prendre ce château, c’était par la ruse, comprit William.
    Il gravit
l’escalier et pénétra dans la grande salle. Elle était pleine de gens, mais le
comte ne se trouvait pas parmi eux. Dans le fond, sur la gauche, l’escalier
menant à sa chambre et quinze ou vingt chevaliers et hommes d’armes assis au
pied des marches, discutant entre eux à voix basse. Spectacle inhabituel :
les chevaliers et les hommes d’armes constituaient des classes sociales
séparées. Les chevaliers étaient des propriétaires qui vivaient de leurs
loyers, alors que les hommes d’armes touchaient des soldes. Les deux groupes ne
fraternisaient que quand l’odeur de la guerre flottait dans l’air.
    William
reconnut certains personnages : Gilbert le Chat, un vieux guerrier au
méchant caractère avec une barbe passée de mode et de longs favoris, quarante
ans passés mais encore un robuste gaillard ; Ralph de Lyme, plus dépensier
pour ses vêtements qu’une jeune mariée, vêtu aujourd’hui d’un manteau bleu
doublé de soie rouge ; Jack Fitz Guillaume, déjà chevalier bien qu’à peine
plus âgé que William ; et quelques autres dont les visages lui parurent
vaguement familiers. Il fit un signe de tête dans leur direction, mais on ne
lui prêta guère attention : quoiqu’on le connût bien, il était trop jeune
pour être important.
    Il se
retourna pour inspecter l’autre partie de la salle et aussitôt vit Aliena.
    Elle avait
un tout autre air aujourd’hui. Hier, elle était vêtue, pour aller à la
cathédrale, de soie, de bonne laine et de lin, avec des bagues, des rubans et
des bottes pointues. Aujourd’hui, elle portait la courte tunique d’une paysanne
ou d’une enfant et elle avait les pieds nus. Assise sur un banc, elle examinait
une table de jeu sur laquelle étaient disposés des pions de différentes
couleurs. Tandis que William l’observait, elle remonta sa tunique pour croiser
les jambes, dévoilant ses genoux, puis elle plissa le nez d’un air soucieux.
Hier, elle lui avait paru redoutablement sophistiquée ; aujourd’hui,
c’était une enfant vulnérable et William la trouva encore plus désirable.
Soudain honteux de s’être laissé infliger tant de détresse par cette gamine, il
brûlait d’envie de lui démontrer sa capacité à la dompter. Elle jouait avec un
garçon de trois ou quatre ans plus jeune qu’elle, à l’air turbulent et à qui,
visiblement, le jeu ne plaisait pas. William distingua entre les deux joueurs
un air de famille. Le garçon en effet ressemblait à Aliena comme William se la
rappelait petite, avec un nez retroussé et les cheveux courts. Ce devait être
son frère cadet, Richard, l’héritier du comté.
    William
s’approcha. Richard lui jeta un coup d’œil, puis reporta son attention sur le
jeu. La table en bois, en forme de croix, se divisait en carrés de différentes
couleurs. Les pions étaient noirs ou blancs : il s’agissait manifestement
d’une variante des marelles, connu également sous le nom de jeu des mérelles.
Mais William s’intéressait davantage à Aliena. Lorsqu’elle se pencha sur la
table, le col de sa tunique s’écarta et il aperçut la naissance de ses seins.
Il se sentit la bouche sèche.
    Richard
déplaça un pion et Aliena dit : « Non, tu ne peux pas faire
ça. »
    Le jeune
garçon s’étonna. « Pourquoi donc ?
    — Parce
que c’est contre la règle, idiot.
    — Je
n’aime pas les règles », dit Richard énervé. Aliena s’emporta. « Tu
dois obéir aux règles !
    — Et
pourquoi ?
    — Tu
obéis, c’est tout !
    — Eh
bien, pas du tout ! » Il renversa la table par terre, faisant voler
les pions.
    Vive comme
l’éclair, Aliena le gifla.
    Richard
poussa un cri, blessé dans son orgueil aussi bien que sur son visage.
« Espèce… » Il hésita. « Espèce de baise-démon »,
cria-t-il. Il tourna les talons et s’enfuit en courant… et se cogna à William.
    Celui-ci
l’empoigna par un bras et le souleva en l’air. « Que le prêtre ne
t’entende

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